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Grande Jonction de Maurice G. Dantec - Shoot them up

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“Bored of the things
that you are.
And now at the things
that you were.
How does it feel to destroy
everything by your guilt?”

Justin K. Broadrick, Your Path to Divinity, in album Jesu.

 

Les critiques de l’œuvre de Maurice G. Dantec ont ceci de paradoxal, qu’elles la considèrent généralement comme l’une des plus marquantes de l’époque, tout en formulant de sérieuses réserves (Juan Asensio, qui s’agace à juste titre de « très pesants tics de langage », d’un style « lourdement cinématographique » ou encore d’une « fastidieuse monodie accumulative »,  sans parler de « fautes de goût » adolescentes, ou Jean-Louis Kuffer, qui reproche à Dantec, non moins légitimement – mais avec un stupide préjugé sur la bande dessinée –, sa paranoïa « ravageuse », ses lourdes « béquilles idéologiques », ses « personnages terriblement stéréotypés » et, surtout, un hiatus énorme « entre la substance théologique dense mais plaquée et cette dramaturgie de bande dessinée »). L’an dernier, ne qualifiais-je pas moi-même Cosmos Incorporated d’échec littéraire, l’accusant, un peu violemment, de s’aspirer dans son propre trou noir ? Aujourd’hui Grande Jonction, qui sur le fond ne fait qu’approfondir les thèmes essentiels du roman précédent, pourrait représenter un nouveau danger pour son auteur. Je pense, comme mon ami Juan, aux critiques, professionnels ou amateurs, qui hier conchiaient un écrivain fasciste et/ou illisible, et qui, sans crier gare, et sans le moindre amour-propre, retournent aujourd’hui leur veste et, avec la même superficialité que leurs précédentes attaques, vantent les mérites romanesques d’un écrivain retrouvé, ce qui reste encore le plus sûr moyen, et le plus vil, de s’en débarrasser. Ne pas céder aux sirènes du grand cirque. D’un autre côté, la richesse de certaines analyses, comme celle, remarquable, de Bruno Gaultier, tendent à surestimer une œuvre certes importante, voire indispensable, mais aussi souvent poussive, naïve, maladroite – une œuvre monstrueuse, en perpétuelle mutation, que son mouvement frénétique empêche d’atteindre la grâce. En un sens, la série de textes de Bruno, parce qu’elle énonce clairement et intelligemment les ressorts narratologiques et métaphysiques du roman, lui est supérieure (mais en un sens seulement, car elle ne saurait exister sans l’œuvre première)… Le danger, pour Dantec, serait donc d’une part de croire à une nouvelle plénitude médiatique alors qu’il n’est, aux yeux et entre les mains des journalistes, qu’un pantin réac’ et rock n’roll, et d’autre part, en dépit d’une authentique humilité (que j’ai pu constater lors de notre rencontre), de croire à la lettre les bienveillants exégètes qui, grisés par leur analyse, élèvent son œuvre au niveau des plus grands. Je m’étonne par exemple que personne, ou presque, n’ait encore souligné combien l’envol final des derniers hommes libres de Grande Jonction, parcelle canadienne arrachée à son socle terrien, est à la fois sublime et ridicule, s’étirant d’un égal élan vers la Bible , et vers La soupe aux choux… Que retenir, donc, de cet épais roman de science-fiction théologique dont la forme même s’attache, au mépris de toute prudence, à figurer la lutte inégale entre la Bête et la beauté ? Le blog du Transhumain reprend son rythme.

 

Après avoir fait imploser Cosmos Incorporated en cours de route, après avoir lutté contre la fausse parole pour que renaisse le verbe dont nous serions selon lui constitués, Maurice G. Dantec se trouvait, pour nous, dans une position littéraire inconfortable. Allait-il s’emparer de ce verbe qui l’obsède tant et cesser enfin de tourner autour, ou allait-il inlassablement reproduire le même échec ? Grande Jonction, suite directe de Cosmos Incorporated, se meut en effet délibérément entre ces deux territoires incompossibles – qu’en vain cependant, Dantec tente de lier –, autrement dit, à leur impossible jonction, au cœur de la Centrale de Narration cosmogonique évoquée par Gabriel Link de Noval à l’heure de sa transformation, à l’aube de la création de son Arche céleste. Tragique récit d’une lutte pour un territoire menacé, Grande Jonction narre à la manière d’un western – et parce qu’en ces terres réside encore quelque beauté échappant à la grisaille de la Machine-Monde –, en en déclinant tous les codes (attaque d’un camion/diligence par les néo-islamistes/indiens ; défense d’un Fort Alamo ; shérif inflexible et tutti quanti), les hauts faits d’une guerre qui oppose à la fin du 21e siècle quelques irréductibles – une poignée de femmes, d’hommes et d’androïdes qui littéralement refusent de se laisser réduire, qui défendent leur âme d’essence divine à sa déclinaison chiffrée – à l’emprise infernale de la chose, l’Anome, survivance omnipotente de la Métastructure , qui s’apprête à engloutir le monde. À Grande Jonction en effet, aux alentours du cosmodrome, au lieu même où tout commença – et où tout finira, provisoirement –, un nouveau mal se répand. Ne sont plus touchés les seuls détenteurs de systèmes bio-embarqués – ceux-là continuent de décéder les uns après les autres, tués par les dispositifs artificiels qui les avaient aidés à survivre. Désormais la chose, « l’Après-Machine », ne s’attaque plus seulement au mécanique, ni même au biologique, mais directement à ce qui selon Dantec définit l’homme en tant que tel : le symbolique, le langage, le pouvoir de nommer les choses (qu’on se souvienne de Primo Levi, qui dans Si c’est un homme écrivait la nécessité vitale de ne pas considérer les individus comme des matricules, ou comme des unités interchangeables). Les malades contaminés par le métavirus se mettent à débiter du langage binaire, suite ininterrompue de 1 et de 0, de plus en plus vite, jusqu’à se muer en modems organiques, avant d’exploser en débris numériques, la version codée de leur être exposée aux yeux de tous, sur les murs. L’écriture elle-même disparaît littéralement des livres et de tout autre support : les pages redeviennent vierges, les unes après les autres, effaçant les mondes qu’elles contenaient. En d’autres termes, la chose « machinise » ce qui reste de l’humanité, essaie d’en éliminer l’essence. Et transforme le monde en Camp de concentration global. Le salut de l’humanité, moins menacée numériquement que symboliquement (puisque le travail de l’Anome est de réduire l’humanité, de la diviser, non de la détruire totalement, ce qu’illustre magnifiquement l’épique bataille finale), ne tient qu’à un fil, ou plutôt à six cordes, celles de la guitare électrique de Gabriel Link de Nova, ange christique de douze ans dont la musique rock, par laquelle communient les mortels (Link, le lien), guérit définitivement les malheureuses victimes du métavirus. Gabriel, prophète dont les mains avaient déjà le pouvoir de préserver les machines électroniques, puis électriques, s’impose comme la réponse surnaturelle à la chose qui le ronge. Autour de lui se réunit en effet une communauté de valeureux croisés, un « Reste » par qui l’humanité continue malgré tout d’exister : Chrysler Campbell, l’ordinateur humain, tueur loyal à la froide intelligence, et son acolyte Youri McCoy, fasciné par les derniers chrétiens et amoureux de la belle Judith Sévigny ; Balthazar, le cyberchien de Cosmos Incorporated qui rôde dans les couloirs déserts de l’hôtel Laïka ; le shérif Wilbur Langlois, la Loi incarnée, bouclier d’airain du Territoire ; Milan Djordjevic, père adoptif de Gabriel, et l’androïde Sydia Nova, sa mère adoptive ; et ces envoyés du Vatican, qui convoient une bibliothèque d’ouvrages théologiques à l’intention des derniers hommes libres. En face, la chose semble s’être incarnée en la personne d’un androïde qui offre à ses fidèles l’immortalité en échange de leur singularité (leur âme) – donnant naissance à une néo-humanité (une « Anomanité ») de « clones » indifférenciés dont la conscience est purement collective (comme, récemment, dans Les Noctivores de Stéphane Beauverger, dont la suite, La cité nymphale, paraît prochainement, nous y reviendrons en temps voulu).

Dans sa critique de Cosmos Incorporated (Galaxies n°39), Sam Lermite (dont je vais publier dans quelques jours un excellent texte consacré à Minuscules flocons de neige depuis dix minutes de David Calvo) parlait à juste titre d’un « roman sur la science de la fiction ». Et de fait, nous assistons encore, avec Grande Jonction, récit de l’anomie du langage, à la représentation esthétique du combat opposant l’Anome et le Logos, comme le suggère cette belle pensée de Josef Ratzinger, citée par l’auteur en exergue de la deuxième partie (et qui fait écho au Nous, fils d’Eichmann de Gunther Anders longuement commenté dans Cosmos Inc.) : « Aujourd'hui, si la loi universelle de la machine est acceptée, il ne faut pas oublier que les camps pourraient préfigurer la destinée d’un monde qui adopte leur structure. Les machines qui ont été mises au point imposent la même loi. Selon cette logique, l’homme doit être interprété comme un ordinateur et cela n’est possible que s’il est traduit en nombres. La Bête est un nombre et transforme en nombres. Toutefois, Dieu a un nom et nous appelle par notre nom. Il est la personne et recherche la personne. » L’enjeu du roman est limpide : comment figurer l’indicible, comment écrire la dévolution du langage – et donc de l’humanité – sans y succomber à son tour ? Le chef d’œuvre de George Orwell, 1984, sans doute l’un des romans les plus importants de l’histoire, y répondait magistralement, et le plus simplement du monde : le langage n’est pas un simple système de codage d’informations, il n’est pas strictement utilitaire : il est vecteur de singularité, de beauté, par sa richesse, par sa liberté de dire l’amour, mais aussi parce qu’il transmet un héritage – un témoignage. L’omniprésence dans Grande Jonction de la musique rock, qui contamine le roman jusqu’à son style (nous allons y venir), nous rappelle précisément que la singularité, la spécificité individuelle, naît moins du néant, que d’une patiente et laborieuse étude d’un socle culturel commun (d’où l’importance cruciale des 13000 volumes convoyés par les soldats du Vatican). La littérature, comme le rock, ne font pas, en théorie, qu’exploiter un « temps de cerveau disponible », pour reprendre les termes employés par Patrick Le Lay à TF1 : comme le principe divin selon Jean Duns Scott, abondamment cité dans le roman, ils transmettent, ils unifient tout en singularisant.

Du rock, Dantec essaie donc de conserver un rythme, un tempo particulier, tout en répétitions, en scansions, d’où les variations personnelles, que nous qualifions un peu facilement de « fulgurances » (en omettant de rappeler que pour que ces dernières surviennent, il faut en maîtriser la genèse, savoir enfouir la beauté pour la mieux faire surgir), sont censées émerger. Sans parler des titres de chapitres, qui reprennent tous le titre d'une chanson, ou le nom d'un groupe, à commencer par Radiohead. Le roman dans son ensemble est ainsi conçu comme une chanson rock (Bruno Gaultier en dissèque fort bien les mécanismes), Welcome to the Territory, orchestrée par Gabriel Link de Nova. Et c’est précisément là que le bât blesse. En effet, la langue syncopée de Grande Jonction, qui dans ses meilleurs passages peut évoquer le style quasi slamé de Chuck Palahniuk (Fight Club), souffre le reste du temps d’un pénible déficit de singularité, d’un excès de machinisme, évidemment problématique dans le cas qui nous intéresse. Loin d’hypnotiser le lecteur, loin de l’immerger dans un éblouissant trip littéraire, les refrains en anglais de Welcome to the Territory alourdissent inutilement une prose déjà trop mécanique. Si Dantec martèle ainsi ses idées, si les mêmes phrases reviennent sans cesse, comme des mantras, c’est que l’auteur, aveuglé par la puissante lumière qu’il trouve dans la prière, essaie à son tour de nous faire entrer en transe. En vain. Comme si U2 jouait du Rammstein (ou du Laibach…).

À plusieurs reprises, de longues descriptions de la flore étique de Grande Jonction s’insèrent dans la narration, tout droit sorties d’un quelconque dictionnaire botanique. La critique s’en est d’ailleurs moquée, sans pourtant chercher à en saisir le sens. Or, si ces maladroits passages auraient pu sans dommage être réduits et mieux répartis, disséminés dans le texte comme autant de graines de combat, ils n’en témoignent pas moins de la lutte, à l’œuvre au cœur de la diégèse comme dans l’écriture elle-même, pour la survie du langage. Nommer les choses, nous l’avons dit, même s’il ne s’agit que de mauvaises herbes, permet en effet à l’auteur de ne pas céder à la destruction du langage. Mais la beauté du verbe se fait trop rare, et sans vraie cohérence : ça ne fonctionne pas, ça tourne à vide. D’autant, effet sans doute involontaire, qu’à ces listes d’espèces végétales (dont la poésie s’estompe rapidement) fait écho la précision mécanique avec laquelle l’auteur, comme à son habitude, inventorie les nombreuses armes et méthodes de combat employées.

En outre, hormis Gabriel Link de Nova et, dans une moindre mesure, Youri McCoy, les personnages sont bien trop stéréotypés pour vraiment prendre vie. Dantec ne parvient jamais, par exemple, à nous communiquer la beauté de Judith, même lorsqu’elle est perçue par les yeux de ses prétendants. Judith ne reste, pour nous, qu’un fantasme adolescent de beauté féminine. Une créature dont l’âme se limite aux formes plantureuses. Une poupée aux yeux morts. Quant aux héros, réduits à leurs fonctions minimales, ils évoquent davantage de rigides avatars de shoot them up (cette analogie me frappe soudain : la tentative dantécienne de nommer les choses, plantes ou automatiques, de leur redonner une existence annihilée par l’Anome, renvoie aux listes d’items auxquels le gamer d’un jeu de survie comme Resident Evil est confronté…) que des êtres autonomes, doués d’une vie propre. Erreur fatale dans un roman dont l’enjeu est bien la sauvegarde d’une étincelle de lumière divine. Pensez que même Feric Jaggar, le leader nazi de Rêve de fer de Norman Spinrad, qui extermine les impurs dans la joie et l’exaltation, même cette caricature de héros de fantasy ou de space opera était bien plus émouvante, plus vivante que les personnages de Grande Jonction… Dans la première partie, Youri McCoy (personnage privilégié, de loin le plus intéressant, car sans doute le plus proche de Dantec, dont nous suivons le cheminement spirituel jusqu’à sa conversion) et son mentor Chrysler Campbell recensent toutes les victimes de la chose. Ils enregistrent et analysent les données, chacun à sa manière, mathématique pour Chrysler, plus affective, métaphysique pour Youri, Ils sont les « médecins du Camp », comme Youri le répète à longueur de temps, c’est-à-dire qu’ils font eux-mêmes partie de la dévolution (nous faisant comprendre au passage combien cette analyse purement numérique de la situation est absurde), mais y compris, et c’est sur ce point que je voudrais insister, de la dévolution narrative. Certes, comme le rappelle Bruno Gaultier, le personnage de Judith vaut surtout pour l’amour qu’il inspire à Gabriel et à Youri, mais cet amour lui-même reste lettre morte, ne jaillit jamais d’un verbe dantécien tout simplement impuissant. Il faut se demander si cette antienne de Youri McCoy, « Nous sommes les médecins du Camp », n’est pas le code d’accès au système du roman. Certes, nous savons que Maurice G. Dantec a écrit Grande Jonction très vite, trop vite, en quelques mois, avec une facilité qui ne laisse pas d’inquiéter. Mais ce leitmotiv de McCoy ne saurait être fortuit : l’auteur aurait-il donc tenté ce pari insensé, d’enfermer sciemment ses personnages, et leur univers, dans la grisaille machinique de l’Anome, pour mieux les sauver ensuite ?... À l’échelle du roman, cela n’a aucun sens, mais à celle d’un cycle ? Délire d’interprétation ? Sans doute. Et cependant.

L’espoir n’est pas mort. Grande Jonction est un roman métaphysique passionnant, sans conteste, surtout pour l’indéniable élan intellectuel qu’il suscite chez certains lecteurs – quoique, ne nous leurrons point : je ne sache pas que nos girouettes de la presse aient vraiment compris ce que Dantec essaie de leur dire –, mais qui échoue encore une fois formellement à se hisser à la hauteur de ses admirables ambitions. Je le répète : j’aime la démarche courageuse de Maurice G. Dantec ; je préfère mille fois son échec (qui, tout de même, n’est jamais complet) aux réussites étriquées d’écrivains sans envergure, dont le nombril, sujet ou moteur de fiction, constitue l’indépassable horizon. Mais l’espoir subsiste encore, disais-je. Avec son Arche de lumière (qui, selon que l’on est bienveillant envers l’auteur, ce qui est mon cas, ou que l’on est son adversaire, provoquera une émotion toute métaphysique ou bien suscitera le souvenir de l’effarant final de certain navet, cité en introduction de cet article, où flatulences et onomatopées tenaient lieu de dialogues…), Gabriel Link de Nova conduit les derniers hommes libres dans l’espace, hors de Grande Jonction (hors du lieu diégétique, mais aussi, hors du roman) vers ce Ring qui, en orbite, échappe à l’emprise de l’Anome. Ainsi est-ce non sans impatience, et non sans inquiétude – car le successeur de Grande Jonction n’a plus droit à l’erreur –, que nous attendrons le troisième et, en théorie, dernier volet de cette trilogie annoncée, où nous devrions retrouver, peut-être enfin transcendée, cette nouvelle communauté de l’Anneau.

Commentaires

  • Vous revoilà donc !...En forme apparemment.

  • Oui cher Ludovic ! Et la suite arrive dans quelques jours. Il sera question de Grande Jonction (un peu) et de la légende du Grand Monarque (surtout). Et aussi, je l'avais promis, du livre de Juan Asensio, La critique meurt jeune.
    Et puis, prochainement, du cinéma avec la suite de mes articles consacrés à Hou Hsiao-hsien, et à Ténèbres de Dario Argento. Entre autres. A propos : avez-vous vu les derniers films/téléfilms de notre italien préféré ("Vous aimez Hitchcock ?" et "Jenifer") ?

  • Assez déçu par "Vous aimez Hitchcock", hormis quelques scènes étirées jusqu'à l'absurde, mais assez impatient de découvrir Jenifer, enfin disponible en France

  • Oui, bon, enthousiasme modéré.
    Je n'ai pas lu, et ne sais pas si je lirai.
    Je me méfie lorsqu'on doit ajouter un qualificatif au terme "roman".
    Métaphysique? Erotique? Moral? Subversif ? etc.
    Un roman est un roman et les béquilles qualificatives l'aveu de ses faiblesses.
    J'ai fait pas mal d'efforts avec Dantec, romans, journal (Le théâtre des op.)
    Je commence à être un peu épuisé.
    Le penseur précède trop le romancier.
    Qu'il écrive des essais.

  • Henri, vous l'avez dit vous-même : vous n'avez pas lu Grande Jonction. Dès lors, pardonnez-moi, votre opinion n'a pas grand intérêt... Je note en passant que vous ne semblez pas non plus avoir lu ma critique, car dans le cas contraire, plutôt que des généralités, vous auriez abordé quelque élément concret... Comprenez-bien que je n'ai rien contre vous, mais cette tendance sur la blogosphère à donner un avis sur tout et n'importe quoi, sans aucune légitimité (lisez le livre, nous en reparlerons), m'agace prodigieusement. Viens-je sur votre blog, vous dire que, n'ayant pourtant pas lu "Une honnête femme" que vous évoquez dans une de vos notes, ce me semble être un bien mauvais livre ? Quel intérêt pour vous ? Pour moi ? Vous ête fatigué de Dantec ? Fort bien. Quant à moi, je déteste les navets, je me suis pris une raclée mémorable à Fifa 06 alors que je suis habituellement très fort, et hier mon adorable gamin de deux ans et demi m'a réclamé l'écoute d'un CD du groupe Mogwai. Nous sommes bien avancés, n'est-ce pas ?
    Plus sérieusement. Ne pas qualifier un roman, c'est surtout s'éviter de le lire : Grande Jonction est un roman, certes, mais il n'est pas que cela. C'est de la SF. C'est métaphysique. Théologique. Rock n'roll. Bref, Grande Jonction est plutôt raté, mais Grande Jonction fait sens. Un roman est un roman, mais un roman d'Amélie Nothomb n'est pas un roman de Dostoïevski, et Yann Moix n'a jamais écrit Moby Dick. Vous noterez d'ailleurs que VOUS vous contentez de jeter en quelques lignes votre sentiment purement subjectif sur un livre que vous n'avez pas lu, quand d'autres prennent la peine de s'intéresser à ce que ce livre recèle, derrière son emballage. Pardon, mais je n'ai pas l'impression que mon long article puisse être résumé par une raffarinade, comme vous le suggérez...
    Enfin, quoi que vous pensiez, Dantec est un écrivain, aussi est-ce à une oeuvre littéraire que je me suis intéressé ici. Et (re)lisez-moi :il ne s'agit pas de donner une consigne d'achat, mais de disséquer une oeuvre certes un peu ratée - et je ne me gêne pas pour l'écrire -, mais infiniment plus riche que beaucoup d'autres qui, pourtant, seront lauréats des prix nationaux. La plupart des romans que vous considérez comme réussis, ne suscitent pas quinze lignes de commentaire, parce qu'ils sont vides, leur verbe est creux, faux, inutile. Le verbe de Dantec est maladroit, monstrueux comme le Tetsuo d'Akira, mais au moins nous ouvre-t-il des portes. Pour ça, au moins, je le défends.
    Comme concluerait Maurice : Okay ?

  • Curieuse réaction, transhumain!
    Seuls les adorateurs de Maurice Dantec sont habilités à en dire un peu de mal et moi qui n'étais pas loin d'en dire du bien (je n'ai pas tout lu de lui, je vous le concède, mais l'ai traité de penseur) suis rejeté dans la mare immonde des thuriféraires bêlants des romans marketing.
    Lis Nothomb et tais-toi.
    Ce n'est pas grave si ce n'est que cela vous donne une dégaine de gardien du temple que sans doute vous ne méritez pas et que Dantec, j'espère, ne vous demande pas.
    Je maintiens qu'un grand roman à la Dostoievski, Conrad, ou Faulkner n'a pas besoin de qualificatif autre que roman.
    Je vous rassure, je n'ai pas l'intention de forcer les portes de votre secte post-méta-néo-je ne sais pas quoi-humaine, je trouve dans la littérature trop de raisons de me réjouir artistiquement pour aller chercher dans celle que je ne comprends pas des motifs de me catastropher.
    Je continuerai néammoins de vous lire, si vous n'y voyez pas d'inconvénients.

  • Ne vous froissez pas, cher Henri. Nul temple à garder. Et encore moins de secte : où allez-vous inventer tout ça ? Ma réaction, qui trahit peut-être l'envie d'en découdre après ces longues semaines d'absence virtuelle, s'explique aisément : je ne comprends pas l'objet de votre commentaire, qui ne m'apprenait qu'une chose : que vous n'aviez pas lu le livre en question...
    Mais vous restez le bienvenu ici.

  • Cher transhumain, est-ce avéré, le prochain roman de Dantec sera - t - il la suite de Grande Jonction, où est-ce simplement une déduction logique de la fin du roman susnommé ?

  • Dantec a plusieurs projets en cours. Mais il est à peu certain que Grande Jonction aura une suite. Ne serait-ce que pour des raisons contractuelles... J'avoue être assez impatient, malgré les réserves exprimées plus haut. Un space opera dantécien, vous imaginez !

  • sans peine, et là aussi l'impatience est non feinte...mais qu'il essaye de prendre son temps...american black box nous permettre sans doute de ronger notre frein en douceur (si jamais il sort bien en janvier). Ce serait bien par le biais de son site qu'il parle de ces projets en cours justement, qu'il aille plus loin que le tdo qui reste un peu figé dans le temps quand on le relit...essayer de faire un tdo en ligne, sur quelques sujets bien précis..

  • Un TdO en ligne, tiens, pourquoi pas ? A condition de ne pas faire que cela car, quoi que l'on en dise, de nombreuses années s'écouleront avant que la Toile ne puisse (d'abord dans les esprits, surtout en France...) rivaliser avec le prestige d'une publication sur papier...
    Oui, aux dernières nouvelles, le tome 3 doit effectivement paraître en janvier.
    Vous verrez, cela... balance si je puis dire.
    Dantec ne peut pas/plus prendre son temps, cette époque est révolue : rançon du succès sans doute.
    Cher Olivier, que dire si ce n'est : excellent texte, comme toujours. A bientôt, ici ou dans la Zone.

  • "cela... balance", ah bon? Plus que sur RockIk où déjà Dantec fabulait fabuleusement: "je peux te dire que le jour du 11 septembre, il ya eu au moins trois arrondissements parisiens entiers qui ont fait la fête", ou insultait furieusement (les hérétiques, comprenez les musulmans) en les traitant de porcs et autres joyeusetés?.. Dommage, car plus Dantec éructe, plus il est bête. Et il faut bien dire que plus le temps passe, plus il éructe. (Lien sur mon nom)

  • Fred, dites-moi, c'est étrange : j'avais plutôt l'impression que Maurice G. Dantec écrivait des LIVRES (et, parfois, quelques articles en effet assez grotesques, sur la Toile), tandis que vous, sans doute trop narcissique pour en prendre conscience, ERUCTEZ sur mon blog de pitoyables commentaires sans autre intérêt que de vous ridiculiser. Quoi ? Dantec n'a pas dit ou écrit que des choses intelligentes ? La belle affaire. Retournez à la nullité de Mithqal, voulez-vous ? Puisque vous vantez ce blog débile, c'est d'ailleurs amusant : leurs auteurs passent leur temps à s'entregloser, avec leurs amis de Consanguin (autrement plus talentueux), sur leur propre humilité. Ah ! Ah ! Je découvre à cette occasion que j'ai été rangé dans la catégorie "les liens de la bêtise et de la vanité cultureuse". Ah ! Ah ! derechef. Je m'en contrefous, mais pour lier ainsi ceux que précisément vous n'aimez pas, vous devez être de fieffés imbéciles. Vous faites donc partie de cette catégorie d'internautes, hélas très répandue sur le Web, dont la seule raison d'être est de salir autrui de votre petit fiel inoffensif. Bref, un parasite. Un de plus. Où ai-je donc rangé mon Baygon Vert ?...

  • Vous ne changerez jamais.

  • "Où ai-je donc rangé mon Baygon Vert ?..."

    Bigre, on progresse dans la dérive.
    Les mots ont-ils encore un sens ?
    Des propos qui rappellent des tristes souvenirs.

  • Cher inférieur, vous venez de donner un exemple fulgurant de la "loi de Godwin", que Wikipedia traduit ainsi : « Plus une discussion sur Usenet dure longtemps, plus la probabilité d'y trouver une comparaison avec les nazis ou avec Hitler s'approche de un ». Ceux qui fréquentent les forums et les commentaires des blogs savent bien, en effet, qu'arrive toujours un idiot du village, avec ses gros sabots et un kolossal argument. Plus ou moins vite. Avec vous, sous-inférieur, pas besoin de discuter longtemps. Allez. Encore un coup de Baygon.

  • Vous argumentez certes bien. Mais vous ne répondez pas à ma question. Les mots ont-il encore un sens ? Je ne suis pas sûr à vous lire.

  • La communauté de l'anneau royal, ceignant la phalange élue, capable de guérison, celle du Roi Caché qui attend son heure dans la ténèbre d'humilité; et peut-être est-il déjà là, au pied de quelques Mont Horeb, chevauchant le char d'Elie, prêt, au temps voulu, à surgir de la coulisse de l'Histoire dans laquelle l'écho de son galop se fait entendre de toute éternité, pour venir résorber les écrouelles de l'humanité malade...
    Phalange qui fera vibrer les cordes de la lyre universelle, défoulera le langage primordial (l'antithèse absolue du Novlangue), langue des oiseaux retrouvée, où musique et sens culminent, Verbe qui ne trompe pas, ne corrompt pas, ne ment pas, mais chiffre apocalyptique qui dit le Tout, prie et donne la vie, orphique authentique.
    Communauté de la couronne, anneau cérébral, un seul Roi pour les servir Tous.

  • Inférieur : vous croyez vraiment que j'ai l'intention d'exterminer les internautes, physiquement ?... Vous êtes complètement fou, mon ami.
    Brandir un spray de Baygon Vert quand on est le patron d'un blog qui veut se débarrasser de commentaires importuns, ou gazer des millions d'êtres humains au Zyklon, n'a pas le même sens, en effet.
    J'espère avoir répondu.

  • Henri, attendez, le "grand Monarque", c'est pour la prochaine note. Cela dit, ne vous attendez pas à ce que j'accorde quelque crédit à ces foutaises ésotériques. Je ne m'y intéresse qu'à titre littéraire. Les sauveurs et leur bras armé, très peu pour moi. A bientôt.

  • Une raclée mémorable à Fifa 06... Vous êtes encore pire que le Stalker, côté sport, puisque vous semblez aimer le foot...
    Un grand merci public, sur votre site, cher Olivier, pour la réévaluation critique que vous proposez de Grande Jonction, distincte à la fois des premières impressions du Stalker, et de mes enthousiasmes personnels pour le dernier livre de Maurice Dantec. Votre perspective me semble être la bonne, au fond. Certes, je convoque certains éléments de métaphysique, mais n'y avait-il pas trop d'emphase à procéder ainsi?

    Amitiés d'un lecteur fidèle,

    Bruno

  • Bruno, ne parlez pas trop de ma défaite 1-4 à Gerland contre le PSG. Mais plutôt de mon 8-2 d'anthologie (avec sept buts de Benzema) contre une équipe de loosers corses. En coupe de la Ligue. Je sais, je sais, tout le monde s'en fout.

    Pour en revenir à notre sujet, je ne crois pas que vous aillez fait preuve d'une quelconque emphase dans vos articles. Vous vous êtes attaché à disséquer le monstre, et fort brillamment, mais, si vous me permettez cette image, et si je m'en tiens au souvenir que j'ai de vos textes, vous vous êtes intéressé à ses organes et à leur fonctionnement, voire à leurs chromosomes, comme aucun de nous ne l'a fait, et peut-être un peu moins au corps qu'ils composent. Je veux parler de dialectique bien sûr. De cohérence, quand vous avez décortiqué la cohésion interne. Je ne sais pas si je suis clair. Et ne prenez pas cela pour un reproche, surtout : je le répète, vos textes sont vraiment excellents.

    Amitiés également.

  • Vous jouez donc avec Lyon. C'est un choix tout à fait rationnel. En revanche, perdre contre le PSG, pour un Transhumain, ce n'est guère reluisant. Avez-vous essayé les NBA Live? ce sont des jeux excellents, en général. Là encore: tout le monde s'en fout.
    Je partage votre curiosité pour un space-opera à la sauce Dantec, même si ce qui m'intéresserait le plus à présent, ce serait quelque chose comme une suite à Villa Vortex, si la chose est possible, vu la manière dont le roman s'achevait... Le Liber Mundi II, en somme.

    Bien à vous,

    Bruno

  • Cher Transhumain,

    Je n'ai pas encore fini Grand Jonction, il me reste encore une centaine de pages. (chap 47)

    J'avoue que j'ai aucunement les compétences pour aussi bien décrypter que vous ou Juan les concepts élaborés par Dantec dans ses romans. Mais je le lis toujours avec intérêt depuis la sirène rouge car je crois qu'il ne se laisse pas aller à une certaine facilité.

    Même si je vous avoue aussi que Grande Jonction m'a semblé, mais il faut encore que je le termine, inégale...parfois très prenant, parfois très usant...

    En tous les cas merci pour votre article...ça complète les impressions de Juan...et ça donne à réfléchir..ce qui est un peu le but de Dantec ....si j'ai bien saisi son oeuvre en devenir.

  • Je l'ai lu le livre, et j'ai plusieurs points à noter.

    1/ philosophie : du mal à voir autre chose qu'un ramassis d'élucubrations où Foucault, Deleuze, le cyberpunk, la décadence et Sloterdijk sont brouillés en bouille pour chat... C'est assez amusant qu'on parle de métaphysique ou de théologie : je parlerais plutôt d'anodin détournement, voire de blagues. Dantec n'invente rien, il pioche toutes ses idées à la mamelle de l'histoire de la pensée. La machinerie conceptuelle qui opère des branchements, une mauvaise resucée de Mille Plateaux.

    2/ les types : toute une topologie des types humains est mobilisée pour jouer (enfin) le drame fondamental où se noue le devenir humain. Grand bien nous fasse ! Donnez-moi un Malone.

    3/ la pop culture : cela me botte, ca fait partie du "jeu" : il y a du jeu, c'est ce que je concède au roman, une manière de duplo inventif.

    4/ le style respire beaucoup la boursouflure à mon goût. Je tiens que ce qu'il manque à Dantec, c'est de savoir écrire une histoire; c'est aussi un préalable pour éviter la culture du narcissisme.

    En bref : pratiquant malgré lui la confusion des genres, Dantec prend trop souvent la complexicose pour la profondeur. Il ne devrait pas écrire des romans, mais faire de l'art contemporain ou de la musique minimaliste (il en fait un peu je crois d'ailleurs).

    Sans prétentions, sans embellies, cordialement.

  • Effectivement, Ulrich, votre com était "sans prétentions"...
    Amusant, d'ailleurs, la "complexicose", c'est bien trouvé. J'ajouterai que dans le même ordre d'idées, Simmons est un vilain islamophobe qui a mal lu les poètes romantiques anglais, Frank Herbert un type qui n'entravait rien au messianisme ni aux religions, que John Brunner avait vraiment tort de se croire capable de subvertir la "prospective"...
    Heureusement, face à ces vieux cons aux références mal digérées et mal recrachées, il reste la belle et noble aspiration à la nouveauté totale, à l'inouï absolu, à l'originalité pure sans origine autre qu'elle-même. Seul et dernier rempart contre le narcissisme, effectivement, que d'aspirer à être soi-même une pure origine.

    Sans prétentions, mais espérant toujours des embellies en SF, cordialement.

  • Bruno, serais-tu... non, pas possible... serais-tu... IRONIQUE ?!? Hé hé.

  • Oh, tu sais, cher Transhumain, moi l'ironie, c'est pas trop mon truc... Ou alors, juste, comme ça, sur les sites et forums amis...

  • Dans quelle mesure une écriture, par crainte de ses effets, doit être une ascèse ? Dantec, il me semble, a la prétention d'une écriture. Alors prenons-le au pied de la lettre.

    Il me semble que les auteurs cités n'ont pas cette prétention : pas de prétention formelle à tout le moins; des idées, du romanesque. Et c'est très bien comme ça. Ouvrons les 3/4 des parutions éditées par Jérôme Lindon, cette prétention se fait sensible.

    Dantec peut justement être critiqué en raison de ce à quoi il aspire : j'y vois là un privilège.

  • Ulrich, ne dissociez pas ainsi les idées, le "romanesque" (que vous ne définissez pas), et les "prétentions" formelles. Ce faisant, vous ne faites que reproduire un mode de pensée très français, qui consiste à distinguer une littérature noble (ou prétentieuse, selon vos goûts), et une "paralittérature" (ou littérature populaire, selon vos goûts), alors qu'en vérité tout est idées, et tout est forme. Le cycle de Dune, par exemple, n'est pas qu'une littérature d'idées, et n'est pas que l'oeuvre d'un conteur : s'il est difficile de juger la qualité de la phrase chez Herbert à partir de sa traduction, cette dernière montre bien qu'après d'interminables descriptions, après la peinture d'un univers jusque dans ses moindres détails, l'auteur s'est ensuite attaché à supprimer tout ce qui, dans son texte, ne fournit pas d'information cruciale. Les dialogues, en particulier, sont extrêmement travaillés, non dans leur musique, dans leurs qualités strictement littéraires, mais, selon une certaine forme d'ascèse. Qui n'est pas moins "formelle" que les "prétentions" de l'école Minuit.
    Peut-être me trompé-je, mais il me semble que Dantec, que ces distinctions indiffèrent, essaie dans Grande Jonction de jouer, toujours sur la brèche, avec ces différents traitement formels. Vous avez d'une part ce verbe que j'ai qualifié de mécanique, un verbe anomisé, si je puis dire, et d'autre part un verbe plus poétique. La beauté peut-elle encore surgir d'un monde mécanisé, désindividualisé ? Toute l'ambition du roman est d'articuler ces deux manières qui s'opposent. Retourner la machine. Rock n'roll, baby. Okay ?

  • Dire qu'il y a un hiatus entre le formel et le romanesque, ca ne me semble pas très contestable. Rien à voir avec le snobisme germanopratin haute culture/sous-culture.

    Bien sûr, il y a toujours du formel (la forme chez Spinoza, c'est ce qui permet qu'une chaise soit chaise). La blancheur ou la neutralité appellent un formalisme au même titre que la sur-élaboration (voire plus).

    Parlons plutôt d'écriture de soi. Quand Caldwell dit quelque chose comme : all I wanted to do was tell a story, il introduit une hiérarchie explicite : la recherche stylistique doit seconder une histoire bien racontée. C'est la tendance déterritorialisante ou ligne de fuite de la littérature américaine, que j'admire pour cela. Il y a quelque chose qui change après Henry James, vers l'époque d'Henry Miller, qui ne change pas en Angleterre. Au contraire, le mode introspectif est bien plus ancré en France, par exemple Minuit, et je suis loin de valoriser la plupart des sorties de Minuit précisément pour cela !

    Je suis d'accord sur le dialogue nécessaire des deux tendances, mais c'est un dialogue qui est bien plus présent chez Dantec que chez Philip K. Dick (même en anglais)... Au demeurant, on peut faire des bons romans sans ce dialogue, ou subvertir la nature du dialogue (dans ce dialogue, où se situe Claude Simon ?).

  • Euh c'est pas Spinoza... c'est Aristote...

  • Nous sommes donc d'accord. Mais il s'agit moins de distinguer deux mouvements, l'un plus narratif, l'autre plus formaliste, que deux types d'écrivains : ceux qui ont des idées, comme Dantec, Dick, Herbert (aussi bien que Kafka, Beckett ou Dostoievski), et qui pour les exprimer choisissent l'une ou l'autre des deux voies citées plus haut (le cas de Beckett est particulièrement pertinent), et ceux qui n'en ont pas, et qui donc ne brassent que leur propre néant, avec talent ou pas.

    La rentrée littéraire racontée aux enfants :
    Une fois débarrassé des romans sans idées, il ne reste déjà plus grand chose. En SF (le genre métaphysique par excellence selon Sadoul), la situation est, par nature, moins désespérée (encore que les idées vraiment originales ne soient pas légion). Mais si tu élimines encore les romans dont les idées sont sabotées par une mise en forme déficiente, ta récolte devient tout simplement misérable... Et tu n'as plus que deux solutions : où tu pries, où tu ouvres un blog critique.

  • La prière peut être une solution... à condition de n'être pas un musulman perdu sur Mars... car là-haut point de mecque vers laquelle se tourner...

    "American Black Box" est un continuel incendie salvateur...

    Bien à Vous...

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