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Fin de partie - Page 19

  • THX 1138 de George Lucas (4)

     

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    Quand Lucas réalise son film, la guerre froide sévit toujours. Le monde de THX 1138 se rapproche du socialisme soviétique par son État tout puissant, qui contrôle tout, qui écrase l’individu, au service exclusif de l’ensemble, à la manière des insectes communautaires – fourmis, termites. Mais il obéit aussi aux lois de la consommation, en vigueur dans le système capitaliste et libéral. « Consommez », « produisez » matraquent les hauts parleurs dans tous les couloirs, dans toutes les pièces. À la différence du modèle soviétique et de son culte de la personnalité, de son tout-État, ici c’est un État abstrait, intangible, sans tête pensante, décentralisé. L’économie est tout. Les agents de l’autorité n’ont qu’un rôle à jouer : anéantir l’individualité, fondre l’individu dans le Marché – unique pouvoir politique. Les forces de l’ordre,  bras répressif de l’état et fruits de la technique, sont d’ailleurs des robots. Comme dans 1984, la police de la pensée vous contrôle par télésurveillance. Comme dans 1984, l’amour y est considéré comme dangereux, subversif. Comme Winston, THX est arrêté et torturé – le faire rentrer dans le rang, à tout prix. Sa salle 101 est un espace blanc. Un vide à combler. Mais Winston finira brisé. THX, lui, s’échappera (nous y reviendrons). Dans le roman d’Orwell, le pouvoir a un visage, celui de Big Brother. 1984 autopsie l’État de l’intérieur. Dans THX 1138, Big Brother, c’est le monde. Quant à la programmation physiologique – drogues, pilules régulent les pulsions –, elle évoque évidemment Le Meilleur de Mondes d’Aldous Huxley. Esclaves qui s’ignorent. Prison dorée. Relatif confort, mais abolition de l’idée d’amélioration ou de progrès.  

     

  • TÉNÈBRES de Dario Argento

     

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  • La mémoire du vautour, index

     

     

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  • Martereau

    Terminé il y a quelques jours Martereau de Nathalie Sarraute. Le narrateur, dont le nom n'est jamais dit, est un artiste neurasthénique (« la maladie des riches », selon Martereau), borderline (extrême fragilité narcissique, angoisse permanente du jugement d'autrui, idéalisation d'un ami, puis dépréciation...), voire paranoïaque (le moindre détail concourt à l'édification d'un complot malfaisant), à classer directement aux côtés des grands personnages pathologiques, avec les Nouvelles de Pétersbourg de Gogol, Carnets du sous-sol et Le Double de Dostoïevski, la trilogie romanesque de Beckett, La Méprise, Le Guetteur et La Défense Loujine de Nabokov, Bartleby de Melville, Le Château, La Métamorphose et Le Procès de Kafka, Clémence Picot de Régis Jauffret, et d'autres, sans doute, que j'oublie ou que je n'ai pas encore lus. Le style de Nathalie Sarraute, qui épouse les différents états mentaux du narrateur, est tout simplement prodigieux. À la langue sophistiquée, torturée, à la construction et à la ponctuation déstabilisantes des premières pages, sous les auspices de la paranoïa et de l'instabilité affective :

     

    « Elle a senti quelque chose, c’est certain… elle s’est méfiée… elle m’observe… elle n’a pas cessé de m’épier par en dessous tandis qu’elle avait l’air de gazouiller innocemment, de s’ébrouer avec insouciance, quand je me croyais si bien en sécurité, fermé, gardé de toutes parts – mais on ne peut jamais, malgré toutes les précautions, les efforts, réussir à les tromper – elle s’est aperçue tout à coup, elle a aperçu quelque chose, une vibration, moins qu’un souffle, un mouvement dans le pli de mes lèvres, dans mon regard un vacillement, elle a compris […] » (Gallimard, « Folio », 2001, pp. 14-15)

     

    succède une prose plus classique, à mesure que l'homme sans nom reconstruit, projette sur l'écran de ses fantasmes – la page – un Martereau idéalisé, dénué de toutes les mesquineries, de tous les tropismes d'une bourgeoisie pourrissante dont ses hôtes, l'oncle, la tante, et dans une moindre mesure la cousine, sont frappés :

     

    « Martereau, cela va sans dire, ne s’introduit pas par les portes dérobées. Il n’est pas de ceux que sur leur ordre muet je cours chercher et dépose servilement à leurs pieds. Non, Martereau entre ici en toute dignité, tout honneur, par la grande porte. Pour de bons motifs avouables. Je mentionne sans crainte – ou presque – son nom. Il pourra bien, mon oncle, comme il le fait toujours dès que je prononce un nom, plisser les paupières, faire le sourd… » (op. cit., 105)

     

    Mais tandis que les symptômes de l'état limite refont surface, que Martereau est soupçonné de quelque bassesse et que le narrateur rumine et ressasse toujours les mêmes scènes, les mêmes paroles, les mêmes pensées, le verbe s'emballe, se répète et se déconstruit :

     

    « C’était bien ça – il en était sûr – c’était bien moi qui étais là… c’était pour moi tout ça, pour le petit greluchon, l’enfant gâté, chéri, pourri, de sa tante, de son oncle… envoyé pour l’espionner, pour essayer de "le faire marcher"… et elle, bien sûr, s’empresse, tout sourires, sémillante, rougissante, "ne me regardez pas, j’étais en train de nettoyer, ne regardez pas mes mains, mon tablier"… pensez donc, quel honneur, que ne ferions-nous pas, de petites gens comme nous, de pauvres métayers, quand le fils du châtelain, le jeune seigneur… » (op. cit., 232)

     

    jusqu'à l'ultime revirement, qu'on devine transitoire, apaisement voué à une nouvelle destruction – ici la trahison n’a guère de sens.

     

     

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    Dans le domaine des pathologies mentales toujours, j'évoque dans une interview pour ActuSF les dessous du Jardin schizologique.

     

     

  • Nouvelles apparues dans le miroir

     

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                 VOUS SUR UNE RIVE,            

                          NOUS SUR L'AUTRE,   

              NOUS RESTERONS DES ÉTRANGERS 

     

     

     

     

    Le Jardin schizologique,

    21 octobre 2010.