Maître Yoda. Rien à voir avec notre article.
On l’a dit, THX et la trilogie sont très différents, presque antithétiques. Seuls quelques détails préfiguraient ce qu’allait être Star Wars. Tout d’abord les agents-robots, qui rappellent beaucoup, rétrospectivement, les soldats de l’empereur (masques, uniformes) sans personnalité propre mais entièrement dévoués à l’autorité (l’Empereur dans Star Wars, la collectivité dans THX). Ensuite la dernière partie du film (la poursuite de THX par les agents-robots vers la sortie), plus spectaculaire et linéaire, annonce les combats spatiaux et autres poursuites interstellaires de la trilogie. Enfin, symboliquement, George Lucas oppose dans ses deux oeuvres le bien et le mal – basculer du côté lumineux ou obscur de la Force, s'émanciper d'une organisation sociale autoritaire. Dans Star Wars, bien et mal sont absolus, incarnés (Darth Vader, Luke Skywalker). Dans THX, bien et mal sont diffus, abstraits (l'amour, la coercition...). Deux excès : aventure binaire d'un côté, message trop appuyé de l'autre. Dans THX personne n'est bon ou mauvais, il n'y a qu'agents de l'autorité, et cheptel humain – l'individu, y est écrasé, et ne peut rien changer. Le coup d'éclat de THX lui fait quitter son monde concentrationnaire, mais rien n'indique qu'il puisse y retourner le subvertir – et encore, est-il permis d'envisager une mort rapide dans une atmosphère contaminée. Nulle autre Étoile Noire, ici, que l'organisation sociale. Le mal n'a pas de visage.