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Alain Damasio dans Galaxies 42

 

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Le numéro 42 de la revue Galaxies – dont je vais devenir rédacteur en chef, succédant à Stéphanie Nicot –, superbement illustré par Aleksi Briclot, sera bientôt disponible dans les points de vente habituels. Son dossier est consacré au génial auteur de La Zone du Dehors, Alain Damasio. Sa longue nouvelle « So phare away », que Bruno Gaultier évoque sur son blog Systar avec la rigueur et le talent qu'on lui connaît, est sans doute moins achevée que sa Horde du contrevent, mais l’étrangeté, l’obscure beauté qui naissent des nappes textuelles expérimentales comme de la polyphonie des « phartistes » qui surplombent la mer d’asphalte, la hissent au rang des plus remarquables textes publiés par la revue (aux côtés, par exemple, de « Déchiffre la trame » et de « La Stratégie du requin » de Jean-Claude Dunyach, de « La magie des îles » de Jacques Boireau ou des « Yeux d’Elsa » de Sylvie Lainé). Voici les premières lignes de ce texte bouleversant, « So phare away » :

 

 

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La marée monte. Elle est annoncée énorme. Alors la Ville verrouille ses fondations. Souterrains, rez-de-chaussée et premiers étages : tous les bâtiments sont mis à étanche. Ça ne servira à rien, comme toujours. Parce qu’on ne sait pas ce qui va se passer. Ce que la marée va transformer. Condamner ou élire puisque c’est elle qui choisit. On ne sait pas ce qui va disparaître, en s’affaissant dans l’asphalte liquide. Pas plus que ce qui va surgir des hauts fonds, sinon des parkings et des phares noirs — une centaine de phares de plus, comme la dernière fois ? Ça n’en fera jamais que cinq mille. Pour cinq millions d’habitants. Ça laisse un public, dans l’absolu. Pour les phartistes, pour les « créateurs de contenu », pour les médias, pour les vendeurs de signes et d’objets. Dans l’absolu seulement puisque tout le monde émet en même temps. Depuis ce matin, ça émet d’ailleurs de partout, de tous les phares et plus que jamais. Ça signale l’inéluctable. Ça scintille. Ça halogène ses voisins et ça déchire la nappe au laser. Ça allume tout ce que ça peut dans les phares fendillés des banlieues, là où j’aime encore regarder, parce que c’est pathétique, parce que c’est beau à pleurer : les bougies et les flambeaux, les lanternes à huile qui flagellent, les becs de gaz et les feux de pneus. J’ai même vu une lampe de poche qui clignotait du morse à l’aurore ! Pour dire quoi, au juste, toutes ces lueurs ? Et à qui ? Trois quarts des codes utilisés sont incompréhensibles. Les messages sont diffusés dans le vide. Notre vide si moderne, la Nappe : ce tissu lumineux entre les phares, toujours changeant. Cet écheveau de faisceaux et de rayons qui se cumulent, rivalisent et s’annulent. Rien de tout ça n’aurait acquis la moindre épaisseur s’il n’y avait la circulation éternelle des voitures au sol, le smog qui en résulte et la bruine. La lumière s’y colle, y prend corps et texture. Et ça donne la Nappe, oui, saturée et surinvestie, notre espace de communication. Ce qu’il nous reste de ciel. Moi, je l’ai toujours vécue comme une sorte d’insulte, de compétition faite au soleil.

 

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Il arrivera un jour où il me sera impossible d’atteindre Sofia, à l’autre bout de la ville. Le cercle châtain de ses iris n’accrochera plus aucun de mes rayons… Si bien qu’aucune lueur ailée, fragile, ne viendra briller en retour dans les miens, portant ses mots codés, la fraîcheur de son feu à éclats, ses couleurs. J’ai essayé plus de vingt fois depuis ce matin : ça ne passe pas. Hissé à 60 mètres, mon phare avait à l’origine la hauteur et la portée pour lui parler directement. Plus aujourd’hui. Je n’ai plus assez de puissance dans mon pinceau pour percer la nappe. J’émets au mieux dans les trous, entre deux éblouissements. J’ai attendu plus de deux heures l’éclipse couplée de trois phares à occultation, j’ai espéré une panne des feux fixes sur la perspective Nevski : en vain. Sous la poussée continue des immeubles, qui est l’essence de cette Ville, sa pulsation profonde, avec l’extension des surfaces asphaltées, qui isole Sofia à chaque marée un peu plus dans les laisses des parkings liquides, coagulant mal, avec la surrection des phares automatiques qui émettent trop, trop fort, n’importe quoi et tout le temps, j’ai peur de ne plus y arriver. « Farrago, ton nom veut dire je sème ! Tu sèmeras toujours, vous vous s’aimerez toujours » m’a émis Farsi dans sa langue à lui, sa lumière qui utilise tellement de couleurs qu’elle est difficile à recevoir. Je veux aller la retrouver dans son phare, dès demain, par les avenues inondées et je ne le peux qu’aux marées, elle le sait. Je veux la prévenir. Oui, Farsi, j’ai toujours su varier mes codes jusqu’ici, me renouveler. Mais un jour, j’aurais simplement trop d’angles à trouver sur trop de vitres avec insuffisamment de phares frères comme toi qui soient fiables dans le décodage de l’intime pour relayer mon amour.

 

Une erreur est à noter, page 106 : il ne faut pas lire « parce qu’elle attend un enfant de Vous », mais « parce qu’elle attend un enfant de Wous ». Avec un « W »…

 

Dans son entretien, Alain Damasio évoque entre autres sujets l’importance, à ses yeux cruciale, du style : « Il y a là un miracle propre à la SF et au fantastique et qui passe, selon moi, avant tout par les ressources d’un style. Vous pouvez inventer le plus bel univers qui soit, le plus original, il restera une construction d’architecte si le style ne vient pas l’habiter. Parce que c’est le style qui jette les ponts sensuels vers l’expérience du lecteur. Et le lecteur, plus que de tout autre chose, en a besoin. Je peux imaginer un vent ultraviolent. Si je ne le fais pas sentir, pas sa masse, la façon dont il entaille la chair et les vêtements, par le froid soudain qui cingle, je ne m’adresse qu’au cerveau. Ça peut marcher, encore une fois. Ça ne constituera pas une mémoire, pourtant. Ça ne sera jamais habité. Ça ne restera jamais chez le lecteur comme un souvenir soudain personnel et pourtant transplanté, de force, par la magie d’une syntaxe. »

 

Enfin, dans mon article « Alain Damasio, le vif du sujet », j’essaie de dégager les principaux motifs de l’œuvre damasienne, de la société panoptique de La Zone du Dehors à l’éternel Retour de La Horde du contrevent. Des chutes de cet article, je ferai peut-être, prochainement, une série de notes, consacrées à tel thème, ou tel personnage, de La Horde. Peut-être.

 

Ce numéro 42 – dont nous déplorerons tout de même les trop nombreuses coquilles – comporte également une tribune libre assez musclée de Léa Silhol (« Fandom / Fuckdom »), des nouvelles inédites (« Coupée » de Megan Lindholm/Robin Hobb, dans laquelle une jeune fille veut se faire exciser pour, dit-elle, prendre le contrôle de sa propre vie, « Sang d’encre » de Jean-Michel Calvez, brillant récit de calmar géant, « L’ambassadeur » de Raymond Iss, exploration par un homme fatigué d’une île utopique où s’effondrent ses certitudes, et « Patchwork » de Laurent Genefort, enquête policière dans l’univers d’Omale) et l’habituelle rubrique critique (au programme : Coalescence de Stephen Baxter, Grande Jonction de Maurice G. Dantec, Olympos  de Dan Simmons, La Voix de Wormwood de Ian Watson, mais aussi Dick, Heinlein, Stross, Calvo, Banks, Marchika...).

 

Galaxies 42, printemps 2007, 11,50 €.

Pour s’abonner (33 € pour 4 numéros) : http://www.galaxies-sf.com/commande/index.php

 

Commentaires

  • Tir groupé de Tranzu et Systar, alors:
    http://systar.hautetfort.com/archive/2007/05/17/so-phare-away-from-alain-so-farrago-from-damasio.html
    "imparfaite": moi, elle m'allait plutôt bien cette nouvelle... J'ai commencé à décortiquer un peu son fonctionnement, et j'en ai profité pour évoquer un peu l'oeuvre d'Alain.
    Encore chapeau à Alain, et à toi pour le beau boulot accompli...

  • Bigre ! Je vais ajouter un lien dans la note Imparfaite, oui, disons qu'elle n'a pas l'évidence de la horde. Mais So phare away est magnifique.

  • Argh, moi qui comptais vous doubler tous les deux en publiant sournoisement une note sur Alain Damasio ! Je suis doublement fait comme un rat... J'aurais pourtant dû le transhumer.
    En tout cas, c'est bien alléchant.

  • En fait, c'est moins parfait au sens où l'effet provoqué n'est pas un effet de netteté visuelle aussi intense que la Horde, et surtout que la minéralité technologique de La Zone, avec le Cube, les tours panoptiques, la transparence des matières, etc.
    Là, on a un texte "volodinien", si je puis dire, en pensant surtout par là à "Dondog": les textures sont mouvantes, fluides, presque poisseuses, un peu comme la moisissure qui envahit l'étrange univers où se retrouve Dondog après sa libération du camp. Une impression de moiteur, de liquidité lourde, magmatique, en somme. En fait ça m'intéresserait de voir jusqu'où Alain pourrait aller en explorant ce genre d'effets de matière sur le corps du lecteur, presque indépendamment du sens politique et ontologique de son oeuvre. Si tu te rappelles la distinction que je proposais entre deux types possibles de romanciers dans mon petit texte sur Sorokine, j'aimerais voir jusqu'où peut aller le Damasio "métaphoriste" quand s'efface le Damasio "ontologue". Même si le Damasio politique a aussi son intérêt!
    Il annonce un retour aux thèmes politiques pour Les Furtifs... si tant est qu'il les ait jamais quittés, d'ailleurs... le problème, c'est que la politique dans la Horde ne fait pas l'objet d'un discours univoque, tu peux aussi bien l'interpréter comme une politique de gauche -le sens du groupe, la primauté du lien, l'importance du lointain avant la sphère de l'individualité - que comme une politique de droite, et pas forcément des plus propres (aristocratisme, exaltation de l'énergie individuelle jusqu'à l'auto-dépassement, limite darwinisme politique par l'élimination progressive des personnages les plus faibles...). ça vient des auteurs qu'Alain affectionne, en tentant d'assumer la contradiction, tendanciellement intenable, qu'il y a à tenter de tout garder de Deleuze et de Nietzsche à la fois. Il faudrait que je lui en reparle, ça mérite sans doute un peu d'explicitations de sa part et de réflexion de la nôtre!

  • Ouais, enfin François ce ne serait pas une excuse pour ne pas écrire sur l'oeuvre d'Alain et ne pas relancer ton blog, hein...! J'aimerais vraiment te lire sur la Horde!

  • Ne t'en fais pas, jeune et fougueux Traceur, un texte est en cours de macération !

  • Hé, Olivier, je viens de passer sur le forum d'Actu SF, vous êtes magnifiques avec Alain! Effectivement, c'est très drôle de voir ton passé de forumeur puant te rattraper... t'avais qu'à pas tester ton gicleur à insultes à tout bout de champ!!!

  • Je vais écrire un petit article sur So phare away, moi aussi. Je viens de la relire, elle est prodigieuse, en fait. Ce que j'avais trouvé imparfait lors de mes lectures sur écran, je viens de l'identifier : c'est la curieuse désincarnation des personnages. So phare away est un texte abstrait. Pas comme un essai philosophique : plutôt comme une toile contemporaine. Quelles visions sublimes, que cette houle d'asphalte, que cette Nappe de signaux lumineux, que cette mer d'asphalte liquide !
    Et combien puissant est l'effet produit par le jeu, jamais gratuit, de la verticalité et de l'horizontalité ! Quand enfin Sofia et Farrago se rejoignent physiquement, toute géométrie disparaît, le temps d'un dialogue : c'est seulement quand les personnages se rencontrent, qu'aucune ligne ne les fige. Magnifique.
    Plus que les corps, ce sont les "vifs", pour parler comme dans la horde, qui nous sont donnés à lire.

  • de la contamination du transhu par le saïstar: ou comment devenir soi-même un surestimeur!!!
    Ce sera sympa de te lire sur la nouvelle d'Alain, je trouve que ce texte se prête assez bien à des tentatives d'analyses: il est à la fois court et dense, et il ne cède pas à la tendance "ontologue" qu'Alain peine parfois à étouffer dans son écriture... A + pour la suite de ce ping-pong exégétique!

  • Bruno, tu écris : "En fait ça m'intéresserait de voir jusqu'où Alain pourrait aller en explorant ce genre d'effets de matière sur le corps du lecteur, presque indépendamment du sens politique et ontologique de son oeuvre."

    Je ne crois pas que "So phare away" soit si détaché du sens politique et ontologique. Il s'agit peut-être même, de ce point de vue, de son texte le plus réussi. Mais - et là tu es dans le vrai - c'est plus que jamais par la métaphore que les concepts prennent vie. Son exploration de la fluidité, du liquide, des transparences et des viscosités, est plus que jamais en rapport avec l'idée, forte, qui sous-tend la nouvelle...

    Sur l'interprétation politique de la Horde, tu as évidemment raison, j'en dis quelques mots dans l'article de Galaxies, et je comptais justement poser quelques questions en ce sens à Alain. Mais je te laisse t'en charger, tu es mieux armé que moi, il me semble. J'attends avec impatience vos futurs échanges !

    François, j'attends aussi ton texte. C'est marrant, on va bientôt pouvoir fonder une nouvelle revue : je propose "Les Carnets de contre damasiens".

  • Oui, des "Etudes damasiennes", un "bulletin des amis d'Alain" (le volté, pas le rationaliste mou du même nom!
    Quoique tu ailles un peu vite en besogne, cher Olivier: à peine adoubé rédac'chef de Galaxies, tu veux déjà étendre le domaine de ta lutte...

    Il faudra que je développe précisément ce fameux problème du "métaphoriser" à la Serge Lehman, qui décidément ne me satisfait pas, pour plein de raisons, à commencer par le fait qu'il y va de l'indépendance de toute littérature digne de ce nom par rapport au discours. Je refuse que la littérature ne soit qu'un vecteur de discours préétablis, fussent-ils ceux d'un homme si "humain" et d'un mage des sons aussi abouti que l'est Alain. D'ailleurs, il l'avoue presque dans l'interview mp3 menée par Jérôme d'Actu SF: le côté bancal de La Zone du Dehors tient à ce que le livre était pensé comme un essai romancé, et non comme un roman à part entière, et qu'à l'époque Alain n'avait pas encore la technique pour nous refourguer en contrebande sensuelle les concepts sous la forme de dynamismes sensitifs prêts à influer sur notre corps et notre inconscient.
    En fait, Alain a le droit de procéder ainsi, je vois d'ailleurs mal comment il pourrait faire autrement. Tout roman doit bien avoir un canevas souple minimal d'idées, ne serait-ce que pour en motiver la rédaction. Mais ça, c'est le boulot de l'auteur.
    Je me demande, en revanche si nous, en tant qu'interprètes, devons reprendre cette conception auctorale de la métaphorisation. Je crois qu'il ne le faut pas; cette conviction était assez intuitive (quoique dans mes textes sur Rivage des Intouchables, et dans le "Derrida hors la science-fiction" je formulais le problème), mais je travaille à l'étayer rationnellement... A nous d'inventer, de réinventer le jeu de nos propres explorations à travers les textes, sans chercher à retrouver génétiquement, comme à rebours, l'intention de l'auteur...

    Tiens, Kouchner vient d'être excommunié. C'est pas encore aujourd'hui que le parti socialiste retrouvera grâce à mes yeux... ah, le stalinisme formel du parti socialiste...: petit, mesquin, chiant. Je rêve qu'un jour François Hollande aille un peu dans la Zone du dehors, ça le décoincerait.

  • Ah, mais parfaitement d'accord avec toi Bruno. Il ne s'agit nullement, quand on analyse un film, ou un roman, de chercher l'intention de l'auteur - c'était même une antienne, pour moi, quand j'étais en maîtrise de cinéma. Car alors nous serions des créationnistes de la critique. L'écrivain ne met pas en forme une idée qu'il s'agirait alors de retrouver intacte, originaire : il fait naître un sens, souvent nouveau, de la friction d'idées - inatteignables - et d'images. Notre boulot consiste à chercher le sens qui émane de l'oeuvre, telle qu'elle nous est donnée à lire, ou à voir. N'écoutons jamais l'auteur. Peu importe ce qu'Alain a voulu dire. Importe seulement ce qu'il a écrit. Et chercher les métaphores, ça reste notre boulot, Bruno ! Repérer les schémas, sans les identifier à l'avance !

  • Rhâââ...
    Ma carte bleue devient violette à cause de toi (et Bruno)
    Je viens de commander les deux bouquins de Damasio édité chez La Volte. Je laisse ceux que j'ai fait acheter à ma bib pour mes lecteurs patentés de SF.
    C'est mon banquier qui va être content. Je jette tellement de dinars dans les librairies.
    Heureusement, aucun bureau de presse ne vend Galaxies dans mon bled paumé. Mais je me connais. Je vais me lever dans la nuit pour le commander ce numéro, et peut-être même, allez, soyons fou, m'abonner. Non, non, non. Faut que j'arrête là.

    En parlant de ça, mes félicitations pour la promotion. A quand le pot offert par la maison ?

  • Aïn, tu ne seras pas déçu par Damasio, j'en suis sûr. Galaxies ? Ne rate surtout pas ce numéro ! J'en reparle dès demain - ou ce week-end -, avec un article plus conséquent sur So phare away, et quelques digressions sur la Horde.
    Un pot ? Pourquoi pas, mais il te faudra prendre le train...

  • Ces extraits sont franchement vomitifs. Un gargarisme de mots grotesques, vous desservez l'auteur avec ces citations à moins que tout ne soit du même acabit.
    Le "je sème, tu sémeras toujours, vous s'aimerez toujours" est indigne d'un écrivain, c'est du Bigard peut-être?

  • Wells, retourne dans ta niche. Et ne reviens que sous ta véritable identité.

  • Bonjour, je n’étais pas friande de l’anticipation en littérature, mais ça c’était avant de me plonger dans les œuvres de Mr Damasio, il m’a donné le goût de la quête et la certitude d’un avenir possible.

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