4/ Melancholia - Lars von Trier
Un prologue sublime et pompeux – extrêmes ralentis proleptiques, images-cristal du désastre à venir. Puis, très vite, l’agacement : est-ce un retour au Dogme ?... Ce mariage catastrophique, serait-ce un Festen bis ?... Mais non. En vérité Lars von Trier n’a pas son pareil pour filmer le vertige de la chute. À mesure que se déroule la réception guindée chez sa sœur Claire (Charlotte Gainsbourg) – avec son lot de fausses joies, d’hypocrisie et de rancœurs, filmé avec virtuosité mais déjà vu cent fois –, la belle et blonde Justine (fantastique Kirsten Dunst) n’en finit plus de s’effondrer, jusqu’au fiasco, jusqu’au malaise, jusqu’à la catatonie. Et cette étoile qui disparaît de la voûte céleste… Commence alors le deuxième acte du film, complètement fou : l’ancien monde de Justine – le nôtre, celui de la réalité consensuelle, celui du koinos kosmos – sera bientôt anéanti par une planète à la dérive. Melancholia, ou la dépression d’une jeune femme filmée comme la fin du monde.