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jean-pierre dardenne

  • Top 5 Films 2011 (2) Le Gamin au vélo

    le gamin au vélo, dardenne

     

    2/ Le Gamin au vélo - Luc et Jean-Pierre Dardenne

     

    Toujours ancrés dans la dure réalité sociale de la Belgique industrielle, les frères Dardenne suivent cette fois – à Sereing, dans la banlieue liégeoise – la trajectoire de Cyril (formidable Thomas Doret), douze ans, placé dans un foyer par son père démissionnaire (Jérémie Renier, au visage de plus en plus marqué) et approché par le dealer du coin. Comme d’habitude chez les Dardenne, une authentique tension s’installe, ici autour des choix qui s’offrent à Cyril : suivre Samantha, la patronne d’un salon de coiffure qui l’accueille le week-end (Cécile de France, franchement excellente ; au cœur du cinéma des Dardenne il y a toujours le récit d’une rencontre) ou la petite frappe locale, Wes (Egon Di Mateo), voyou gominé accro aux jeux vidéo.

    Ici-bas, c’est toujours la même jungle, où la survie autorise toutes les bassesses. Ainsi le personnage de Fabrizio Rongione, qui incarnait en 1996 le vague petit ami de Rosetta, n’est pas un mauvais bougre mais fait à nouveau preuve de lâcheté. Mais c’est bien sûr, et encore, Jérémie Renier, qui inscrit Le Gamin au vélo dans un cycle excédant le film lui-même. Renier, chez les Dardenne, est plus qu’un acteur fétiche : un anti-Doinel, figure du temps qui accomplit son œuvre, et du renouvellement permanent d’un cinéma obsessionnel (quelques notes de musique, un cadre moins serré, plus serein, une lumière d’août). Enfant de la débrouille élevé par un père aimant mais salaud dans La Promesse, le personnage de Jérémie Renier rejette aujourd’hui, et pour la seconde fois, son propre fils, après l’avoir vendu en bas-âge à des trafiquants dans L’Enfant. Et quand il refuse d’ouvrir la porte de son restaurant à Cyril, c’est la fiction elle-même qu’il semble vouloir éviter, comme s’il n’aspirait qu’à vivre en hors champ, loin des drames et de la tension du cinéma des Dardenne – comme s’il transmettait au gamin le fardeau de la fiction avant de s’en laver les mains (quand il revend le vélo de Cyril, c’est du moteur du récit dont il entend se débarrasser). Mais la vie pour nos cinéastes n’est pas qu’un cycle de noirceur  sans fin : quand survient l’accident de Cyril, qui fait directement écho à celui de La Promesse, c’est à une résurrection que nous assistons, à bout de souffle. Non, le destin de Cyril n’est peut-être pas tout tracé. Oui, après Le Silence de LornaLe Gamin au vélo est encore un grand film.

     

    gamin au vélo, dardenne