TABLE
under the volcano
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Malcolm Lowry, Sous le Volcan
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Malcolm Lowry, Sous le Volcan, chapitre 12
¿LE GUSTA ESTE JARDÍN QUE ES SUYO? ¡EVITE QUE SUS HIJOS LO DESTRUYAN!
Le Consul commande un nouveau mescal (autrement dit, annonce sa propre fin, cf. chapitre X) et contemple son reflet – ou son double funeste, entrevu par Yvonne au chapitre précédent – dans un miroir de la grande salle déserte du Farolito, son sanctuaire, « le paradis de sa détresse », tandis qu'un enfant-barman mange des chocolats en formes de crânes, de fourgons funéraires ou de squelettes. Au mur – et plus tard dans la rigole de l'urinoir – : un scorpion mort. « S'il s'était infligé à lui-même une piqûre mortelle ? » se demande-t-il, sans qu'on sache vraiment s'il parle du scorpion ou de son propre comportement suicidaire, trop conscient d'avoir lui-même et lui seul anéanti ses dernières chances de renaissance aux côtés d'Yvonne – dont Diosdado l'Éléphant, le tenancier, lui redonne les lettres oubliées, bien borracho, un jour qu'il évoquait une histoire de maison en flammes (identification de Lowry au Consul, et secrète allusion à l'esprit d'Yvonne en proie au feu au chapitre précédent). Ainsi s'imagine-t-il, prémonitoire, tomber vers l'abîme de la barranca (que surplombe le Farolito à la verticale, et qu'il compare au Tartare où siégeait Hadès) jusqu'à finir brisé, comme La Despedida, photographie d'un roc fendu contemplée au chapitre II...
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Malcolm Lowry, Sous le Volcan, chapitre 11
XI
« Soleil couchant » : en français comme en anglais (« Sunrise »), les premiers mots du onzième chapitre sont aussi le titre du chapitre XXXVII de Moby Dick, une rêverie d'Achab – le Consul du Pequod – qui trouve un écho inattendu en pleine tragédie, dans la vallée du Popo...
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Malcolm Lowry, Sous le Volcan, chapitre 10
X
« "Mescal", prononça presque distraitement le Consul. » Génie inaugural du premier mot, le mescal – cette boisson dont Geoffrey lui-même annonçait plus tôt à Laruelle que s'il se remettait à boire, la fin ne serait pas loin (en version originale : « I'm afraid, yes, that would be the end »). (Il semble que l'ajout dans les bouteille de mescal d'une larve de chilocuil ne date que des années quarante. Or, selon Lowry, le chapitre ne fut achevé qu'après l'incendie de sa maison, en 1944. J'ignore donc s'il avait connaissance de cette pratique naissante, mais je ne peux m'empêcher d'attribuer au mescal, boisson habitée par le serpent, quelque propriété occulte).
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Malcolm Lowry, Sous le Volcan, chapitre 9
Miquel Barceló, La cuadrilla, 1990
IX
And I will show you something different from either
Your shadow at morning striding behind you
Or your shadow at evening rising to meet you;
I will show you fear in a handful of dust
T. S. Eliot, The Waste Land
Et je te montrerai quelque chose qui n'est
Ni ton ombre au matin marchant derrière toi
Ni ton ombre le soir surgie à ta rencontre;
Je te montrerai ton effroi dans une poignée de poussière.
(Terre Vaine, trad. Pierre Leyris)
« Sus à l'arène sanglante » avait dit le Consul, faisant pleurer Yvonne, hantée par l'image d'un chien mourant « dont les ruisseaux de sang striaient le trottoir désert ». Dans les gradins bigarrés où seuls s'excitent les borrachos, elle croit voir, à travers le miroir, obscurément, la vieille aux dominos de Tarasco – mauvais présage –, ou encore son propre père : s'arrachant au spectacle pathétique des monteurs de taureau, Yvonne s'abîme dans ses souvenirs d'enfance – ses ambitions d'actrice (Yvonne Constable la « Boomp Girl »,) qui d'étoile en devenir (Yvonne la Terrible – ni tsar ni star) finit par étudier l'astronomie sous la coupe de son oncle à Honolulu avant d'épouser un millionnaire puis de tenter à nouveau sa chance à Hollywood, où elle rencontre Jacques Laruelle, le réalisateur du Destin d'Yvonne Griffaton (allusion au Griffon sans doute, puissant symbole de résurrection). À peine tirée de sa rêverie, elle replonge illico dans le fantasme d'une vie édénique avec… Hugh ? non, le Consul plutôt : une maison en pin, en bord de mer, théâtre de leur amour cosmique… Les rêves d'évasion d'Yvonne sont moins pathétiques que profondément émouvants – parce qu'au bout du chemin, elle le sait, sa lumière sera ternie par silhouette incertaine d'une « femme hystérique tressautant comme une marionnette et cognant des poings contre le sol »… Et quand Hugh, velléitaire, se jette dans l'arène et dompte un taureau apathique, Geoffrey et Yvonne, probablement mus par quelque funeste pressentiment, sont comme des « prisonniers limités par le temps qui se dépêchent de bavarder et de s'accorder dans la confusion », se hâtant de préparer leur résurrection… Ce n'est hélas, comme la vision d'Yvonne, qu'un funeste mirage, la « réverbération du soleil sur des milliers de bouteilles cassées »...