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SF

  • Philip K. Dick - Simulacres et Illusions

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    Vient de paraître aux éditions ActuSF, sous la direction de Richard Comballot, Philip K. Dick, Simulacres et Illusions, recueil d'articles et d'interviews autour de l'oeuvre du Maître de Fullerton. Rien n'y manque : ni la synthèse biographique, ni les analyses thématiques. L'objet est franchement superbe, les textes tous impeccables. J'ai le plaisir d'y voir figurer, entre un article de Robert Silverberg et une interview de Dick lui-même, mes assez singuliers Fragments sur l'idiot cosmique

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  • THX 1138 de George Lucas (4)

     

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    Quand Lucas réalise son film, la guerre froide sévit toujours. Le monde de THX 1138 se rapproche du socialisme soviétique par son État tout puissant, qui contrôle tout, qui écrase l’individu, au service exclusif de l’ensemble, à la manière des insectes communautaires – fourmis, termites. Mais il obéit aussi aux lois de la consommation, en vigueur dans le système capitaliste et libéral. « Consommez », « produisez » matraquent les hauts parleurs dans tous les couloirs, dans toutes les pièces. À la différence du modèle soviétique et de son culte de la personnalité, de son tout-État, ici c’est un État abstrait, intangible, sans tête pensante, décentralisé. L’économie est tout. Les agents de l’autorité n’ont qu’un rôle à jouer : anéantir l’individualité, fondre l’individu dans le Marché – unique pouvoir politique. Les forces de l’ordre,  bras répressif de l’état et fruits de la technique, sont d’ailleurs des robots. Comme dans 1984, la police de la pensée vous contrôle par télésurveillance. Comme dans 1984, l’amour y est considéré comme dangereux, subversif. Comme Winston, THX est arrêté et torturé – le faire rentrer dans le rang, à tout prix. Sa salle 101 est un espace blanc. Un vide à combler. Mais Winston finira brisé. THX, lui, s’échappera (nous y reviendrons). Dans le roman d’Orwell, le pouvoir a un visage, celui de Big Brother. 1984 autopsie l’État de l’intérieur. Dans THX 1138, Big Brother, c’est le monde. Quant à la programmation physiologique – drogues, pilules régulent les pulsions –, elle évoque évidemment Le Meilleur de Mondes d’Aldous Huxley. Esclaves qui s’ignorent. Prison dorée. Relatif confort, mais abolition de l’idée d’amélioration ou de progrès.  

     

  • THX 1138 de George Lucas (3)

     

    Quelle que fût l'intention de Lucas, THX 1138 témoigne d'une réaction bien réelle à certaines tendances de la société de consommation (dérive sécuritaire, utilitarisme, contrôle démographique, nouvel ordre moral, traitement médicamenteux des perversions...). Et ce rejet d'un monde uniformisé, et aseptisé, d'un monde machinique et sans histoire, trouve sa représentation formelle avec son esthétique dépouillée, qui impose aussi THX comme une alternative au cinéma dominant, avant tout spectaculaire - au cinéma d'effets, et d'effets spéciaux (éléments majeurs de Star Wars). On sait, par ses entretiens, que George Lucas recherchait, à ses débuts, une certaine forme d'abstraction : ainsi naquit THX 1138 : 4 EB (Electronic Labyrinth), son impressionnant court-métrage d'école (cf. ci-dessus), comme on sait, par ailleurs, qu'il ne cesse de retoucher ses films, insatisfait du rendu réaliste des effets spéciaux, mais aussi, sans doute, de leurs qualités artistiques.

     

  • THX 1138 de George Lucas (2)

     

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    George Lucas (1944, Modesto, Californie) est un américain pur jus, celui que montrait en 1973 son film autobiographique American Graffiti : hamburgers, Coca, comics, rock, voitures de sport et cinéma. Si l'on en croit ses collaborateurs, c'est un homme très simple, très discret. Il semble donc exister un « paradoxe Lucas » : entre effacement et star-system, entre le petit homme (1m65) discret, réalisateur en 1967 d'une dystopie expérimentale (le court-métrage THX 1138 4EB, dont le film qui nous intéresse ici est le prolongement commercial) et le maître de l'Empire Star Wars ; entre le dénonciateur des dérives normalistes (THX 1138), et l'homme d'affaire puritain, qui refuse de produire des films subversifs ; entre le jeune homme qui, selon la légende, redistribue les bénéfices de Star Wars à son équipe, et l'obsédé du dollar, qui s'en prit à la gestion, certes déplorable, de Zoetrope par Coppola... Ainsi que le notait très justement Alain Garsault dans Positif, Lucas s'est « projeté dans le héros qui lutte contre l'Empire, et il est lui-même l'Empire. ». La saga Star Wars est l'illustration du conflit intérieur de Lucas, la guerre entre sa Force (ses valeurs morales et puritaines, son aspiration à la quiétude) et son Côté Obscur (sa volonté de puissance). Darth Vader, c'est son double, le chevalier déchu, l'homme qui voulait être roi, l'ange rallié au démon. Darth Vader, alias Anakin Skywalker, n'est-il pas le personnage central de Star Wars ?

  • THX 1138 de George Lucas (1)

     

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    Voici la première d'une série de notes consacrées à THX 1138, remarquable film d'anticipation de George Lucas, plus inspiré des classiques littéraires du genre, de Nous autres à 1984, que d'un cinéma de science-fiction encore immature, qui venait tout juste d'être enfin déniaisé par Stanley Kubrick et son monumental 2001 : A Space Odyssey. L'écart entre THX 1138 et les deux trilogies de Star Wars est une grande énigme. Comment leur créateur, George Lucas, est-il passé de l'abstraction formelle de THX 1138 (et de son court-métrage originel, THX 1138 4EB), de son regard impitoyable sur la société de consommation moderne et sa déshumanisation, à une science-fiction d'entertainment pur, puritaine et zélée, tout en « niaiseries, manichéisme simpliste, pittoresque facile, humour bêbête [...] » (Tavernier et Coursodon in 50 ans de cinéma américain), où les héros massacrent joyeusement des centaines de milliers d'innocents (l'Étoile Noire détruite par Luke Skywalker et Han Solo) sans une petite pensée à leur égard, contrairement au jeune Wiggin, le héros tragique de La Stratégie Ender d'Orson Scott Card ?

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