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  • La Déchronique du Déchronologue. Fragment Zéro

     

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    Wassily Kandinsky, Improvisation 31 (Sea Battle)
    1913, National Gallery of Art, Washington D.C.
    Ailsa Mellon Bruce Fund

     

     

     « La direction du Temps, la flèche du Temps, le Temps à sens unique, voilà quelque chose qui me paraît utile un instant, mais se réduit bien vite à une illusion liée par des liens obscurs aux mystères de la croissance et de la gravitation. L'irréversibilité du Temps (qui ne mène nulle part, disons-le tout de suite) est une affaire de clocher : si nos organes et nos orgitrons n'avaient pas été symétriques, nous aurions pu avoir une vision du Temps amphithéâtrale et parfaitement grandiose, comme ces montagnes aux contours hachés dans la nuit tout en loques entourant un hameau clignotant et satisfait. »

    Vladimir Nabokov, Ada ou l'ardeur

     

     

    Ce n'est pas le Temps en tant que Temps vrai, en tant que Temps mien, Temps immobile, qu'aurait dû briser le capitaine Villon, mais le Temps-fleuve, le Temps peintre de nos « paysages chronographiques », Temps accusateur qui lie entre eux les fragments du souvenir et leur confère l'illusoire apparence du mouvement et de la cohérence. Se fondre dans le Corps sans Organes, s'abandonner en synthèses disjonctives inclusives, était au-dessus de ses forces : il ne réussit qu'à soumettre son monde à sa folie permutative. Lui-même, l'homme-épicentre, l'homme-nexus coupable de tout devant tous, était condamné à la croix. Alors, pour conjurer sa malédiction, Villon a mis ses carnets sens dessus dessous. Il nous faut lui rendre hommage, chers lecteurs. Suivons-le sur la voie du Temps schizoïde.

     

     

  • D’un neuneu, d’un charlatan, d’un coulis de bêtise et d’un couillon

     

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    Aujourd'hui, samedi 23 mai 2009, le Transhumain décerne la Palme d'Or des Pires Chroniqueurs du Festival de Cannes à Vincent Malausa, Jean-Philippe Tessé, Jérôme Momcilovic et Julien Abadie pour leur journal du Festival sur chronicart.com. Nous admirons en particulier leur surnaturelle capacité à sanctifier ou à conchier œuvres et cinéastes, avant même, parfois, d'avoir assisté aux projections, ainsi que leur manque total de discernement, qui leur fait afficher, par exemple, un invraisemblable mépris pour Lars von Trier ou Gaspar Noé, deux cinéastes auxquels je dois pour ma part un profond respect, après mes grandes expériences de spectateur (Europa, Breaking the Waves, Dogville, Seul contre tous, Irréversible...).

    Selon le comte Tessé, manifestement vexé d'avoir été refoulé de la projection d'Antichrist,  Lars von Trier serait un « charlatan » scatalogue, et Malausa (qui n'est certes jamais avare en formules idiotes) a décidé de se payer la tête du réalisateur de Soudain le vide la veille de sa projection : « [...], en attendant que Gaspard Neuneu vienne mettre un peu de sel dans la sélection moribonde à coups de caméra tourbillonnante, de sons assourdissants, de formules philosophiques choc ("soudain le vide", gros programme quand même) ou d'effets gros patapouf et sublimes (ou pas). Réponse demain matin. » puis une heure avant la séance : « mais le brontosaurique et tant attendu Soudain le vide du gros Nono débute dans moins d'une heure. On y revient vite. » Ces films sont peut-être mauvais. Nous le saurons après leur sortie officielle. Mais la vulgarité dont fait preuve l'équipe de Chronic'art est plus que douteuse. Momcilovic, qui lui aussi ignore que Gaspar ne s'écrit pas Gaspard, s'est dit effrayé par « cet effroyable coulis de bêtise ». Mais lisez la suite : « Pourtant, il faut bien le dire, j'étais curieux, allez savoir pourquoi. Curiosité par exemple, de voir ce qui pouvait faire suite à Irréversible, espoir mince, faut-il être naïf, de voir germer peut-être un soupçon de maturité sur ce cinéma dont ce n'est pas exactement la vertu principale. Las. Soudain le vide (titre impitoyablement comique) est formel : il s'agit ici d'une acné incurable. Le film prolonge l'horizon Googlemaps de la mise en scène de Noé, cette espèce de tangage de la caméra, moucheron ivre au-dessus du récit, qui tient lieu de mise en scène et en est la négation absolue. [...] » Enfin Julien Abadie s'en serait voulu de ne point enfoncer le clou, aussi y va-t-il de ses « audaces couillonnes », de ses effets « terroristes », et de sa « bêtise » (décidément). Immaturité ? Bêtise ? Incompétence ?... Mais oui !

    Je ne puis évidemment me prononcer sur Antichrist ou Enter the Void, mais l'on ne me convaincra pas avec ces miteux effets de manche que l'homme à qui l'on doit Seul contre tous et Irréversible n'a livré qu'un infâme salmigondis. Et il faudrait que je vous parle un jour d'Irréversible, dont les « tangages » visuels relèvent bel et bien de la mise en scène, et des plus intelligentes qui soient. Abrutis par leurs réflexes de journalistes - et peut-être par certains abus cannois -, nos Télétubbies de la critique n'y ont sans doute vu que du feu.

     

     

  • Coulez mes larmes, dit le capitaine

     

     

     

    Ma déchronique du Déchronologue, le nouveau roman de Stéphane Beauverger, n'étant encore qu'une chronique, en cours de déconstruction donc, je vous propose de vous faire écouter l'intégralité des chansons citées en épigraphe en tête de chaque chapitre. Prévoir un bon stock de tafia.

     

     

    « The Irish Rover » (épigraphe du roman), ambiance « on est tous pleins comme des outres »

    « La complainte du partisan » (chapitre I, p. 17), ambiance « armée des ombres »

    Waterboys, « Strange Boat » (chapitre XVI, p. 45), ambiance « écossais mélancoliques »

    « Lady Franklin's Lament » (chapitre XVII, p. 59), ambiance « fond de cale »

    « The Gallant poachers » (chapitre VI, p. 67), ambiance « taverne anglaise »

    « The Moonshiner » (chapitre II, p. 83), ambiance « Monty Python's Lumber Jack Song »

    The Coral, « The Spanish main » (chapitre VII, p. 99), ambiance « à l'abordage »

    New Model Army, « Vengeance » (chapitre XXII, p. 113), ambiance « dirty bastards »

    John Dowland, « Flow my Tears » (chapitre XI, p. 121), ambiance « on ferme les yeux et on pleure »

    Bonnie Prince Billy, « Death to everyone » (chapitre XIX, p. 139), ambiance « dans la boue du Bayou »

    Peadar Kearney, « The Foggy Dew » (chapitre XX, p. 157), ambiance « j'ai l'feu au kilt »

    « Le forban » (chapitre IX, p. 169), ambiance « matelot imbibé »

    « Jock Stewart » (chapitre XXIII, p. 191), ambiance « quatre heures du mat' au Rat-qui-Pette »

    Belly, « Full moon, empty heart » (chapitre III, p. 201), ambiance « minauderie »

    Bertold Brecht, « Seeräuber Jenny » (chapitre X, p. 213), ambiance « Lady Pirate en cabaret berlinois »

    Johnny Cash, « Folsom Prison Blues » (chapitre IV, p. 233), ambiance « j'ai buté un mec à Reno juste pour le voir crever »

    Patrick Pearse, « Oró, 'Sé do Beatha 'Bhaile » (chapitre VIII, p. 247), ambiance « bataille de Culloden »

    Sigur Ros, « Viðrar vel til loftárása » (chapitre XII, p. 263), ambiance « un temps idéal pour une bataille navale »

    Leonard Cohen, « Suzanne » (chapitre XV, p. 281), ambiance « Jésus à tribord »

    Grant Lee Buffalo, « Fuzzy » (chapitre XXI, p. 293), ambiance « tout est confus dans ma tête »

    Daniel Melingo, « Pequeño paria » (chapitre V, p. 307), ambiance « gaucho éraillé »

    Bel Canto, « Dewy Fields » (chapitre XIII, p. 317), ambiance « je flotte comme une burbuja dans l'éther »

    Angelo Branduardi, « Ballo in fa diesis minore » (chapitre XIV, p. 327), ambiance « rodomontades dans un pub napolitain »

    Alela Diane, « The Pirate's Gospel » (chapitre XXIV, p. 341), ambiance « yo ho yo ho, pirates et champs de coton »

    « Peggy Gordon » (chapitre XVIII, p. 349), ambiance « Celtes avinés »

    Killing Joke, « Mathematics of chaos » (chapitre XXV, p. 379), ambiance « apocalypse »

    Tom Waits, « No one knows I'm gone » (épilogue, p. 387), ambiance « générique de fin »