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Entretien avec Stéphane Beauverger, première partie

 

 

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Stéphane Beauverger est l’auteur aux éditions la Volte d’une trilogie – composée de Chromozone, des Noctivores et de La Cité nymphale – qui tente, souvent avec succès, de renouer avec l’ambitieuse anticipation d’un John Brunner ou d’un Norman Spinrad. Ni littérateur de génie comme Alain Damasio, ni « conteur » à plein temps comme Pierre Bordage, Beauverger s’ouvre cependant une voie unique, peuplée de grands films et romans américains, de jeux vidéo, et de ses propres fantômes – une voie résolument actuelle, une voix de notre temps, malgré l’héritage d’une certaine anticipation post-apocalyptique. Narration polyphonique, monologues intérieurs d’entités collectives, chapitres conçus comme des scénarii, dialogues tirés d’un générateur aléatoire de discours de cadre : Beauverger n’hésite pas à multiplier les points de vue et les solutions formelles, d’abord pour dynamiser un récit dont la lenteur, certes entrecoupée de fulgurants accès de violence, aurait pu sans cela susciter l’ennui, ensuite, et surtout, pour proposer au lecteur une vision fragmentaire, mais plus étendue, de son univers. Comme si chaque énonciateur, n’était qu’un membre des Noctivores… Ces trois romans, tour à tour survoltés ou apaisés, humanistes ou misanthropes, enfiévrés ou paresseux, témoignent aussi d’un talent sûr pour l’action, que les lecteurs d’Ellroy ou des premiers Dantec apprécieront à sa juste valeur.

Entre un mojito et une pinte de Leffe, notre auteur a accepté de m’accorder un entretien pour Fin de partie : qu’il en soit encore remercié. Du 21 au 27 mars, nous avons donc joué au ping-pong, par courrier électronique. Aussi relâché en soit le ton, ce dialogue devrait vous convaincre, si ce n’était déjà fait, de la belle singularité d’un écrivain dont la réputation n’a, hélas, guère franchi les frontières du petit monde de la science-fiction.

J’apprends à l’instant que La Cité nymphale figure dans la liste des finalistes, dans la catégorie « romans », pour le prix Rosny aîné, en compagnie, entre autres, de Minuscules flocons de neige depuis dix minutes de David Calvo (lire aussi le bel article de Bruno Gaultier sur Systar)… Mon vote n’aura donc pas été vain ! Les autres finalistes sont Jean-Pierre Andrevon pour Le Monde enfin, Corinne Guitteaud & Isabelle Wenta pour Paradis perdu, Jean-Marc Ligny pour Aqua TM et Laurent Queyssi pour Neurotwistin.

Place, à présent, à la première partie de notre entretien.

 

 

Olivier Noël : Stéphane, ta trilogie du Chromozone met en scène une France dévastée, explosée en territoires communautaires où survivre constitue le seul horizon – jusqu’à l’apparition d’un petit messie, et du règne post-humain des Noctivores. D’où vient cette vision assez cauchemardesque du monde occidental ?...

 

Stéphane Beauverger : Si j’étais dans un mauvais jour, je pourrais prendre ma voix du pasteur King et bredouiller « I had a dream… », ou bien dégainer mon « on est toujours puni par là où on a péché », et question punition, l’Occident commence à allonger un joli passif qui lui pend au nez. Mais, ce serait faire des effets de manches un peu usés. Non, en fait, comme j’avais envie de travailler et d’écrire sur les mécanismes de survie, individuelle ou grégaire, il me fallait d’abord dégager un univers propice à cet exercice. Avec l’invention du virus Chromozone, qui pousse les individus infectés à une violence primale, j’avais mon levier. Par ailleurs, le fait que ce virus parvienne à contaminer l’espèce humaine à cause de misérables petits profiteurs, toujours prêts à économiser un peu sur le coût de revient d’une technologie inventée justement pour rendre ses ailes à une société en voie d’effondrement, n’est pas pour me déplaire.

 

ON : Tel virus avait déjà été « rêvé » par des cinéastes, comme David Cronenberg (Shivers, sous une forme parasitaire, Rabid, avec des symptômes sexuels), George Romero (The Crazies, et sa tétralogie des morts-vivants) ou Danny Boyle (28 jours plus tard), mais aussi par d’autres écrivains, comme Richard Matheson (Je suis une légende) ou Murakami Ryû dans Les bébés de la consigne automatique. Tous expriment une certaine désespérance ; chacune des œuvres citées – dans lesquelles l’origine du mal est technologique, donc humaine – s’achève en effet par la contamination générale, ou son inéluctabilité, contre laquelle se battent, en vain, les derniers hommes. Sans trop en dire, on peut révéler que la fin de La Cité nymphale, qui clôt ta trilogie, n’est pas aussi radicale, sans forcément être plus rassurante : au Chromozone succède une nouvelle forme de déshumanisation, les Noctivores, dont la domination paraît, à son tour, inexorable (et que les irréductibles n’acceptent pas). Mais les Noctivores, que tu décris comme une intelligence collective « éthiquement viable », sont par-delà le bien et le mal. Nietzschéen, Beauverger ?...

 

SB : Holà, ça, ce serait éventuellement à toi de le dire. Et puis, je ne m’habille que sur mesure, j’aime pas les costumes trop larges. C’est vrai qu’il y a une tendance marquée, dans les histoires de contamination globale, à tendre vers l’annihilation, l’éradication de l’humanité, ou sa mutation vers autre chose d‘inéluctable et de définitif. C’est peut-être ce qui est le plus fascinant dans le phénomène des épidémies, au-delà de sa portée morbide : nul ne sera épargné. Stephen King avait proposé une variation amusante sur ce thème dans Le Fléau. Mais j’aurais un petit faible pour celle d’Edgar Wright dans son film  Shaun of the Dead : au terme d’une classique épopée survivaliste dans un quartier londonien infesté de zombies, tout redevient normal dans les dernières minutes du film, et le héros reprend ses parties de Playstation avec son pote, zombifié certes, mais encore capable d’appuyer sur des boutons de manette de jeu. Rien ne se perd, rien ne se crée, rien ne se transforme. Pied de nez ou signe des temps ? Dans ma trilogie du Chromozone, plusieurs groupes ou entités ont un projet pour sauver ce qui peut l’être de l’humanité en déroute. Vers la fin, les Noctivores semblent prendre le dessus. Leur conscience collective – que je préfère appeler leur « inconscient collectif », d’ailleurs, dans la mesure où leur Synthèse est plus basée sur une mise en commun des émotions et des ressentis que sur un interfaçage logique des intelligences – leur donne un avantage évident face aux réfractaires. Du haut de leur inconscient collectif, donc, ils affirment en toute modestie être le futur inéluctable, la réponse en même temps que la solution aux égarements de l’espère humaine imbécile. Il serait prudent de croire que si la somme de leurs cervelles est arrivée à cette conclusion, leur postulat est fondé. D’un autre côté, plus c’est grand, plus ça tombe de haut.

 

ON : Le finale de Shaun of the Dead, film assez drôle, est tout de même cynique… Au moins ne fais-tu pas l’amalgame entre les êtres humains et les Noctivores, ces « plus qu’humains ». À dire vrai, ces derniers ne sauraient incarner le Surhomme nietzschéen, qui n’est jamais que l’homme qui se dépasse sans cesse – l’individu souverain. Ils en sont même l’antithèse. Ça me rappelle la polémique qu’avait suscité l’essai de Jean-Michel Truong, Totalement inhumaine. L’idée d’une intelligence non humaine, d’une conscience (ou d’une inconscience comme tes Noctivores) dont l’individualité serait exclue, est certes difficilement acceptable. Elle suppose en effet l’humanité indigne de survivre, comme tu le fais toi-même, et la condamne à une salutaire disparition. Mais une solution a-t-elle encore un sens, si l’homme, cet individu social, ne fait plus partie des plans ?...

 

medium_Chapitre03.jpgSB : Effectivement, la Synthèse peut être difficilement acceptable, du moins de notre point de vue d’entités individualistes. Mais dans le dernier volet de la trilogie, La Cité nymphale, elle n’est vécue comme une contrainte que par deux types d’individus : ceux qui sont, par conviction, par peur ou par calcul, opposés aux Noctivores, c’est à dire ceux qui s’y opposent avant d’y avoir goûté, et ceux, minoritaires mais statistiquement représentatifs, qui sont rejetés par la Synthèse après en avoir fait partie. Pour les premiers, il s’agit d’un choix, ou d’un embryon de choix, satisfaisant. Pour les autres, c’est généralement une souffrance. L’éjection est vécue comme un manque, car la Synthèse diffuse envers tous ses membres la plus puissante des drogues : la sensation d’être compris et accepté, en même temps que la sensation de comprendre et d’accepter. C’est à dire la fin de la peur, l’éradication du plus petit dénominateur commun de notre espèce, la source de toutes les violences et le levier de toutes les exploitations : la peur. Les Noctivores n’ont plus peur. Même pas de ce qui est différent d’eux. Cette sérénité partagée, cette globalité de compréhension vécue individuellement et collectivement par les Noctivores, font de la Synthèse une solution acceptable. C’est en cela que je la qualifie d’« éthiquement viable ». Je ne considère d’ailleurs pas que l’homme ne fasse plus partie des plans. Il semblerait bien, vers la fin du troisième roman, quand les Noctivores affirment avoir tué le père et réglé leur Œdipe, qu’ils soient capables d’humour. Et le rire est le propre de l’homme, n’est-ce pas ?

 

ON : Tu oublies les hyènes… Plus sérieusement, les Noctivores ont en effet « tué le père ». Le problème, c’est qu’ils l’ont vraiment tué. Pour une entité qui se prétend « éthique », c’est un peu gênant, non ?

 

SB : Tu veux dire que ce n’est pas très moral de tuer son prochain ? Hé, hé, hé… Ca dépend lequel. En l’occurrence, Peter Lerner – puisque c’est de lui qu’il s’agit – n’a finalement fait que retourner son arme contre lui-même. Ce tueur qu’il a dressé pour atteindre une certaine cible a échoué par opposition larvée, inconsciente, de la Synthèse aux desseins de son créateur. En définitive, Peter aura juste le temps de voir le sacrifice consenti de Justine, avant de payer pour ses manœuvres. D’accord, le geste de son exécuteur tient plus de la vengeance que de la justice, mais l’essentiel est ailleurs : finalement, presque malgré eux, les Noctivores ont refusé de respecter la volonté dominatrice et agressive de Peter. Leur inconscient collectif avait statué que c’est mal et œuvrait en opposition aux objectifs officiels. Dans l’esprit du personnage du tueur, ça se traduit par cette seconde partition qu’il perçoit en filigrane sous le vacarme des injonctions principales dont son cortex est gavé. Finalement, les Noctivores ont tué le père en ce sens qu’ils ont transgressé ses ordres et affirmé leur indépendance. C’est pour eux l’instant de leur épiphanie, ils prennent conscience qu’ils sont capables de faire des diagnostics moraux et de prendre les décisions qui s’imposent. C’est une révélation qui n’a pas fini de les secouer, bien après la fin du troisième tome.

 

ON : As-tu envisagé d’écrire cette suite ?

 

SB : Oui, j’ai une planification à long terme ainsi listée : Les Enfants du Chromozone, puis L’Empereur-Dieu de la Synthèse , et enfin Les Noctivores à la plage. Blague à part, je n’envisage pas d’écrire de suite, en tout cas, ce n’est pas dans mes objectifs. Je ne dis pas que l’envie ne me prendra pas, dans quelques années, mais pour le moment ça ne m’intéresse pas. La trilogie était conçue depuis le départ en trois volets séparés chacun par huit années, j’ai mené le destin de mes personnages jusqu’à la conclusion que je visais, qu’ils se reposent, maintenant.

 

Deuxième partie.

Troisième partie.

 

Illustration (tirée de Chromozone) et photographie © Corinne Billon

 

Commentaires

  • Très intéressant cet entretien. Ainsi Beauverger suivait un plan.

  • I beg you pardon, Sir ?...

  • Il le dit à la fin de cet entretien : "jusqu'à la conclusion que je visais" il savait donc en commençant comment il finirait. A quand le résultat du prix ?

  • Le prix Rosny sera décerné, je crois, fin avril, au cours de la convention francophone de SF à Montréal. Je suis assez surpris, en fait, par la présence parmi les finalistes de Stéphane Beauverger, dont La Cité nymphale n'a eu que peu d'échos dans la presse et sur le web. Les sites et revues spécialisés en ont parlé, avec des avis plutôt favorables mais tout de même mitigés, mais les forumeurs n'avaient pas tous l'air enthousiastes, et très rares sont les blogs à en avoir rendu compte. D'ailleurs, c'est simple, si je ne m'abuse, mon blog est le premier résultat sur une recherche "Beauverger" dans Google. C'est dire.
    Je serais d'ailleurs étonné qu'il obtienne le prix. A moins qu'il soit récompensé pour l'ensemble de la trilogie. A vue de nez, je vois bien Andrevon l'emporter. Mais sait-on jamais... Du reste, ce prix a beaucoup moins d'impact, il me semble, que le Grand Prix de l'Imaginaire, remporté par Alain Damasio en 2005 pour La Horde du contrevent et Catherine Dufour en 2006 pour Le Goût de l'immortalité.

  • Je trouve un peu dommage que S. Beauverger trouve "mérité" la punition occidentale dont il parle. L'occident n'est pas un démon au milieu d'une planète paradisiaque où tous les autres peuples seraient des "gentils" innocents. Vouloir punir un peuple rappelle bien au contraire, par exemple, le malheureux exemple du peuple juif, que nombreux sont ceux ayant eu ou veulent encore punir suite à ce qu'ils jugent comme ses exactions...

    Je n'ai pas encore lu les livres de Beauverger, mais, d'après ce que j'ai pu en comprendre, je trouve que vous avez raison de dire que son oeuvre rejoint, entre autre, Dantec dont vous parlez également.

  • "Ainsi Beauverger suivait un plan."
    ==> J'ignore comment travaillent d'autres écrivains, mais j'ose croise que l'établissement d'un fil narratif et d'une structure avant de passer à la rédaction est un principe somme toute assez courant, non ? :-)

  • Pour nos amis lecteurs, sTeF est bien Stéphane Beauverger.
    Eh oui, suivre un plan, même squelettique, me paraît sinon systématique - certains disent préférer s'en passer -, du moins monnaie courante.

    Stéphane Curet, merci de votre visite. Je ne crois pas que S. Beauverger stigmatise seulement l'occident - même si celui-ci concentre nombre des "tares" qu'il nous reproche -, mais bien l'humanité toute entière... Mais peut-être voudra-til vous répondre directement.
    Quant à d'éventuels rapprochements avec Dantec, vous n'avez pas tort, mais restons prudents. Stéphane admire, je crois, Les Racines du Mal, et nous pouvons retrouver certaines qualités des meilleurs Dantec dans ses romans, de même que certaines thématiques communes, mais si les constats sont plus ou moins les mêmes - Beauverger est encore plus pessimiste ! -, les solutions diffèrent sensiblement. Surtout compte tenu de l'évolution actuelle de Dantec... Demandez donc à Stéphane ce qu'il pense des Eglises...

  • "L'occident n'est pas un démon au milieu d'une planète paradisiaque où tous les autres peuples seraient des "gentils" innocents."

    ==> Qui a dit que les autres seraient innocents ? :-)
    Non, mon propos n'est pas là, tout comme je ne "veux" punir quiconque. Je constate simplement qu'après plusieurs siècles de domination potentielle ou avérée (domination dans les faits, par sa seule présence/puissance hégémonique) l'Occident me semble en passe de se faire botter le cul, que les espaces de décision économiques et géo-politiques se déplacent (vers l'Asie, par exemple) ou se multiplient, et que ça lui pendait au nez depuis longtemps... Je ne dis pas que c'est bien ou mal, et mon cul n'est pas moins sensible qu'un autre. Voir par exemple les réponses récentes de l'Inde ou de la Chine au problème de la régulation des émissions de gaz à effet de serre. Pour tenir un discours moins vindicatif, je pourrais aussi dire qu'à force de ne pas entendre qu'on frappait à la porte, on se réveille un matin dans une vieille maison moisie, tout étonné de constater que ceux qu'on avait priés de rester dehors aient construit une maison identique, aux fondations aussi merdiques, juste plus neuve et aussi peu partageuse :-)

    Et quand je lis, ou entends, ici ou là, se lever les drapeaux de nouveaux croisés, appeler à l'élévation des barricades et au sursaut identitaire menacé ("c'est l'heure de bouter !"), mon premier réflexe n'est pas de hurler avec la meute, mais d'essayer de comprendre pourquoi on en est arrivé là. Et de constater que c'est dans la posture des "dominants" qu'éclosent les graines de la vindicte des dominés. Ca ne m'empêche pas d'avoir peur, mais je me dis: nous l'aurons bien cherché. Maigre consolation, j'en conviens.
    Quant au passage sur le "malheureux peuple juif"... * soupir * Si tôt, dans la conversation, le point Godwin, déjà ? Allez, je préfère ne pas répondre, en espérant avoir suffisamment précisé mon propos pour que l'argument choisi par Stéphane (que je salue au passage, puisque je suis déjà intervenu sur son blog) devienne caduque de fait.

  • Merci Stef pour votre réponse ! Heureux de discuter à nouveau avec vous.
    J'apprécie votre analyse.
    Je parlais des juifs pour donner un exemple, c'est celui qui m'est venu à l'esprit à ce moment là.
    En fait, je viens de finir la lecture du dernier Gallo - qui critique avec virulence la repentance française chez certaines élites et d'accord avec lui, je suis un peu "remonté" !

    Je vois à votre réponse que nous sommes d'accord. J'avais mal compris votre réponse au transhumain. il y a bien une bascule des pouvoirs au niveau mondial. Et il semble bien que l'occident ne s'en apperçoive pas. Il y a bien là une "erreur de jugement" de sa part.

    Amicalement.

  • Non, c'est tout simplement son destin : il sera contesté (il l'est déjà), peut-être même rasé (nous n'en sommes pas là) mais il survivra comme un Reste, y compris de façon apotropéenne, cachée, cryptique.
    Sainte-Sophie n'a pu se construire que sur des murs chrétiens qui conservent une mémoire que l'Islam n'a même pas cherché à raser du reste.
    Voyez la réapparition mystérieuse des Juifs dans le dernier tome de Dune (lorsque Herbert maniait les commandes, hein...), voyez encore certains des meilleurs contes de Borges, où les saints et les maudits ne sont pas ce que l'on croit ou plutôt où les saints sont le plus souvent des maudits et vice-versa.

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