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La cité nymphale de Stéphane Beauverger, Phago[cité] de Hint

 

 

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« Ceci est l’instant de notre épiphanie. Ici s’élève notre cité nymphale. »

 

Les éditions la Volte, auxquelles nous devons la publication d’un chef d’œuvre, La horde du contrevent d’Alain Damasio (que j’évoquais en juin 2005 chez le Stalker), ont depuis entrepris la publication des romans inclassables de Jeff Noon (Vurt et Pollen, bientôt suivis par d’autres inédits), et nous ont fait découvrir un jeune écrivain prometteur, auteur d’une excellente trilogie d’anticipation, Stéphane Beauverger. Il y a tout juste un an, je vous parlais avec enthousiasme de Chromozone et des Noctivores, les deux premiers tomes du triptyque, dont le dernier volet, La cité nymphale, est paru en novembre 2006. Le silence insistant de la presse et des webzines critiques me plonge dans des abîmes de perplexité. Certes, nous allons y revenir, La cité nymphale ne constitue pas le paroxysme attendu, le feu d’artifice final espéré, l’apocalypse désirée. Mais elle ne méritait certainement pas telle inattention. Doit-on incriminer les fêtes de Noël ?... La surcharge de travail des critiques ? Une méfiance illégitime envers un éditeur qui avait d’emblée placé la barre très haut ? Mystère. Toujours est-il que La cité nymphale existe et, en dépit des réserves que je vais vous livrer dans un instant, mérite d’être lue. Non seulement lue, mais encore, écoutée. Et même, pour une fois, regardée : les explosions de lumière sur fond noir de la couverture – conçue par la graphiste Corinne Billon – sont tout simplement superbes. Entre nous, ça nous change du tout-venant de l’illustration SF, mais les couvertures des deux volumes précédents, réalisées par la même graphiste, n’étaient pas moins réussies – la Volte sait y faire.

 

medium_hint-phagocite.jpgQuant au CD qui accompagne le roman, il est l’œuvre d’un groupe que je croyais disparu, Hint, dont j’avais écouté un excellent album il y a déjà de longues années. Leur musique, tour à tour abrasive et éthérée, électrique et planante, ne craint pas d’emprunter à tous les genres pour construire un univers d’une cohérence et d’une intensité rares, plutôt inattendues dans le cadre de la « bande originale » d’un roman d’anticipation. À son écoute, c’est tout un pan de ma discothèque idéale qui défile. Ici, un écho de Painkiller, voire de Naked City, avec le clone du saxo mutant de John Zorn. Là, le fantôme ambient de la drum and bass étouffante du meilleur Scorn, Evanescence. De loin en loin, des constructions presque post-rock qui pourraient évoquer Mogwai ou Mono, si elles n’étaient empoisonnées par un spleen industriel aux riffs décharnés, descendants de Neurosis, Pitchshifter ou Godflesh. À l’horizon, bizarrement précédé d’un titre à la Ministry période Psalm 69, je discerne les bribes d’un chant tibétain ou mongol, ainsi que la silhouette de Michael Gira, dont les Swans sont pourtant bien morts, mais dont les glauques expérimentations nous hanteront à jamais (je vous parlerai un jour de son recueil de nouvelles, La bouche de Francis Bacon, sans doute l’œuvre littéraire la plus tourmentée, la plus violente qui soit). « Eyes in axis (diaphonic interferences mix) », treizième titre de ce CD qui en compte vingt-trois, tiré de l’album 100% white puzzle mais largement modifié, en constitue le point d’orgue, tour à tour calme, dépressions électriques sur un tempo trip-hop, puis corrosif, déchiré par un hurlement libérateur et des riffs assassins, avant de nous renvoyer au royaume du delirium tremens. Bref, Phago[cité], l’album de Hint enregistré pour La cité nymphale, est l’un des meilleurs CD de l’année. En ce qui me concerne, l’écoute du CD et la lecture du roman n’ont pas coïncidé, chronologiquement parlant. Pour m’immerger dans les aventures de Cendre, Gemini et consort, j’avais choisi le métal instrumental de Pelican, le doom-drone maladif et shoegaze de Jesu, le post-rock dramatique de Godspeed You Black Emperor! (Moya) et le doom expérimental du Black one de Sunn O))) (imaginez des démons black metal psalmodiant leurs malédictions d’outre-tombe sur des riffs d’une lenteur extrême soutenus par les nappes ambient d’un Otomo Yoshihide)…

 

Revenons à la littérature à présent, et faisons le point. Chromozone plantait le décor de la trilogie. L’avenir proche de la France, cauchemardesque. Les « nouvelles » technologies anéanties par un mégavirus qui, par-dessus le marché, s’attaque aussi à l’homme, exacerbant ses pulsions de mort, transformant l’individu lambda en foutu berserker. Le pays divisé en territoires communautaires férocement gardés. Tuer pour survivre. Leitmotiv : « il n’y a plus de place en ce monde pour la bêtise ». Chromozone nous bombardait d’idées – dont la moindre n’était pas Khaleel, l’un des plus fantastiques personnages de la science-fiction moderne, mais citons aussi la faction Orage et le système de communication phéromonique –, multipliait les registres, nous baladait de camps de prisonniers en Bretagne en réunions au sommet du pouvoir économique, avec un sens du rythme et de l’action digne des premiers Dantec. Les Noctivores surprenait moins par sa forme, mais lesdits Noctivores, entité collective réunissant des milliers d’individus au prix de leur individualité, constituaient à eux seuls une putain d’idée. Leitmotiv : « il est peut-être temps d’en finir avec la violence ». Voici ce que j’écrivais à la fin de ma critique : « L’enjeu du triptyque est ainsi le choix impossible que l’humanité s’apprête à faire malgré elle, et auquel nous confrontent tous les grands romans d’anticipation : soit nous suivons la voie de la déshumanisation, la servitude volontaire, l’engloutissement dans la Machine-Monde qui caractérise l’Occident moderne, soit nous lui résistons, l’arme au poing, au risque du terrorisme et de la barbariemais avec l’espoir d’une illumination. Combattre le Mal par le Mal, ou épouser sa cause... Comme pour Dantec, le salut n’est ici sans doute possible que par un inflexible réenchantement du monde. » En finir avec la violence, au prix de notre humanité ?... Il semble que je me sois trompé, du moins en partie. Nous y reviendrons.

Ce réenchantement, pour Beauverger, ne passe pas par la religion – l’Église est souvent moquée, voire conspuée dans La cité nymphale (ah, que j’aurais aimé écrire, le premier, un blasphème comme : « L’enculée conception » !). Il ne passe pas non plus, ou si peu, par la littérature. Certes la Parispapauté est installée dans les bâtiments hideux de la Grande Bibliothèque de Tolbiac, et Cendre, personnage principal du roman, découvre ou redécouvre ce que nous transmettent les grands écrivains – il relit par exemple Moby Dick (version Giono ; je ne saurais trop vous encourager à découvrir la traduction d’Armel Guerne, infiniment plus puissante). Mais le verbe, pour Stéphane Beauverger – qui d’ailleurs préfère travailler le rythme du récit plutôt que la musique d’une phrase –, n’est pas une réponse en soi. Il n’est pas lumière. Il n’est pas feu. Il est moyen de communication, tisseur de liens. La réponse, c’est l’amour, la réponse, c’est l’éthique. Le salut par l’amour, et par l’éthique. S’il fallait ne retenir qu’un mot du roman, ce serait celui-là. Éthique.

Il n’y a que peu d’idées nouvelles dans La cité nymphale, qui se contente pour l’essentiel de dévider les bobines déjà employées dans les tomes précédents. Le parcours de Gemini sur un rivage désert, en compagnie d’un jeune Moken nommé Salamah, qui attend de pouvoir enfin rencontrer celle qui est à l’origine du cataclysme Chromozone, n’a que peu d’intérêt et, si l’on excepte la pirouette finale qui pourrait éventuellement laisser la porte ouverte à une suite, les révélations obtenues en fin de parcours ne font que confirmer ce que nous pressentions déjà : le virus peut être vaincu par une volonté de fer. Cette histoire de virus commençait d’ailleurs à me chiffonner. Le Chromozone était à la fois omniprésent, car à l’origine de cette France post-apocalyptique, et étrangement absent, n’influant finalement que modérément sur les comportements des personnages infectés. Le virus n’est qu’un leurre, un alibi, un révélateur. Bref, rien de neuf. Et les aventures de Lucie au pays de Keltiks, si elles démontrent une nouvelle fois le talent de Beauverger pour l’action menée tambour battant, n’apportent pas non plus d’éléments déterminants. On est en terrain connu. La source se tarit. L’ennui guette.

Il en est une d’idée, cependant, qui doit retenir l’attention du critique, comme celle du lecteur. Une idée forte, qui conditionne la construction du récit et les choix de l’écrivain. Cette idée, la voici : l’entité noctivore évolue, s’émancipe du joug de son créateur Peter Lerner, et développe une intelligence collective qui ne serait pas que logique, mathématique : elle serait aussi « éthiquement viable » : une « entité globale éthique, mue par des pulsions secrètes visant à la satisfaction de notre nous… De notre moi. »… Des entités collectives, la science-fiction nous en a déjà donné de nombreux exemples. Dans La lune seule le sait de Johan Heliot, ce que Bruno Gaultier avait décrit comme « la refonte des consciences individuelles des êtres décédés dans un amalgame Ishkiss millénaire et condamné à errer dans l’espace à la recherche de nouvelles aides pour survivre », était une évidente métaphore politique, et n’ouvrait sur aucune réflexion métaphysique. En revanche, les post-humains de La ruche d’Hellstrom de Frank Herbert, comme les légions de l’Anome de Grande Jonction, étaient comme sortis de l’humanité. Vivre ensemble, mais en ruinant le sens de cet « ensemble ». Lutter pour la survie de la ruche, au détriment de toute autre intelligence. Détruire la singularité divine, pour régner en maître sur une terre dévastée. Des intelligences « totalement inhumaines », pour reprendre les termes de Jean-Michel Truong. Si dans le deuxième tome de sa trilogie les Noctivores de Stéphane Beauverger paraissaient appartenir à cette dernière catégorie, alternative inhumaine et, comment dire, diabolique, à la folie humaine, ils s’apparentent plus, ici, au Gestalt des Plus qu’humain de Theodore Sturgeon. La cité nymphale du titre, c’est l’imminence annoncée d’un contrat social d’un nouveau type. L’apocalypse, certes, puisque l’homme ancien est amené à disparaître, mais une apocalypse dorée, tant les Noctivores, derrière leur apparence de zombies, se montrent habiles, intelligents, capables des plus grandes prouesses techniques. Et, surtout, ils ne cherchent plus à éliminer leurs dissemblables. Leur conscience, d’abord froidement logique, est désormais alimentée par un inconscient collectif qui, semble-t-il, leur garantit une certaine humanité (jusqu’au sens de l’humour).

Les meilleurs passages du livre, ceux où Beauverger s’affranchit le plus des conventions romanesques, sont une conséquence directe de cette évolution inattendue des Noctivores. Il s’agit de courts chapitres, intercalés dans la trame principale, où nous suivons les « sauts de conscience » d’un tueur noctivore. Pour figurer son mode de pensée radicalement différent du nôtre, Beauverger s’autorise des descriptions synesthésiques du plus bel effet : « Encore un pas. Encore deux. Scintillement jaune. Un puits flamboyait quelque part devant lui, au loin. Il avait tellement hâte d’y être. Un air oublié reprit dans sa tête cabossée. Scintillement jaune soutenu par un accord grave, mi majeur, en x, en y et en z. » Dans ces interludes, dont l’importance ne vous sera révélée qu’au dénouement, Beauverger fait montre d’une inventivité vraiment jubilatoire, qui ne se retrouve que sporadiquement dans le reste d’un récit secrètement tendu vers sa propre expérience de la synthèse éthique des Noctivores. En effet, si la violence est évidemment présente dans La cité nymphale, elle est le plus souvent désamorcée. Beauverger joue avec nos attentes, et c’est délibérément qu’il les déçoit. Ses personnages, son roman lui-même, doivent domestiquer leur propre violence, et s’ouvrir enfin aux autres et au monde. Et lorsque la violence se manifeste brutalement, par le canon du flingue de Lucie ou par les pensées dégénérées d’une laissée-pour-compte enragée, nous sommes gênés, mal à l’aise, confrontés à notre banale complaisance.

On peut alors regretter que la réussite de ce projet ambitieux, se fasse au prix de ce qui forçait l’enthousiasme dans Chromozone et Les Noctivores, cet art de la castagne, ce rythme insensé, cette capacité à maintenir une étincelle de lumière dans l’enfer des armes. Ce style tranchant, sans fioritures mais redoutablement efficace, sied moins au tissage de liens fraternels qu’à l’équarrissage d’autrui à la machette… Par ailleurs, cette volonté louable de reconstruire après avoir tout fait exploser, se traduit dans La cité nymphale par une simplification des données. Hormis les mystérieux agents de Derb Ghallef, dont nous ne saurons rien sinon qu’ils ne sont pas l’ennemi supposé, nous connaissons quasiment d’emblée toutes les forces en présence, ainsi que leurs dirigeants. Et si quelques événements viennent troubler les relations diplomatiques, au point d’en arriver à une situation de crise qui permet à Beauverger d’en réunir enfin tous les protagonistes, aucune évolution majeure ne permet au récit de décoller – jusqu’au surgissement inoubliable du tueur, prélude tragicomique aux révélations sur la nouvelle éthique des Noctivores. Situation figée, donc, et dont les éléments ne sont jamais qu’effleurés. Comme les personnages du reste, dont l’essence se dilue tandis que leurs doutes laissent place à une nouvelle détermination. Aucun, en vérité, ne parvient à émouvoir, aucun ne nous invite au vertige. Même le Roméo, traître professionnel rencontré dans le volume précédent, n’est plus intéressant dès lors qu’il devient trop humain. Chacun joue son rôle à la perfection, comme à l’Actor’s Studio, mais où est la chair ? Où est le sang ? Où est l’âme ? Dépecée et synthétisée par les Noctivores ? Idée séduisante, mais infondée.

Pour autant, Stéphane Beauverger ne choisit pas la beauté plus qu’humaine des Noctivores (la référence du titre au monde des insectes – la cité nymphale – ne saurait être fortuite). Avec la communauté secrète réunie autour de Laurie Deane, c’est une nouvelle fraternité qui est en train de naître. D’un côté, la ruche éthique des Noctivores. De l’autre, les hommes libres. Beauverger ne juge pas les Noctivores, qu’il paraît contempler avec tristesse, comme s’il pressentait que l’avenir de l’univers par lui créé, leur appartient. Mais il choisit évidemment de clore son texte en compagnie de Cendre et Lucie, nouvel Adam, nouvelle Ève, sur un navire – possibilité d’une île. Le dernier mot du roman, c’est « vie ». Où est l’âme, demandais-je à l’instant. Elle surgit in extremis, l’âme, dans une « larme de joie triste ».

 

 

Commentaires

  • Cher Transhumain, à chaque fois que tu écris un nouveau texte, je me dis "tiens, cela valait la peine d'attendre...". D'autant plus que je suis désormais l'heureux détenteur de la trilogie de Beauverger, que j'essaierai d'engloutir dès que possible, juste après Damasio, que tu cites également.
    La bonne nouvelle: très bientôt, je publie ma propre critique du livre de Calvo, juste après Priest que j'ai mis à l'honneur à l'instant chez moi. Et d'emblée j'annonce la couleur: je vais continuer dans ma voie de meilleur "surestimeur" d'oeuvres de la blogosphère. C'est mon créneau, ça.
    A propos de Beauverger: je suis surpris qu'une trilogie visiblement aussi ambitieuse débouche sur de l' "éthique"... vague notion qui évoque une sorte de morale déchristianisée, démanichéanisée, dont on ne sait jamais quoi faire, mais qui peuple fort commodément les mauvaises troisièmes parties et conclusions des dissertations de philo, juste à côté de sa copine, la fameuse "ouverture à l'altérité".
    Tout ça pour ça?

  • Oh, Bruno, l'éthique des Noctivores n'a que peu de rapports avec l'éthique des commissions et autres comités consultatifs, dont tu as bien souligné le flou... Me serais-je mal exprimé ? Disons que les Noctivores dépassent l'état de ruche, pour devenir autre chose, entité collective certes, mais animée d'un inconscient, et d'une conscience, au même titre qu'un individu. Ils peuvent tuer, mais ils peuvent ne pas tuer. Libre arbitre. C'est un peu décevant, oui, mais ne te méprends pas : Beauverger ne nous inflige aucune leçon. Il ne s'agit pas de bons sentiments dégoulinants, mais d'une tentative de glisser du chaos et de la violence, à une certaine forme d'ordre, impulsée non par la force, mais par des considérations morales. Le retour de la philosophie à l'âge de la barbarie, quoi. Le roman est moins réussi que les deux précédents, mais j'aime beaucoup cette idée. Comme si, dans Grande Jonction, Dieu avait repris le contrôle des légions de l'Anome.
    Quant à "l'ouverture à l'altérité", tu es hors sujet, pour rester dans le registre des rédactions scolaires... Tout simplement, les personnages de la trilogie doivent apprendre à vivre ensemble, à une époque où les rapports sont fondés sur la violence. Mais tu sais, les écrivains ont tôt fait d'oublier que l'autre existe. Si bien que, quand ils le redécouvrent, ils en font tout un foin. Comme Christine Angot.

    Et merci pour ta visite. Priest ? Je cours illico sur ton blog. Tu ne risques pas de le surestimer : L'archipel du rêve, La fontaine pétrifiante, Le monde inverti, sont inestimables.

  • Bien reçu cher Olivier.
    Ah, Angot qui découvre l'existence des autres... J'en reparle en janvier, d'elle. En bien, évidemment... ;-)
    Oui, je citais l'ouverture à l'altérité comme étant le parfait stéréotype du concept fourre-tout qui ne mange pas de pain, et qui permet un happy end mou et enthousiaste en dissertation. Mais j'espérais bien être "hors-sujet" à propos du livre de Stéphane Beauverger! Je ne sais pas si tu te rappelles du livre des frères Bogdanoff, L'Effet science-fiction, mais Lévinas, interviewé sur sa définition de la SF, y disait qu'il aimait bien le genre parce qu'il y voyait le surgissement du tout Autre, métaphorisé par l'extra-terrestre. (ce serait à peu près le sens des Qataari dans l'Archipel du Rêve: quelque chose qui ne se laisse pas objectiver, connaître selon des lois théoriques assignables, qui résiste à toute thématisation).
    Mais ne nous égarons pas. Et allons écouter le CD de Hint...

  • " Et allons écouter le CD de Hint... " ==> La bonne idée que voilà !

    Quant à la posture "éthique" des Noctivores, pied de nez saupoudré de poil à gratter soufflé au nez des fétichistes de la violence, je l'assumerai mordicus sous le déguisement de mon masque "No". Ne nous méprenons effectivement pas : chacun a tendance à se persuader qu'il fait les choses bien et qu'il n'a rien à se reprocher. Difficile de vivre avec la conviction qu'on est une saloperie. Les puissants outils du "déni" et de l'auto-recalibrage dogmatique sont là pour ça.

    Les Noctivores affirment avoir franchi les limites de l'espèce en ce sens qu'ils perçoivent en eux une résonnance morale globale. Mais ne sont aussi des enfants capricieux et roués, qui viennent de tuer le père. Ils tueront encore, "éthiquement" (oh, oui, je sais, l'épouvantable contradiction et l'abîme qui menace au bout de ce mot).

    Pas d'esprit de ruche collectiviste.
    Pas d'utopie morale incarnée dans la fusion des esprits.
    Juste la possibilité d'une réponse (mauvaise) à la haine qui ronge notre espèce.

    C'est déjà pas si mal. ^^

  • Intéressant... si Hint est à l'image de la Cité nymphale, ça donne dans la décadence... enfin, selon mes critères; décadence qui ne comporte pas de connotation péjorative ni négative. Merci de votre mot chez moi, Olivier, et puisse la Nouvelle Année vous apporter l'accomplissement de vos désirs.

  • Merci, Kate, je vous adresse, moi aussi, mes meilleurs voeux. Attention, Hint n'est pas un groupe bruitiste. Certains titres sont sympathiquement violents, mais c'est de la musique assez inclassable, entre ambient, indus, free jazz, et j'en passe. Le tout est cependant très construit, très homogène.

    Bruno, je connais bien le livre des Bogdanoff. Certains écrivains se sont fait les spécialistes de ces extraterrestres extrêmement différents des hommes, et pas seulement des hommes "aliénisés". Robert Sheckley par exemple. Mais, d'une tout autre manière, on retrouve ça dans certains grands textes, comme chez Priest, Clarke (Rendez-vous avec Rama), Bradbury (Chroniques martiennes), Lem (Solaris) et beaucoup d'autres. Enfin, bref, il n'y a pas d'alien dans La cité nymphale.

    Stéphane, merci pour ton commentaire. Les Noctivores comme terrible alternative à notre espèce trop haineuse... C'est ainsi que je l'entendais. Je ne suis pas sûr de croire vraiment à l'émergence de cette possibilité - a-t-on déjà vu douter une fourmilière ? -, mais l'idée est belle, et permet d'exprimer autre chose qu'un optimisme béat ou un cynisme abject. Tuer éthiquement... Très intéressant, ça. Nous en reparlerons. Mes amitiés.

  • J'aimerais vivement lire les 3 livres de Stéphane Beauverger, d'autant qu'il est intervenu sur mon blog. De plus, lors des Utopiales, j'ai pu assister à une présentation fort sympathique de ses ouvrages via l'hotesse des éditions La Volte, qui projetait un film accompagné, de la musique de Hint, contenu sur le CD.
    Néanmoins, j'avoue ne pas avoir osé franchir le pas pour des raisons de budget littéraire.
    Y a t-il une chance pour trouver les livres de stéphane Beauverger en poche, où dans une bibliothèque (je n'habite plus à Paris; difficile pour moi d'aller à la bibliothèque SF de Port Royal)

  • Bonjour Stéphane,
    Vous habitez Angers, n'est-ce pas ? Si vous consultez le catalogue de la bibliothèque municipale, vous verrez qu'ils proposent Chromozone. Suggérez leur, alors, d'acheter les deux suites...
    En poche ? Rien de prévu pour le moment, à ma connaissance.
    Bien amicalement.

  • Merci ! Je vais me le procurer !

  • Bonjour Olivier,

    En attendant de lire La Cité Nymphale, certains morceaux choisis de Hint tournent déjà en aléatoire sur mon baladeur... Mais je ne connaissais pas la plupart des groupes que vous citez dans ce commentaire, qu'il s'agisse de ceux qu'évoque l'écoute de Hint, ou bien de vos écoutes du moment. J'en ai trouvé une bonne partie sur blogmusik.net et globalement, ça me plait beaucoup, il ne me reste plus qu'à me procurer ceux que je préfère. Je regrette que la plupart des critiques, articles et commentaires sur la S.F. qu'on trouve sur le net ou sur papier ne laissent pas régulièrement une petite part à la musique (il y a bien une rubrique ad hoc dans Khimaira).

    N'hésitez pas à récidiver, et faites-nous part de loin en loin des musiques qui accompagnent vos lectures. Comme des bouteilles à la mer, il y aura toujours quelqu'un pour se réjouir de la trouvaille.

    Au plaisir de vous lire.

  • Hello Transhu,

    des nouvelles du front: tu étais Hannibal à 81%, je suis Gladiator à 72% environ. ça, c'était la nouvelle importante du 1er avril.
    En dehors de la blague et pour ne pas être hors-sujet ici-même: je n'arrive pas à laisser de com en bas de la note correspondante, mais comme je viens de finir Chromozone de Stéph Beauverger, je dirai sans plus attendre que c'est excellent. La narration est rapide, il y a une belle maîtrise des rythmes, quelques scènes très inspirées et très visuelles, et surtout ce personnage, réellement fascinant, de Khaleel, dont je ne sais encore quel destin Beauverger a bien voulu lui réserver...
    Comme d'hab, merci de m'avoir aiguillonné vers ce livre (après La Horde, après Calvo...). Si Dieu le veut, je l'évoquerai en fin de semaine sur Systar... noyé au milieu de textes loufoques déjà prêts!

  • ça se passe là:
    http://bbrothers.blogspirit.com/archive/2007/08/28/chromozone-de-stephane-beauverger.html
    Et c'est du bon.

  • Pourquoi perdre vos compétences en écriture sur le blog alors que vous pourriez écrire des livres sur le sujet ? Pensez-y. Vous êtes très bon dans ce que vous faites.

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