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Jeanne d’Arc à l’écran - 6 - Victor Fleming (1948)

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Soyons francs : si l’on excepte son technicolor franchement somptueux, la Jeanne d’Arc de Victor Fleming, dont ce sera le dernier film, n’a pas d’autre intérêt que d’avoir plus ou moins figé dans l’imaginaire collectif un certain choix des événements de la vie de la Pucelle (la mission confiée par les voix – qui ne sont d’ailleurs jamais représentées –, Vaucouleurs, la scène de la reconnaissance de Charles VII, Orléans, Reims, la capture, le procès, le bûcher), au détriment d’épisodes d’une importance pourtant capitale, historiquement d’une part (la bataille de Patay par exemple), symboliquement d’autre part (la période des échecs, de Paris à Compiègne).

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Sauvons tout de même du naufrage le Dauphin José Ferrer (ci-dessus ; futur Toulouse-Lautrec chez John Huston), absolument parfait en Charles VII, sur le visage duquel passent successivement et simultanément la lâcheté, l’honneur, l’exaltation ou la veulerie, et soulignons aussi l’intelligence d’une mise en scène qui n’envisage pas la couleur comme un simple élément décoratif, mais bien comme un atout esthétique à part entière : le feu qui emporte l’Anglais à Orléans, par exemple, et le sang versé par les soldats, sont métaphorisés quelques secondes plus tard par un ciel sanglant et enflammé – comme un sinistre présage, seule présence, si l’on veut, de l’invisible, dans un film par ailleurs dénué de la moindre nuance mystique.

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Pour le reste, donc, ce n’est que chromos sulpiciens (le scénario, tiré d’une pièce de Maxwell Anderson, fut expurgé de son potentiel subversif par le père Doncoeur, mandaté par le Vatican) et une prestation catastrophique d’Ingrid Bergman, maquillée, tête à claque et qui porte l’armure avec l’élégance de l’homme de fer blanc dans Le Magicien d’Oz.

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La pauvre Ingrid, qui campe une Jeanne pieuse mais qu’aucun feu n’anime sinon celui de son bûcher, s’en sort mieux pendant la séquence du procès, plus propice à l’introspection, mais il vaut la voir et l’entendre se dandiner sur le champ de bataille en époumonant son charmant accent suédois, pour mesurer la distance infranchissable qui sépare les chefs d’œuvres johanniques des biopics gesticulants dont Hollywood s’est longtemps fait une spécialité. Visuellement très beau, mais substantiellement indigent.

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Tu n'en fais pas un peu trop, là, ma petite Ingrid ?

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