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La vieille anglaise et le continent de Jeanne-A Debats

 

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« Ceux qui servent des vanités trompeuses,

c’est leur grâce qu’ils abandonnent »

Jonas, 2:9.

 

 

« Tant va le cachalot qu’à la fin il se casse. »

Le Dit du Transhumain

 

 

La Vieille anglaise et le continent, tel était le titre de l’improbable opuscule de soixante-dix pages, publié chez Griffe d’Encre, qu’acquit récemment le signataire de cet article à la faveur d’un trajet à grande vitesse entre Nancy et la Gare de l’Est. L’auteur de l’ouvrage (et amie des animaux), « Jeanne-A Debats » – ce bizarre nom d’emprunt (le A fait toute la différence) ne manquera pas de susciter dans les alcôves les jeux de mots les plus irrespectueux où il sera question, soyez-en sûrs, de deux francs et peut-être six sous (on me dit en coulisse que cette allusion aux deux balles est vraiment lamentable : j'en conviens sans peine) –, sévit sur divers forums sous le sobriquet de « dracosolis » et a remporté avec ce texte le Grand Prix de l’Imaginaire 2009 de la meilleure nouvelle francophone, ainsi qu’un « Prix du Lundi » – qui récompense traditionnellement les mêmes lauréats que son aîné. En jetant mon dévolu sur ces quelques feuillets, je n’étais donc pas guidé par le seul hasard. Du reste il n’est pas impossible que la décision du Destin ait été influencée par le fait que le critique de son choix venait alors, par extraordinaire, de refermer la merveilleuse traduction de Moby Dick par Armel Guerne aux éditions Phébus. Autant dire que s’il n’avait aucune autorité pour poser en spécialiste, votre serviteur n’était pas tout à fait ignorant des mœurs et coutumes des mammifères marins, et en particulier de ceux que nos amis anglo-saxons appellent joliment Sperm whales.

 

Par malheur, mon plaisir fut de courte durée. Un titre aux accents trompeusement hemingwo-truffaldiens, une baleine écologiste et plus ou moins homosexuelle, quelques creuses références au chef d’œuvre de Melville, une idée de science-fiction abracadabrantesque et pour finir une poignée d’images à la poésie un peu mièvre, avaient apparemment suffi à séduire nos facétieux jurys, mais en ce qui me concerne, gentil lecteur, la cause est entendue : aussi artificielle que le pseudonyme de son auteur (« JAD » est aussi le nom d’un décompilateur), la novella n’est pas à la hauteur de sa réputation, ni en termes esthétiques, ni, ainsi que nous le montrerons plus loin, en termes spéculatifs.

 

La vieille anglaise, c’est Lady Ann Kelvin. Atteinte d’un cancer en phase terminale, celle-ci accepte la proposition insensée de son ancien amant : une transmnèse dans un cachalot mort – c’est-à-dire la « transplantation de l’esprit » (nous y reviendrons) d’un cerveau à un autre – à des fins éco-terroristes : réincarnée en baleine albinos, elle doit répandre chez ses nouveaux congénères un virus dont les consommateurs humains sont la véritable cible. Une fois sous l’eau, Ann cliquette et batifole avec un autre mâle, démantèle un réseau clandestin impliquant des braconniers sans scrupules et des ignobles trafiquants de clones transmnésiques, et plane béatement, en bon cachalot gnostique, dans les Courants du Rêve qui mènent au continent cétacé – une sorte de jardin d’éden sous-marin auquel les baleines, qui passent leur temps à rêvasser, seraient universellement connectées…

 

L’on passera rapidement, si vous le permettez, sur les lieux communs, clichés et autres platitudes (« Lorsque je l’avais connue, elle avait passé le stade de la consternation devant l’épouvantable gâchis que l’humanité était en train de commettre avec les ressources vitales de l’océan ») dont souffre parfois un texte relativement fluide mais encore alourdi par des dialogues beaucoup trop démonstratifs (et qui réussissent néanmoins à rester extrêmement vagues quant aux explications scientifiques). Par exemple, était-il bien utile de préciser que les coques métalliques sont plus difficiles à défoncer, pour un cachalot, que les « antiques membrures de cèdre ou de chêne » ?... Il ne nous semble pas. Et après avoir mentionné les numéros de série tatoués sur l’épiderme des clones de transmnèse, est-il seulement possible , mon Dieu, d’avoir jugé opportun d’ajouter, au cas pourtant improbable où le parallèle nous échapperait, que « ces tatouages en évoquaient d’autres plus anciens qu’elle ne pouvait s’empêcher de trouver tout à fait similaires » ?... N’est-ce pas délicieusement consternant ?

 

Mais venons-en enfin, mes amis, au cœur du problème qui nous préoccupe aujourd’hui. La transmnèse, donc – dont il est dit qu’elle tient rarement plus de cinq ou six ans –, serait une « transplantation d’esprit » (p. 11), généralement opérée sur un clone prévu à cet effet, produit « avec le minimum de connexions neuronales » (p. 21). Il s’agirait d’implanter « une mnèse de “personna” complète – désirs, peurs, souvenirs, pulsions apprises, innées, compétences, tout ce qui fait de nous des individus, tout ce qui a façonné notre cerveau physiquement […] – sur un support qui n’est pas adapté et qui, surtout, n’a pas la place, pourrait-on dire, d’accueillir ces nouvelles. […] Si on greffe la “personna” sur un clone enfant, le résultat n’est pas bon parce que la souplesse corticale est contrebalancée par le stress psychologique et les réapprentissages moteurs les plus primaires. Et dans un corps artificiellement mené à l’âge adulte, la matière grise n’a plus, de fait, sa plasticité infantile. […] Toujours est-il, que lorsqu’on a tenté de greffer une mnèse sur un cerveau mature et formé, témoin les expériences sur les gorilles, la place manquait encore plus parce que nous ignorions comment “évacuer” les aptitudes et la “personna” du receveur. Et la mnèse tenait encore moins » (pp. 21-22). Concrètement, « on injecte au patient un composé très radioactif qui va permettre de réaliser un travail de cartographie cérébrale extrêmement précis. C’est cette image qui nous intéresse et qui va être transférée. […] C’est également cela qui va causer la mort physique du mnésique dans les minutes à venir. » (p. 33) Le greffon, obtenu après prélèvement d’une « fine carotte du cortex préfrontal » (p. 34) et développement cellulaire accéléré, doit ensuite « [croître] dans les espaces vides » et « reproduire l’intégralité du système auquel il appartenait ». « Nous capturons réellement l’âme, vous savez » (ibid), ajoute encore notre sympathique spécialiste.

 

Voilà qui ne laisse pas de poser un certain nombre de problèmes… D’abord, cette idée de provoquer le développement d’une copie de la “personna” avec les seules données d’une « fine carotte » corticale, est une aberration scientifique. Reconstituer souvenirs et connexions neuronales à l’identique à partir d’un prélèvement limité est bien entendu rigoureusement impossible, du fait même du mode de développement de la personnalité et du cerveau lui-même. Sauver trois pages d’un roman n’a jamais permis à l’infortunée victime d’un incendie ou d’une perte de données, d’en retrouver le texte intégral !

 

Mais d’ailleurs, pourquoi ces deux « n » à “personna” ? C’est en vérité une question essentielle, parce que de la conception qu’a l’auteur de la personnalité individuelle (c’est-à-dire de l’identité : qui suis-je ?) dépendait la réussite de la fiction. En ajoutant ce « n » à la persona jungienne – qui désignait le masque social –, l’auteur assimile la personne, l’individu en tant que tel à sa seule « âme » (le mot revient très souvent), autant dire de l’information pure. La première conséquence d’une conception aussi réductrice de l’être est d’évacuer totalement l’importance pourtant essentielle du corps et de l’environnement. Même incarnée dans la lourde cervelle d’un grand cachalot, même immergée dans un univers radicalement autre, Lady Ann Kelvin (au patronyme en cela faussement solaristique) conserve toute son intelligence humaine, tous ses souvenirs et, sans dommage, la structure de son langage – sans parler de son (agaçant) sens de l’humour et de la répartie, comme si, en définitive, être de telle ou telle forme, dans tel ou tel monde, n’avait qu’une incidence secondaire sur notre identité ! Pourtant « Jeanne-A Debats » sent confusément combien la question du corps est importante : après la transmnèse, Ann conserve toutes ses facultés intellectuelles et psychiques antérieures mais n’en bénéficie pas moins (sans la plus petite ombre de justification scientifique) des caractères innés du corps de cachalot, comme par exemple son sens de l’orientation. Autre exemple : son corps massif « se souvenait » que ses ancêtres éperonnaient jadis les navires des baleiniers. Cette mémoire du corps entre en contradiction avec le concept de transmnèse, qui prétend, rappelons-le, transplanter la « “personna” complète – désirs, peurs, souvenirs, pulsions apprises, innées, compétences » : les caractères innés font-ils partie de « l’âme » du patient, toute entière supportée par le cerveau, comme le suggère le théoricien de la transmnèse, ou bien relèvent-ils du corps, ainsi que le suppose le comportement de Lady Cachalot ?… Celle-ci en effet, en dépit de certaines adaptations nécessaires à la vie aquatique, continue de raisonner et de se comporter en être humain. Elle anthropomorphise même ses congénères, avec qui elle tient de banales conversations, inventant pour l’occasion l’humour cachalotier (qui en vérité ne fait rire personne, hommes ou marsouins).

 

Et que la transplantation d’âme se fasse dans un cerveau mature ou dans un cerveau encore jeune, il s’agit dans tous les cas de transférer une personnalité complète, elle-même déjà mature, dans un autre cerveau. Autrement dit l’auteur ne se pose jamais la question du siège de l’âme : où réside l’identité de l’individu ? Pour « JAD » la personnalité est tenue pour le cerveau, ou plutôt résiderait dans le cerveau, c’est-à-dire qu’elle existerait, en théorie, indépendamment du cerveau lui-même – simple support –, indépendamment du corps, et indépendamment de l’environnement…

 

De manière générale, la science-fiction ne s’est que trop rarement penchée sur la question de l’identité-ipséité (au sens ricœurien de maintien de soi) et du « corps propre ». Comme le rappelle Sylvie Allouche dans « Identité, ipséité et corps propre en science-fiction » (in Alliage n° 60, juin 2007), le concept de corps propre est relativement simple :

 

« parmi l’ensemble des corps qui sont dans le monde, choses inertes, choses vivantes, objets artificiels, etc., il en existe un avec lequel j’ai un rapport tout particulier de possession ; ce corps est le mien : au “corps comme mien” s’oppose mon corps comme “corps parmi les corps”. L’étroitesse de relation que j’ai avec lui peut même me conduire à soutenir que “je suis ce corps” ou plutôt que “je suis mon corps”. Mais restons-en à la formulation courante, mois radicale, j’ai un corps, ce corps est le mien. S’il y a bien quelque chose de l’ordre de la mêmeté dans la notion de corps, le point crucial reste que l’existence d’un corps propre apparaît comme l’expression la plus manifeste de l’ipséité […] »

 

Greg Egan, lui, s’y est intéressé. Certes, dans La Cité des permutants les personnalités sont copiées dans des environnements virtuels, mais l’absence de corps véritable, en partie palliée par des contraintes elles-mêmes purement virtuelles, révélait explicitement la différence entre l’être d’origine et sa copie : il ne s’agissait pas, tout simplement, de la même personne, parce que, pour reprendre la terminologie de Ricœur, la mêmeté (la stabilité des caractères) n’est pas suffisante. Dans sa nouvelle « Le Réserviste », Egan mettait déjà en scène la transplantation d’une partie du cerveau d’un milliardaire – celle où résiderait le noyau de sa personnalité – dans un clone de substitution. Egan ne se posait pas la question très terre-à-terre de la durée de vie du greffon, comme le fait « Jeanne-A Debats », mais celle, philosophique, de l’ipséité : être un autre, n’est-ce pas déjà n’être plus soi-même ?...

 

Si l’on s’en tenait à une simple définition de l’ipséité – cette faculté de se reconnaître soi-même à travers le temps, sans noyau permanent identifiable : j’étais jadis un bébé, je suis aujourd’hui un adulte : ce je est permis par l’ipséité –, La Vieille anglaise et le continent ne serait, sur ce point, nullement critiquable : j’étais une vieille femme, je suis aujourd’hui un cachalot, mais c’est encore moi (d’autant que l’auteur prend soin de préserver aussi « l’identité narrative » : Ann ayant conservé sa mémoire de vieille femme, elle peut toujours se raconter). Mais la transmigration d’un corps à un autre bouleverse la donne ! Le texte en effet ni ne s’interroge sur l’identité d’Ann/cachalot, ni n'en illustre les problématiques. Certes, disons-le pour être complets (et pour que l’on ne nous qualifie point de dissimulateur), Ann/cachalot évolue vaguement vers un devenir-cachalot, symbolisé par son hypothétique accession finale au continent cétacé, mais précisément cette évolution suppose au préalable que la situation de départ soit celle du statu quo ; or, nous l’avons vu, celui-ci nous semble fort peu vraisemblable.

 

Non, ami lecteur, à aucun moment « Jeanne-A Debats » ne parvient à faire exister, en tant qu’autre (puisqu’il est toujours le même), son personnage né de la fusion d’Ann Kelvin avec le cachalot. Quelle que soit son enveloppe charnelle, et quelles que soient ses évolutions psychologiques, la vieille anglaise reste la vieille anglaise, à un point tel qu'elle se révèle encore capable de jouer les détectives océaniques !

 

À cette faillite, le critique sommé de se prononcer voit deux raisons. La première, on l’a vu, est d’ordre spéculatif : on ne saurait « capturer » une âme sans l’altérer, ou plutôt sans la détruire, pour en recomposer une copie forcément métamorphosée par ses nouvelles conditions, puisque à nos yeux, « l’âme » est absolument indissociable du corps-propre et de la notion d’adaptation ; Ann/cachalot est-elle/il encore Ann ? Ni l’auteur, ni Sénac, ni l’intéressée, ne s’en soucient. La seconde est d’ordre formel. Non seulement l’auteur échoue à faire exister son Über-cachalot, mais elle ne parvient pas plus à camper un narrateur masculin crédible : Marc Sénac, qui relate une partie du récit, écrit, pense et réagit non comme un homme, mais comme un homme vu par une femme… Si du moins telle distinction est encore opérante, puisque, selon notre interprétation du texte, le corps n’y joue d’autre rôle que celui de simple périphérique amovible (avec il est vrai certains problèmes de formatage). « Jeanne-A Debats » n’a donc pas, de notre point de vue, réussi à incarner ses personnages. À l’image même de la transmnèse qu’elle met en scène, elle s’est contentée de se transporter dans tel ou tel personna(ge) – homme, femme, baleine – sans que son intégrité soit menacée. Marc Sénac n’existe pas en tant qu’homme, Ann n’existe pas en tant que Sperm whale, ils apparaissent sans cesse comme des rôles joués par une « Jeanne-A Debats » égale à elle-même, soucieuse de la seule mêmeté (je me vois en baleine, donc je suis une baleine) sans le plus petit égard pour l’ipséité. Et le naufrage de la dernière partie de la nouvelle, qui verse dans le mauvais techno-thriller, se présente dès lors comme l’aboutissement logique de cette superficialité systématique, que nous expliquerons fort simplement : les raisons de la transmnèse d'Ann Kelvin dans un Moby Dick mort sont invraisemblables. Car enfin, j'aimerais que l'on m'explique pourquoi, plutôt que de déployer un arsenal technologique aussi fumeux que celui de la transmnèse, les éco-terroristes de La Vieille anglaise ne choisissent pas un moyen beaucoup moins coûteux, et beaucoup plus sûr, de répandre une épidémie chez les cétacés... Ce point pourtant essentiel n'est jamais résolu et, comme le reste, traité avec désinvolture. Abracadabrantesque, vous disais-je.

 

Le seul passage où se manifeste une tension intéressante entre l’identité d’Ann Kelvin et son corps d’emprunt, est celui-ci : « Toutes les fibres de son être la tiraient vers le bas. Mais son âme hurlait de frayeur ». Malheureusement, ce début de dissociation, qui aurait pu, s’il avait donné lieu à de solides développements, aboutir à une réflexion passionnante, ne sera suivi d’aucun autre, excepté tout de même au cours de l'épisode du kraken (Ann/cachalot terrifiée par ses propres hurlements : superbe idée). Ann apprend à apprivoiser son nouveau corps, comme un enfant,  mais aussi comme si celui-ci avait été le sien depuis toujours, comme si, surtout, de l’occupation d’un cerveau de cachalot par une personnalité humaine ne devait pas naître de terribles conflits et une nouvelle personnalité totalement déstructurée…

 

Stylistiquement plat, jamais crédible et science-fictivement décevant, La vieille anglaise et le continent se lit rapidement mais ne mérite aucune des louanges que les milieux autorisés lui ont généreusement accordées, et je ne saurais trop conseiller à mes avisés lecteurs de se plonger ou se replonger dans les sublimes eaux du vrai Moby Dick, ce Léviathan littéraire dont chaque phrase contient l’écho, lointain mais perceptible, de l’univers tout entier…

 

 

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Commentaires

  • C'est étrange. J'avais bien aimé ce livre à sa sortie, bien avant que ne se pose la question des prix (qui a dit 2 balles?). Pourtant, je ne trouve rien à répondre à tes arguments, sauf à hocher la tête (comme le chien sur la plage arrière). Peut-être se passe-t-il quelque chose à un autre niveau pour que le texte fonctionne/séduise malgré tous ces défauts...

  • Ah ça c'est possible. Comme je te le disais hier entre deux verres de Brouilly, je ne prétends pas asséner la moindre vérité, seulement rendre compte d'une déception proportionnelle au buzz du livre... Et puis, si la première partie fonctionne plutôt bien ( avec les réserves émises dans l'article), la fin est en revanche vraiment désastreuse. Faut dire, quelle idée de lire ça entre Moby Dick et un Nabokov...

    J'aime bien l'image du chien sur la plage arrière.

  • Le chien sur la plage arrière est entré dans la légende suite à ce sketch (réplique de Légitimus, au bout de 3 min 30):
    http://fr.youtube.com/watch?v=Cb3daQYLK2A

  • Oups ! cette photographie fait froid dans le dos.

  • @ Bruno : je pensais plutôt à la chanson de Cabrel "Tourner les Hélicos" :
    «Quand on te parle du diable, tu balances un peu de sel
    Ton bel imperméable ne passe pas sous les échelles
    T'as le chien qui bouge la tête à l'arrière de l' auto
    T'as deux fois plus d'appétit à l' heure des infos
    Quand elle, elle entend, elle entend...
    Tourner les hélicos »
    Mais je sens que nos références jurent avec le niveau de l'article du Transhu :-)

  • Ah ah ah ! Cabrel et les Inconnus, on aura tout vu !
    Unevilleunpoeme : pas de panique, la bête est morte, elle n'est plus dangereuse.

  • J'ai vainement cherché au moment de publier mon billet sur ce livre, quelqu'un d'un tant soit peu réservé, histoire que je ne sois pas encore toute seule... ben voilà, je t'ai trouvé ! Je n'ai lu qu'enthousiasme partout (et aussi chez Nebal, ce qui m'a grandement surprise...)...

  • "Mais je sens que nos références jurent avec le niveau de l'article du Transhu :-)"

    -->> T'inquiète, Ketty, quand on prétend frayer la voie "post-moderne chrétienne" (je te passe les détails scabreux), et qu'on a des amis totalement infréquentables, il faut assumer de voir citer sur son blog Francis Cabrel et les Inconnus.
    Ou alors, c'est qu'on triche, ce que ne saurait faire l'hôte de ces lieux...

  • Ah salut Sandrine. Ouais, j'ai lu ton billet, jusqu'ici à peu près la seule note discordante dans le concert de louanges. Bien sûr, il ne faut exclure l'éventualité que nous ayons tort, mais... non.

  • Que l'argument scientifique ne fonctionne "pas" selon toi n'en fait pas une mauvaise histoire de science-fiction (pour moi la plupart des histoires de voyage dans le temps ne seront jamais crédibles scientifiquement, pourtant j'adore ce type d'histoires)... mais bon, je me suis plus ennuyé à lire ta chronique (je préfère nettement quand tu parles de litt gen) que la novella de Debats, ça doit être un signe...

  • votre citation de sylvie allouche fait sourire "je suis ce corps" ou "j'ai un corps" sont des allégations purement spécieuses, genre rustique de chez rustique; l'auteur peut toujours spéculer sur cette base et développer du vent, c'est d'une manifeste - mais ô combien courante - et grossière malhonnêteté intellectuelle.
    elle ferait mieux d'aller investiguer ces postulats avant de raconter n'importe quoi et, de plus, même pas amusant.

  • Thomas, ma critique n'est pas faite pour tromper l'ennui... Du reste je n'ai pas parlé que de l'aspect scientifique : c'est d'abord formellement que le livre me paraît très faible. Mais je n'ai jamais empêché quiconque d'avoir des goûts et jugements différents des miens...

    gmc : blablabla, blablabla, blablabla. Votre commentaire ne m'intéresse pas.

  • quelle importance?

  • quelque part, ce n'est pas très surprenant, je vous offre un poème de mahmoud darwich qui vous explique pourquoi (avec la trad), si vous préférez du khalil gibran, faites-le savoir, il dit exactement la même chose:

    And They Don't Ask: What Comes After Death


    Mahmoud Darwish


    And they don't ask: What comes after death?
    Though more intimate with the book of Paradise
    than with accounts of the earth, they're preoccupied
    with another question: What shall we do
    before this death? Near to life, we live
    and we don't – as if life were parceled out
    from a desert where the haggling gods of property
    settle their disputes.
    We live beside an ancient dust.
    Our lives burden the historian's night:
    "Though I make them disappear, they come back to me
    from absence."
    Our lives burden the artist:
    "I draw them and become one of them, veiled in mist."
    Our lives burden the General:
    "How can a ghost still bleed?"
    We shall be what we want to be. And we want
    a bit of life, not for just anything - but to honor
    the resurrection after our death.
    Unintentionally, they speak the philosopher's words:
    "Death means nothing to us: if we are then he isn't.
    Death means nothing to us: if he is then we are not."
    And they have rearranged their dreams
    and sleep standing.

    Et ils ne demandent pas: que vient-il après la mort?
    Bien que plus intimes avec le livre du Paradis qu'avec les comptes de la terre, ils sont préoccupés par une autre question: que devons-nous faire avant cette mort?
    Proches de la vie, nous vivons et nous ne vivons pas - comme si la vie avait été découpée en parcelles d'un désert où les dieux marchandeurs de la propriété plantent leurs disputes.
    Nous vivons près d'une ancienne poussière.
    Nos vies encombrent la nuit de l'historien:
    "Bien que je les ai fait disparaître, ils reviennent à moi de l'absence."
    Nos vies encombrent l'artiste:
    "Je les dessine et deviens l'un d'entre eux, voilé de brume."
    Nos vies encombrent le général:
    " Comment un fantôme peut-il encore saigner?"
    Nous devons être ce que nous voulons être. Et nous voulons un peu de vie, pas juste pour rien - mais pour honorer la résurrection venue après notre mort.
    Inintentionnellement, ils disent les mots du philosophe:
    "La mort ne signifie rien pour nous: si nous sommes, lui n'est pas.
    La mort ne signifie rien pour nous: s'il est, donc nous ne sommes pas."
    Et ils ont reconfiguré leurs rêves et continué de dormir debout.

  • Olivier, tu n'as vraiment pas de chance.
    Moi, quand je reçois des spams, ils sont drôles: c'est toujours la veuve d'un colonel ivoirien mort à la chute d'une junte militaire qui a 50 millions de dollars à faire transiter en Europe et qui voudrait que je l'aide. Souvent, elle a ma soeur en Christ, ou bien ma soeur en Allah si elle vient du Nigéria.
    Toi, ton spam, c'est un mauvais poète d'une arrogance terminale.

  • AU SEIGNEUR DES ANNEAUX DANS LE NEZ

    L'arrogance terminale
    Adore les poussières d'ange
    Qui se balaient seules
    Au pays d'Augias
    Où les chevaux les regardent
    Transhumer dans les rigoles
    Qui évacuent dignement
    Les incongruités malhabiles
    Des jugements de valeur
    Fournis par les imperators
    De l'emporte-pièces
    Et de la blague à deux balles

  • Certes. J'avais bien noté que la question formelle t'importait (sur une nouvelle ou une novella, de ce côté, j'attends le plus souvent de l'efficacité, de la concision, pas de la broderie, quoique je n'en fasse pas une condition exclusive, et je trouve que Debats s'en tire plutôt bien), je te parlais avant tout de la question science-fictive et là, j'avoue que ton argumentaire ne m'a pas convaincu... du tout. Je trouve que ce que tu reproches à la novella (le fameux "ratage" spéculatif) c'est reprocher à la science-fiction ce qui, justement, fait de cette littérature de la fiction spéculative. La spéculation n'interdit pas, par essence, l'erreur. L'erreur n'empêche pas la réflexion. Ni la cohérence.

  • Sinon, gmc est un personnage sorti d'un roman de Pynchon.
    Tout le temps en train de déconner, pas déplaisant mais foncièrement incompréhensible.

    Et de temps en temps, surtout quand on ne s'y attend pas: il se met à chanter.
    ça permet d'égayer un peu.

  • CONTRE-JOUR INTERIEUR NUIT

    Les métaphores gauloises
    Baillonnent le barde
    Pour symboliser doctement
    Les oreilles incirconsises
    Qui croient reconnaître
    Dans le fracas de l'écume
    Une mélodie admirable
    Là où ne ruissellent
    Que des fragments
    De crécelle muette

  • Thomas, parler d'erreurs est un peu abusif, puisque jusqu'à preuve du contraire, on n'a encore jamais essayé la "transmnèse"... Mais tout de même, La Vieille anglaise n'est pas de la fantasy, son auteur ne nous dit pas "et par magie l'esprit d'Ann se retrouva dans le corps d'une baleine", mais prend soin de nous expliquer les tenants et aboutissants scientifiques et techniques de son "transfert d'âme" : il est dès lors naturel de s'y intéresser.
    Or, premièrement, le procédé repose, il me semble, sur une conception erronée du cerveau et de la conscience - je peux me tromper mais j'attends qu'on me le démontre - puisque, si j'ai bien compris, on reproduit la configuration neuronale initiale dans un nouveau cerveau à partir d'un greffon, ce qui est impossible. Deuxièmement, admettons que ça soit possible : comment reproduire une configuration identique, à partir d'une carte, aussi précise soit-elle, dans un cerveau de taille et de structure différentes ? Enfin, l'auteur fait comme si une telle opération n'avait aucune conséquence sur la psyché de la "personna". Bref, je cherche encore la "réflexion" du livre. Tu parles de cohérence : la désinvolture avec laquelle "Jeanne-A Debats" traite cet aspect de la novella suggère que celui-ci n'était en fait qu'un prétexte pour nous parler de l'extinction programmée des cétacés, et des "dérives" biotechnologiques.
    Si formellement "La Vieille anglaise" avait été plus réussi, si ce prétexte science-fictif avait accouché d'une authentique expérience littéraire - et non un vague divertissement -, je n'aurais pas accordé une telle importance à ces questions. Mais il ne s'est passé rien de tel. "La Vieille anglaise" est totalement dénuée de sense of wonder ! C'est ça que je demande à un roman de SF. Du vertige.

  • @ gmc: voilà un exemple de spam réussi (prenez-en de la graine, mon vieux):

    ALLAH A UN PLAN POUR VOUS


    Chers Bien-aimés,

    Je suis El-Hadja Alice Idris, d'origine Tunisienne. Je suis mariée à El-hadji Dr Idris TOYO, pour qui à travaillé à la Ministère de l'economique et des Finances en Tunisie pendant 8 ans avant sa mort ( que son ame se repose en paix. ) avant qu'il ne decède en 2003, Nous étions mariés pendant ONZE ANNÉES sans enfant, il est mort après une brève maladie qui a duré seulement QUATRE JOURS.

    Avant sa mort nous étions tous les deux Musulmans pieux, à sa mort que j'ai décidé de ne pas me remarier ou obtenir un enfant en dehors de mon mariage chose que defend le CORAN, du vivant de mon défunt mari, il a déposé un colis contenant la somme de USd $22.000.000 ( Vingt-deux Millions de Dollars Americain ) dans une Compagnie de Securité à Abidjan ici en COTE D' IVOIRE, actuellement cet argent est toujours avec la Compagnie de securité sous forme de colis bien scellé.

    Récemment, Mon Docteur m'a informé du fait que je souffrais d'une maladie du CANCER, LE MAL QUI ME DÉRANGE LE PLUS EST L'HYPERTENTION, ALORS J'AI SUIVI UNE OPERATION CHIRURGICALE il m'a dit que ça devais recidiver. Mais après avoir su mon état de santé j'ai décidé de donner ce fond à une Mosquée ou une personne qui craint Allah pour qui utilisera cet argent tel que je l'instruirais.

    JE VEUX QU'ON UTILISE CE FOND POUR LA PROPAGATION DE L'OEUVRE DE ALLAH, SOUS QUELQUE FORME QUE CE SOIT POUR LA CHARITE, AIDER LES PAUVRES ET BATIR UNE MOSQUÉE, UNE ECOLE CORANIQUE, UN HOPITAL UN ORPHELINAT, ET LE FORAGE D'EAU POUR LES ORPHELINS, POUR LA COMMUNAUTE LOCALE, VEUVE, VIELLE PERSONNE AGEE, ET LES PERSONNES VIVANT AVEC LE VIH SIDA, QUI NE PEUVENT PAS SE PERMETTRE DE PAYER LEUR SOINS, L'ECOLE ET LES DENREES ALIMENTAIRES.CETTE PERSONNE QUI UTILISERA CET ARGENT TEL QUE PREVU, AURA LA BENEDICTION D'ALLAH, MAIS S'IL VOUS PLAIT PAS POUR LA GUERRE, PARCE QUE LE QURAN DECLAIRE QU'EST BENIE LA MAIN QUI DONNE.

    J'ai pris cette décision parce que je n'ai aucun enfant qui pourra hériter de cet argent et les parents de mon mari ne sont pas des croyants, je ne veux pas que les efforts de mon mari soient dilapidés par des non-croyants. Je ne veux pas non plus une situation où cet argent sera employé dans les choses du monde; Voici la raison pour laquelle je prends cette décision, Je ne craint point la mort par conséquent que je sais où je vais, Je sais que je vais être dans le royaume des cieux, et Allah défendra ma cause et je demeurerai dans sa paix".

    Et je tiens à vous assurez que cette transaction est absolument sans risque et je crois que nous ne connaîtra jamais la défaillance dans cet projet inchaa Allah. Dès que je reçois votre réponse je vous envoyerai le contact de la Compagnie de securité ici à Abidjan, Je joindrai également une lettre d'autorité qui vous prouvera que je suis le bénéficiaire actuel de cet argent, Je veux que vous et votre MOSQUEE priez toujours pour moi parce que Allah soit toujours mon berger.

    Mon bonheur est que j'ai vécu une vie de digne Musulmane. Celui qui veut servir Allah doit le servir dans l'esprit et la vérité, Veuillez demeurer toujours dans la prière toute votre vie et veuillez me rassurer que vous agirez en conséquence comme je l'ai évoqué ci-haut, Tout en espérerant recevoir votre réponse.

    J'ai fait la connaissance de votre adresse de la conjoncture économique internationale et le commerce en Cote d'ivoire, dans mes récherches pour un Homme ou une Femme honnête, digne de confiance et craignant Dieu individu qui pourrait m'aider dans la mise en œuvre de placement comme à gauche pour moi et je vous à choisi parmit beaucoup d'homme pour accomplire la volonté de Dieu, Sil vous plait, ne perdez pas cette opportunité car vous serez le Béneficiaire de ma Caisse de Valeur qui se dans cette Compagnie de Sécurité pour le bien des Musulmans dans le Monde entier.

    Que Allah vous benisse et soit avec vous et votre Famille dans le nom de prophète Mohammed " sala allaho alihi wa salama. Repondez moi par mon email privé pour plus d'information ( aide_les_pauvres@yahoo.co.jp ).

    Votre Soeur en islam
    El-Hadja Alice idris

  • Unevilleunpoème a raison. Brrr.

  • Je n'ai pas lu le roman mais on voit clairement apparaître dans cette critique un lecteur de la phénoménologie (l'impasse de Husserl sur l'altérité dans les Méditations Cartésiennes ? ou même Merleau-Ponty ?). J'aurais probablement été aussi déçu que vous devant l'attente d'une bonne fiction traitant de l'identité (réelle et non logique), du Leib et du Körper, etc. et ce même en dehors des quelques insuffisances "scientifiques" du récit. Comment une Persona (une mémoire, un habitus (mnèsis)) peut elle se "coller" à un corps radicalement différent (cycle des respirations, mouvement, etc...), comment une conscience peut-elle encore ex-sister dans un autre "lieu" que celui qui l'a vu naitre sans en subir d'emblée de profonde altérations, comment l'intégrité d'une persona (d'une mémoire) peut-elle encore subsister devant la violence d'un tel changement, etc. etc. Cela aurait pu être la possibilité du développement d'une nouvelle naissance. Mais ce roman n'est finalement qu'un exercice de communication - certes parfois nécessaire - sur le dépérissement de la richesse biologique, en particulier des cétacés. Par ailleurs la motivation d'une telle expérience qu'est la transmnèse d'une femme en sursis réduite à une simple revanche sur la folie d'une société, cf d'un monde, m'apparaît tout de même un peu faible, très faible.

  • Quel long billet pour dire que tu n'a pas aimé... J'ai fait beaucoup plus court, mais malgré les nombreux attraits de ce livre, dont, finalement, j'étais très curieuse, je n'ai pas accroché...
    Trop condensé ?
    Un côté thriller qui brouille le reste du propos... Je n'en sait trop rien, mais j'ai été déçue.

  • Quel long billet pour dire que tu n'a pas aimé... J'ai fait beaucoup plus court, mais malgré les nombreux attraits de ce livre, dont, finalement, j'étais très curieuse, je n'ai pas accroché...
    Trop condensé ?
    Un côté thriller qui brouille le reste du propos... Je n'en sait trop rien, mais j'ai été déçue.

  • je viens de découvrir votre blog et l'ai complètement dévoré. Je vais avoir besoin d'un peu de temps pour bien assimiler le tout quand même.

  • Moi j'ai lu, et j'ai adoré. Certes, je ne suis pas un scientifique mais, à ma connaissance - comme le disait justement qqun ici - on n'a jamais essayé de transférer l'esprit d'une femme dans un cachalot. Tant qu'on n'aura pas essayé, JAD (comme vous dites si légèrement) n'est pas nécessairement dans le faux.
    Il me semble que certains esprits "scientifiques" disaient que l'homme ne survivrait pas à une vitesse supérieure à 35kms et, donc, que les trains à vapeur étaient dangereux...
    Avant la vapeur, on avait prédit que Paris disparaîtrait sous le crotin de cheval d'ici à 1900...
    Et, plus loin encore, un type a dit "aimez vous les uns les autres", on voit ce que ça a donné.

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