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Fin de partie - Page 24

  • La Déchronique du Déchronologue. L’index

     

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    Voici, chers amis, l'index tant attendu de ma « déchronique » du Déchronologue, le beau roman de Stéphane Beauverger aux éditions la Volte.J'en profite pour signaler à votre attention la récente parution, chez le même éditeur, de L'Homme qui s'arrêta recueil de nouvelles de Philippe Curval dans sa meilleure veine, celle des angoisses existentielles, où la littérature et la folie s'investissent mutuellement.

     

    Fragment Zéro

    Fragment I

    Fragment XVI

    Fragment XVII

    Fragment VI

    Fragment II

    Fragment VII

    Fragment XXII

    Fragment XI

    Fragment XIX

    Fragment XX

    Fragment IX

    Fragment XXIII

    Fragment III

    Fragment X

    Fragment IV

    Fragment VIII

    Fragment XII

    Fragment XV

    Fragment XXI

    Fragment V

    Fragment XIII

    Fragment XXIV

    Fragment XIV

    Fragment XVIII

    Fragment XXV

    Fragment final

     

     

    Coulez mes larmes, dit le capitaine : bande originale du livre.

     

  • La Déchronique du Déchronologue. Fragment final

     

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    Chronos.

    Nomos.

    Eikon.

     

    (Image de la loi du Temps)

     

    Le Déchronologue est un Déchronomicon.

     

     

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  • La Déchronique du Déchronologue. Fragment XXV

     

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    René Magritte, Le château des Pyrénées

     

     

    Villon n'a jamais cru au Nouveau Monde, ni ne l'a souhaité. Il l'a seulement désiré. Un désir c'est une machine, quelque chose qui échappe à la volonté. Et quand un désir n'est pas réalisé, à plus forte raison quand il est irréalisable, nous l'exprimons toujours d'une manière ou d'une autre. Villon et ses machines auront tout tenté, jusqu'à l'apocalypse, pour s'ouvrir une vie nouvelle. Mais l'apocalypse elle-même échoue. Alors, il ne lui reste, en définitive, que ses carnets, son texte, comme ultime expression de ce désir.

    Villon essaie de justifier le « désordre » de ses cahiers : « ma mémoire n'est plus ce qu'elle était, ni le temps ce qu'il paraît. "Fugit irreparabile tempus", écrivit le poète Virgile... Comme il avait tort ! Je sais, moi, que les voiles du temps se sont déchirées, pour porter jusqu'à mon siècle des choses qui n'auraient pas dû s'y échouer. » (15) Nous voyons ici, pour notre part, l'aveu d'une tentative désespérée de fuir ses fantômes, de briser l'inéluctabilité du Temps pour échapper à l'emprise d'un passé envahissant. Ce que veut Villon, c'est basculer dans un rapport psychotique au Temps ; ne percevoir les fragments de Temps que comme des entités autonomes, irreliées, flottantes, permutables (Corps sans Organes).

    Si le Temps réel (le Temps vécu, le Temps de Veen) « est en rapport avec l'intervalle qui sépare les événements et non dans leur déroulement, leur combinaison ou l'ombre qu'ils projettent sur la fissure où transpire la pure, l'impénétrable texture du temps » (V. Nabokov, Ada ou l'ardeur, trad. De l'anglais par Gilles Chahine avec la collab. De Jean-Bernard Blandenier, Gallimard, Folio, 2003, p. 441), alors Villon se trompe : le Temps chronologique seul est déchiré. Pas le Temps vécu.

    Alors, il n'y a plus que la mort  annoncée par Samuel le Baptiste (Jean le Baptiste, le prophète, annonce la venue du Christ, et Samuel, autre prophète, prédit la mort de Saul, Samuel 28:3).

     

     

  • La Déchronique du Déchronologue. Fragment XVIII

     

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    Giuseppe Arcimboldo, L'eau, 1566

     

    La figure la plus marquante du Déchronologue, est sans doute celle de la fusion de la matière, au cours des tempêtes et batailles temporelles - métamorphoses qui font évidemment écho à celles d'Ovide. Les éléments touchés fusionnent avec leurs doubles dans le temps et dans un même espace, ainsi qu'avec les autres éléments présents. Images splendides, cauchemardesques.

     

    « Dans cette poche éphémère de causes et de conséquences inextricablement mêlées, des marins déjà morts assistèrent à leur anéantissement avant le tir du boulet coupable. Des esclaves enchaînés à leur banc de nage fusionnèrent avec le métal de leurs entraves et les fibres aiguës de leurs rames. Des guerriers intrépides, qui avaient pris Halicarnasse et la Phénicie, sentirent leur chair se mêler à celle de leurs compagnons d'arme tout aussi pétrifiés. » (59-60)

    « Dans le ventre du Chronos blessé à mort, la fonte déchirée des canons se mêla à la chair des servants. » (202)

    « À deux reprises, j'aperçus ce qui me sembla être un tronc qu'on aurait mélangé avec le corps d'une bête » (322) .

    « Je ne supportais plus les postures tant humaines des derniers troncs dressés, fragments implorant le retour de leur gloire perdue. Mon esprit vacillait au souvenir des formes fusionnées que j'avais aperçues au cœur de la tourmente, chair et fibres amalgamées jusqu'à la pulpe. Je pensais à la métamorphose de la Daphné d'Ovide, ne pouvait voir dans ces dépouilles que l'ultime supplique d'une âme à l'agonie. » (329-330)

     

    Dans les cieux du Yucatan dévasté, les étoiles, le soleil, se dédoublent. Nous reviennent alors à l'esprit ces mots de Nerval :

     

    « Arrivé sur la place de la Concorde, ma pensée était de me détruire. À plusieurs reprises, je me dirigeai vers la Seine, mais quelque chose m'empêchait d'accomplir mon dessein. Les étoiles brillaient dans le firmament. Tout à coup il me sembla qu'elles venaient de s'éteindre à la fois comme les bougies que j'avais vues à l'église. Je crus que les temps étaient accomplis, et que nous touchions à la fin du monde annoncée dans l'Apocalypse de saint Jean. Je croyais voir un soleil noir dans le ciel désert et un globe rouge de sang au-dessus des Tuileries. Je me dis : " La nuit éternelle commence, et elle va être terrible. Que va-t-il arriver quand les hommes s'apercevront qu'il n'y a plus de soleil ? " Je revins par la rue Saint-Honoré, et je plaignais les paysans attardés que je rencontrais. Arrivé vers le Louvre, je marchai jusqu'à la place, et, là, un spectacle étrange m'attendait. À travers des nuages rapidement chassés par le vent, je vis plusieurs lunes qui passaient avec une grande rapidité. Je pensai que la terre était sortie de son orbite et qu'elle errait dans le firmament comme un vaisseau démâté, se rapprochant ou s'éloignant des étoiles qui grandissaient ou diminuaient tour à tour. »

    (Gérard de Nerval, Aurélia)

     

  • W.O.M.B. (wilderness of mirrors broken)

     

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    Dans quelques jours paraîtra aux éditions ActuSF (collection Les Trois Souhaits) un drôle de recueil intitulé W.O.M.B. et composé de deux nouvelles signées Thomas Becker et Sébastien Wojewodka, précédées d'une préface par Joseph Kalaazar, « professeur émérite à l'Université de Chose » échappé (Dieu sait comment) d'une fiction.

     

    Enfermé dans l'espace-temps autistique d'une singulière prison, le protagoniste de « Channel Chain Schizoid » par Thomas Becker ignore vers quels desseins le mène son existence asilaire. Pas un commode miroir pour lui conférer une identité, pas plus de données incontestables sur son nom semble-t-il perdu. Rien. Seule Avatar, une intelligence artificielle omnisciente, lui ouvre une fenêtre sur un hypothétique ailleurs. Mais il n'y a pas de réalité pour l'homme seul, qui n'a d'autre certitude que celle de n'en avoir aucune. Jusqu'à quelles extrémités peut-elle contraindre le premier ou le dernier des hommes ?

     

    La deuxième partie du recueil, « Untitled ou l'Intercession » par Sébastien Wojewodka, nous mène sur les sentiers labyrinthiques d'un jeu de miroirs sans apparente finalité. Á la croisée de Feu pâle par Nabokov et d'études universitaires sur la schizophrénie, la littérature et son commentaire finissent par s'égaler dans une perspective infinie. Á partir de la prose d'un psychotique suicidé, les textes fleurissent sous les auspices d'une question terminale : « Qui sera le Maître ? »

     

    Le nom de Sébastien Wojewodka vous est peut-être déjà connu : nous lui devons ici-même quelques fines analyses des films de David Cronenberg. Quant à Thomas Becker (dont le préfacier Joseph Kalaazar, émanation des songes de Sébastien, dresse un portrait aussi émouvant qu'inquiétant), il ne s'agit, vous l'aurez compris, que du double de votre humble serviteur.

     

    Vous pouvez d'ores et déjà commander W.O.M.B. sur le site des éditions ActuSF (toutes les informations ici). Vous pouvez aussi, si le cœur vous en dit, venir nous rencontrer vendredi soir au bar 138 (138 rue du Faubourg Saint-Antoine, 75012 Paris) et discuter avec nous et avec d'autres autour d'une bière amicale (voire, si la chose vous intéresse, repartir avec un exemplaire de la chose).

     

    Nous en reparlerons probablement d'ici peu.

     

    Éditions ActuSF, collection Les Trois Souhaits
    ISBN : 9782917689141
    Couverture : Patrick Imbert 
    Date de Parution : juin 2009
    Nb Pages : 92

    Prix de vente : 7 euros.