« Le lien insensible qui lie tes images les plus éloignées et les plus différentes, c’est ta vision. »
Robert Bresson, Notes sur le cinématographe.
Comme vous le savez peut-être, Joseph Vebret, le rédacteur en chef de La Presse littéraire, vient de lancer une nouvelle revue. Exclusivement consacrée au septième art, comme son nom l’indique, La revue du cinéma reprend le format, le rythme de parution (bimensuel) et une partie de l’équipe de l’ancien Journal de la culture… Confrontant comme sa grande sœur littéraire les « anciens » et les « modernes », ce premier numéro n’est pas totalement dénué d’intérêt, on y trouve même quelques textes de qualité, mais, comment dire, l’ensemble manque de cohérence – et d’ambition. Comme La Presse littéraire du reste, il semblerait surtout – sans doute est-ce là le fond du problème – que La Revue du cinéma soit orpheline d’un minimum de travail éditorial. Les textes sont à peine relus ; et les rédacteurs sont sélectionnés au petit bonheur la chance, non pour l’excellence ou la légitimité de leurs travaux, mais parce qu’ils ont un blog, ou simplement parce que le patron n’est pas trop regardant sur le contenu.
L’éditorial de La Revue du cinéma, chant d’amour un peu niais et hypersubjectiviste où Joseph Vébret avoue n’être « ni cinéphile ni cinéphage et encore moins un spécialiste pointu et chevronné du 7e art », et confesse « se vautrer […] devant une superproduction américaine, du genre de celles où le président des Etats-Unis, lui-même et en personne, sauve la planète, aux commandes d’un supersonique ou tout simplement à bord d’Air Force One… », laissait d’emblée craindre le pire. En effet, assumer ses goûts personnels comme il le préconise, ne nous dispense certes pas de poser sur l’objet de notre attention, un regard extrêmement critique… Dans une autre nouvelle revue – nettement plus professionnelle – Philosophie Magazine, dont l’ambition, nous dit son rédacteur en chef Alexandre Lacroix, est, « […] de concilier philosophie et journalisme » (ce qu’elle parvient à faire assez brillamment : si sa maquette évoque celle du magazine Lire, son contenu s’avère d’un bon niveau), nous pouvons lire ces mots incisifs de Frédéric Schiffter (auteur déjà rencontré dans les pages de L’imbécile) : « Grossir le petit pour rapetisser le grand, élever le bas pour abaisser le haut, faire exister le néant pour anéantir le réel, la grandiloquence, on le voit, se montre la meilleure des techniques de manipulation du langage pour conforter l’opinion largement partagée selon laquelle cultiver le sens de la hiérarchie dans le domaine des arts trahit une manie de réactionnaire ». Ainsi, apprécier un film pour des raisons souvent étrangères au jugement esthétique, ne saurait acquérir valeur d’argument. Qu’il me soit donc permis d’adresser une bonne paire de claques à certaine Adeline Bronner, dont chacune des critiques – et elles sont fort nombreuses – prouve l’incompétence. Hormis Truman Capote, qu’elle juge « fastidieux » (sa critique l’est tout autant, sinon plus), les productions les plus insignifiantes, les plus molles, les plus assommantes, trouvent grâce à ses yeux. Eh ! oh ! Adeline, ma donzelle ! au moins, tu aurais pu lire De sang froid avant de rédiger ta notule sur le film de Bennett Miller !…
Honte ? Jamais ! proclame Joseph Vebret. Précisément, j’ai presque honte de voir mon nom associé à tel naufrage. J’accepte volontiers de participer à la naissance d’une revue, avec les ratés et les cafouillages de convenance (quoi de plus normal ?), j'accepte aussi la variété des points de vue, des approches, et même des compétences, mais tant d’amateurisme, discrédite complètement une entreprise pourtant modeste. Si La Presse littéraire ne brille pas toujours par sa perfection, au moins bénéficie-t-elle de plumes de talent et de rédacteurs honnêtes, voire talentueux – ainsi lui pardonnons-nous les quelques papiers indigents qui ne manquent jamais de s’inviter. Hélas, les précieux ridicules sont trop nombreux (et prolixes) dans La Revue du cinéma, pour que l’équilibre vital soit atteint. Si l’on écarte un beau texte de Sarah Vajda sur Jean-Luc Godard (« L’absurde s’éloigne un instant : quand chacun de nous est, le sait, le subit, sujet d’Auschwitz et d’Hiroshima, quand le Capital a joué aux dés notre royaume et l’a perdu, nous demeure l’art […]. L’humanité est une patrouille perdue qui retrouve son chemin et sa voie sous le fléau de la beauté. Sidérés, caressés, branlés, nous jouissons, nous vivons, esprits et corps comblés. »), un article assez juste de Ludovic Maubreuil à propos de Steven Spielberg (« Spielberg est un cinéaste qui confond sans cesse pensée et idéologie, mise en scène et accumulations d’images, raison pour laquelle les rapports qu’il crée sont toujours, comme les instants de réflexion de ses personnages, maniérés »), une intelligente évocation de Possession, le chef d’oeuvre de Zulawski, par Marc Alpozzo (« Entre des hommes qui communiquent de manière décousue, chaotique, théâtrale, seul l’amour pour l’autre, et non pas le seul emboîtement des corps, sera l’objet de transcendance »), une excellente contribution (déjà publiée dans la NRF) d’Anthony Dufraisse sur « Cendrars à Hollywood », l’interview de Jean-François Stévenin Par Rodolphe Viémont et, j’espère, mon propre article consacré à Un couple parfait de Nobuhiro Suwa – plus, certainement, quelques pages que je n’ai pas relevées –, il ne reste alors de la revue que prose insignifiante et péroraisons désinvoltes.
Armand Chasle d’abord, inconnu au bataillon – et même de Google –, déblatère à tort et à travers, visiblement très content de lui, sur Munich et Le Nouveau monde. Il lâche à intervalles réguliers des sentences définitives seulement motivées par sa certitude d’avoir raison, non sans brandir au passage, sans aucune pertinence, quelques grands noms du cinéma. Ainsi le rôle de Matthieu Amalric dans Munich est-il « sans exagérer, le meilleur de sa carrière ». Pourquoi ? Mystère. Les personnages de Munich sont d’ailleurs comparés, tour à tour, à ceux de Allemagne année zéro, de Eyes Wide Shut et à ceux, forcément « mutants », de David Cronenberg, comme si citer Kubrick, Cronenberg et Rossellini suffisait à sauver Spielberg de la débâcle artistique. Et ce ne sont certes pas les explications données, trop brèves et désinvoltes, qui nous convaincront… Nous apprenons aussi que « le public français » (dont monsieur Chasle ne fait sans doute pas partie), est caractérisé par son « mauvais goût » ! Dommage, Armand : le public français est à peu près le seul au monde à se ruer vers les blockbusters d’Alain Guiraudie, de Béla Tarr ou de Guy Maddin… Chasle, d’autre part, n’a rien compris aux reproches – justifiés ou non – adressés par Emmanuel Burdeau, dans les Cahiers du cinéma, au dernier film de Terrence Malick. Burdeau, lui au moins, argumente. Bien moins pédant et assurément plus compétent, Burdeau exprime une certaine idée du cinéma, qui s’appuie sur une étude, parfois superficielle, parfois discutable, mais souvent judicieuse, de l’œuvre cinématographique comme expression formelle. Chasle me fait penser à Pierre Cormary : il ne manque pas de style, on prend même plaisir à le lire, mais à l’économie d’une patiente dissection, d’une mise à l’épreuve de ses hypothèses, il préfère l’affirmation péremptoire de ses perceptions subjectives.
Le Nouveau monde, soit dit en passant, fait l’objet d’un second article. Mais celui-ci est si mauvais, si mal écrit, que je préfère n’en point parler. Pauvre Terrence Malick ! Souhaitons seulement que son auteur, Enguerrand Guépy, soit expulsé manu militari des pages de la revue, sans quoi mes exhortations resteront peine perdue.
L’autre bonnet d’âne de ce premier numéro fort inégal, a pour nom Yann Boromus, l'animateur du blog Matière focale. Ce projectionniste lillois est l’auteur de textes aux titres impressionnants : « Munich, ta mère en short devant le stadium ! », « La trop pépère PME de Chabrol » et « Truman Capote, un film d’intention beau comme un tractopelle ». Tout un programme... Si Armand Chasle était en course pour le titre de critique néokantien de l’année[1] (catégorie fanzine), Yann Boromus, que l’on verrait bien cloué à un arbre comme son cousin Boromir, le bat finalement à plate couture. D’abord, cher Faramus, Scorsese, ne s’écrit pas « Scorcese ». Ensuite, il est inutile de répéter huit ou neuf fois le mot biopic dans un article, dont quatre dans la même page, pour exprimer son sentiment. Autre chose : d’où tiens-tu que les mauvaises copies ( ? ) seraient un « problème majeur franco-français » ?... Les articles de Boromus ne sont que d’interminables accumulations de jugements à l’emporte-pièce et d’assertions gratuites. Bon sang, mais bougres d’idiots ! lisez donc de vraies revues, dans lesquelles de véritables spécialistes éclairent les films de leurs lumières !
On comprend que le vœu de Joseph Vebret, de donner naissance à une « revue de référence », a toutes les chances de demeurer inexaucé, et on mesure, mortifié, quel incommensurable distance sépare La Revue du cinéma, de ses prestigieuses aînées tant décriées, Positif ou Les Cahiers du cinéma (et ne parlons même pas de Trafic ou Vertigo, qui ne visent certes pas le même public). Il manque à La Revue du cinéma un projet, une ligne éditoriale précise ou, du moins, affirmée. Dans son éditorial par exemple, Joseph Vebret aurait mieux fait de dégager quelque ossature de son improbable patchwork rédactionnel… Munich, Le Nouveau monde, Possession, Un couple parfait, Notre musique, sont étudiés sous un angle moral assez prononcé : il y avait là, ce me semble, matière à réflexion. Par ailleurs, le choix des films chroniqués dans le « cahier critique », est très discutable, de même que la présence en ces pages d’articles aussi inutiles, et maladroits, que celui qu’Eli Flory, par ailleurs pitoyable correctrice, consacre à Soudain, l’été dernier (encore une fois abusivement qualifié de chef d’œuvre). La Revue du cinéma ressemble à un assemblage hétéroclite de blogs ou d’éditoriaux inégaux et sans rapport les uns avec les autres, sans lien insensible, sans vision. La Revue du cinéma, n’a pas d’âme.
Allez, voici tout de même un extrait, avant sa mise en ligne intégrale dans quelques mois, de mon article consacré au beau film de Nobuhiro Suwa, Un couple parfait. « A l’optimisme béat du cinéma classique aussi bien qu’à la complaisance narcissique du cinéma post-moderne, Nobuhiro Suwa oppose une vision beaucoup plus juste et responsable : le bonheur durable d’une vie conjugale ne réside pas tant dans la vive lumière de l’instant – que l’on peut assimiler à une performance sociale –, que dans la pénombre quotidienne, celle, précisément – en vidéo Haute Définition –, où sont littéralement plongés les personnages, celle encore de l’inintelligibilité de certains dialogues. Le bonheur du couple, comme celui du spectateur de cinéma, ne se mérite qu’au prix de quelque effort – tendre l’oreille, scruter avec attention. Les rares mouvements d’appareil, aussi discrets et fonctionnels soient-ils, ne surgissent pas au hasard des obstacles : aux panoramiques du musée Rodin – qui en nous faisant partager l’émotion de Marie devant quelques sculptures très charnelles, offraient une bénéfique respiration au film comme à la jeune femme –, répondront à la fin du film les panoramiques qui tenteront de suivre, et de réunir, les deux membres du couple. Dans la nouvelle chambre louée par Marie, après une journée occupée séparément à arpenter les allées du musée Rodin et à dormir (Marie) ou à ne rien faire (Nicolas), la caméra s’extirpe lentement de sa coupable fixité et daigne enfin timidement porter son attention sur les êtres, comme si quelque grâce, même infime, était libérée. »
[1] Le critique néokantien, fort répandu dans la presse et plus encore dans la blogosphère, assène des vérités sans dévoiler ses critères d’évaluation.
Commentaires
Et "Terence Malick" s'écrit : Terrence Malick.
Pour le reste, tu te réveilles un peu tard.
Où ai-je parlé de "revue de référence" ? Ai-je dis que j'ambitionnais de lancer les Cahiers du Cinéma bis ?
Vous avez lu le contenu, relisez la 4è de couv, elle résume la ligne éditoriale :
"Ni guide ni vade-mecum du prêt-à-penser, éclectique dans ses choix et passionnée dans son approche éditoriale, la revue du Cinéma, ouverte à toutes les tendances, est donc nécessairement subjective. Elle a pour seule ambition de donner à voir et à revoir, sans a priori ni parti pris, le cinéma dans toutes ses formes et toutes ses composantes : être un lieu de passages et de convergences, à l’intersection de l’émotion, de la passion, des talents et du plaisir."
Quant à mon édito, qui n'en est pas un, vous sortez une phrase de son contexte... Et après ? Oui, lorsque je suis crevé, après une journée passée devant mon Mac, j'aime à me détendre en regardant une daube. Est-ce grave docteur ?
C'est une REVUE, un concept de revue, un positionnement de revue : des individus venant d'horizons différents qui contribuent. Ce n'est pas l'institut médico-légal du 7ème art, mais des individus qui écrivent avec leurs tripes, tout simplement, leur style, leur approche, leur point de vue... Et la gente féminine n'a pas été sélectionnée selon les critères que vous sous-entendez : j'ai tout ce qu'il faut à la maison, merci.
Nous avons déjeuné ensemble, je vous ai parlé de ce projet, je vous y ai associé. Que m'avez-vous apporté de plus que votre texte alors que vous auriez pu vous impliquer bien davantage à mes côtés ?
C'est un numéro 1, perfectible. Qui souffre d'un problème de relecture orthographique, j'en conviens. Mais à ce petit jeu de la faute d'orthographe, "Vebret" s'écrit sans accent... Merci.
La suite en privé.
Merci, Newbie, pour la correction. Voilà, par exemple, la différence entre un blog, où l'auteur est seul responsable de ses erreurs, et une revue, où celles-ci devraient être repérées.
Cher Joseph, merci, à votre tour, pour l'orthographe de votre nom - toutes mes excuses. Vous avez parlé de "revue de référence" dans une note d'intention envoyée à toute l'équipe, ou bien lors de notre déjeûner, je ne sais plus. M'impliquer davantage ? Je ne puis tout de même pas faire votre boulot à votre place, pour la beauté du sport... Je le répète : aimer le cinéma, comme l'aiment sans doute tous les rédacteurs de la revue, ne saurait suffire...
Nous poursuivrons cette discussion en privé, bien entendu.
Il n'est pas question de faire le boulot à ma place, mais d'être une force de proposition, donner des idées, mobiliser des auteurs, que sais-je encore... Ne pas faire d'amalgame entre la Presse Litéraire, qui a beaucoup évolué ces derniers mois, et une revue qui se lance. Et surtout, dès lors que vous faites partie de l'aventure, m'en parler avant de balancer sur votre blog, ce qui aurait été la moindre des politesses. De même que je ne peux accepter des affirmations du style : "parce qu’elles ont un cul bandant ou baisable, ou simplement parce que le patron n’est pas trop regardant sur la marchandise"...
Bien, Joseph, vous avez raison. Je retire cette phrase offensante de mon texte. Et vous prie de bien vouloir m'excuser. Pour le reste, voyons ça en privé.
Désolantes lectures. En découvrant ce site il y a quelques semaines, j'ai pu constater que des sujets intéressants y étaient abordés et des oeuvres passionnantes et souvent négligées ailleurs y étaient évoquées. J'ai eu le tort de penser que c'était là un endroit riche tenu par un individu respectable à l'esprit ouvert et à l'intelligence pénétrante. Cela dit, après quelques rapides lectures, je me suis rendu compte que la culture n'est ici, comme chez l'âne-sensio, Alpozzo et tant d'autres pompeux imbéciles, qu'un colifichet prestigieux destiné à masquer la petitesse morale et l'étroitesse de vision. Un instrument de domination et d'intimidation, et une autobrosse à reluire activée en permanence, avec comme corrolaires le mépris et l'aggressivité, comme le démontrent les réponses d'Asensio et du Transhumain à Axolotl sur ce même site. Je n'aurais jamais pensé lire un jour un journaliste dénigrer publiquement la publication qui fait appel à ses services. Que ses raisons soient valables ou non, là n'est pas la question. On ne démolit pas de l'intérieur ce que l'on a contribué à ériger, mais on essaie de faire changer les choses, et si ça ne fonctionne pas on prend le large, mais on ne balance pas des insanités et des allusions sexuelles sur celui qui vous a fait confiance. L'érudition ne préserve pas de la médiocrité. Utiliser la puissance d'internet pour déballer ce linge sale, c'est tragique, mais en bons Tartufes délivrer en sus des leçons de morale et d'intégrité, c'est risible.
Pierre Thomas, vous n'avez pas complètement tort, mais bonne ou mauvaise, si ma méthode est expéditive, elle n'a d'autre but, justement, que de bousculer une revue qui, sans cela, avait toutes les chances de s'enfoncer dans un train-train sans valeur ajoutée, sorte de blog imprimé vendu au prix de 14,50€. Quant au passage que vous incriminez, il était en effet injuste, et déplacé : je l'ai donc supprimé, et j'ai adressé des excuses publiques à Joseph, sur son propre blog... Aussi, votre intervention est-elle sans objet. Si vous préférez ne conserver de moi que l'image d'un odieux personnage sans scrupule, libre à vous, je n'en dormirai pas moins bien.
"Oui, lorsque je suis crevé, après une journée passée devant mon Mac, j'aime à me détendre en regardant une daube."
Sympa pour Madame ce qualificatif tout en délicatesse.
Ah ! non ! Newbie, vous n'allez pas vous y mettre, vous aussi !
Effectivement, l'incident est clos, inutile d'en rajouter...
It's was a joke, something for gentlemen.
J'aurai tant voulu aimer cette revue, mais hélas, comme dans l'autre de M Vebret, on y trouve de piètres collaborateurs, qui font les malins avec les oeuvres qu'ils critiquent, tout en se frappant les cuisses de rire à chaque fois qu'ils évoquent, dans leur blogs respectifs, la critique officielle, qualifiée à toute les sauces de "Bobo", "Gauchiste" ou autre. Pauvre revue vouée à l'échec car illisible et sans contenue.
Comme disait Skinhead O'Connor : "Don't fight the wrong enemyyyyyyyy !".
Monsieur le Transhumain, j'apprécie dans l'ensemble vos éructations sans concession, justes ou pas, l'énergie est bonne, bonne, bonne.
En ce qui concerne Yann Boromus, la condescendance manifestée, appuyée sur des arguments de mauvaises qualité, me semble trop poussée pour être honnête, trahissant à mon avis une impossibilité à s'autoriser de reconnaître valide une autre énergie. Une, qu'elle est pas du sérail de la critique "parisienne" et bédide-bourgeoise des mondanités impostrices auto-satisfaites que vous savez pourtant fustiger.
Mais je crois que vous vous mentez à vous même et que le fait de pointer si fort, péremptoire et si vachardement M. Boromus (vos attaques personnelles et patronymiques de cours de récréation, je crois fleurent l'impuissance à argumenter) révèle combien il vous est impossible de considérer la force et la justesse qui se trouve dans ses articles. Outre une question de milieu (les projectionnistes sont-ils des gens fréquentables?), je crois que ce qui doit vous blo(g)quer est l'impolitesse de son humour. Mais en vérité je vous le dis, faites vous des bisous.
PS: Bela Tarr, c'est vraiment un petit imposteur souillon, d'une prétention insupportable. N'est pas intuitif qui veut.
Enem, ce que vous écrivez, est évidemment caricatural, mais comme souvent, même si vous poussez le bouchon un peu loin, la caricature n'est pas totalement infondée... Vous remarquerez d'ailleurs, dans ce premier numéro de la revue, que deux articles citent le travail d'Emmanuel Burdeau, critique et rédacteur en chef des Cahiers du cinéma. L'un (sur Terrence Malick), pour le dénigrer en effet, et l'autre (le mien, sur Un couple parfait), pour appuyer une argumentation. S'il m'arrive, comme d'autres, de taper légitimement (et parfois abusivement, certes, mais il s'agit aussi de lutter, à une petite échelle, contre une position dominante) sur une certaine critique "officielle", je ne me prive jamais de citer en exemple le travail de critiques de valeur, comme le prouvent mes textes récents consacrés aux films de Hou Hsiao-hsien et de Skokourov. Cette posture grotesque (Godard c'est nul, Les cahiers sont des cons, etc.), est en effet un peu trop présente dans La Revue du cinéma, mais vous exagérez : il y a aussi, je l'ai dit (même si beaucoup n'ont retenu que les attaques), des textes de qualité.
Jean-Christophe, je regrette un peu, pour tout vous avouer, m'en être pris ainsi à des personnes peut-être charmantes, comme Boromus ou Guépy - et ne parlons pas de Joseph, qui est un homme fort sympathique -, mais mettons les points sur les "i". Certes, mes petites piques sur le nom de Boromus n'étaient pas très finaudes, mais enfin, quoi, elles n'étaient pas bien méchantes, surtout de la part d'un grand lecteur de Tolkien ! Quant aux projectionnistes, je les admire plus que vous ne paraissez le croire. Il me semble cependant que les critiques de Boromus trahissent un cruel manque de rigueur, l'énonciation de jugements de goût et non la recherche d'une dialectique, et une posture néokantienne (très répandue dans la critique, officielle ET amateure), que n'excuse pas cet humour auquel je serais, dites-vous, insensible... Je n'ai rien contre lui, seulement contre ses articles. Or sur ce dernier point, soyons indulgents - Boromus peut s'améliorer -, mais inflexibles. A lire votre affirmation gratuite, péremptoire, non argumentée et donc sans valeur, à propos de Béla Tarr - dont je n'ai vu que deux films, tous deux admirables -, je comprends que vous défendiez la désinvolture de Yann Boromus. S'il s'agit de distribuer les bons et les mauvais points, sans jamais énoncer clairement vos critères, vous pouvez écrire n'importe quoi, comme vous venez de le faire... Sur Les Harmonies Werckmeister, (re)lire ma critique : http://findepartie.hautetfort.com/archive/2005/09/23/les-harmonies-werckmeister-de-bela-tarr-%E2%80%93-pourquoi-le-monde.html.
Re,
Je pense que vous faites fausse route concernant avec M.Boromus, dont les critiques sont non seulement très très argumentées, mais mettent les "mains dans le moteur". Contrairement à la quasi intégralité des critiques (Thierry, si tous regarde !), Yann fait des films, ce qui lui permet une approche CONCRETE, parfois TECHNIQUE des films, qui me semble bien plus en prise avec la question de la création que les branlottages habituels de signifiant signifié, qui - castrant l'aspect formel des choses, les paramètres de mise en scène - relèguent le cinéma à un faire valoir thématique, tremplin à pérorer indéfiniment sur les seuls discours tenus, sociaux, sentimentaux, etc.
En cela, je persiste à penser que la démarche de M. Boromus est rare et complètement légitime, et que vous vous trompez ici de cible.
Quant à Pelle à tarte, ce que j'ai ressenti à la vision des Harmonies Werkmeister, fut une immense déception. La scène du café au début, où l'on rejoue le cosmos avec des pilliers de comptoir m'a fait espérer le meilleur du meilleur. Mais chemin faisant, j'ai vu le faisant pointer le bout de son groin, sans vouloir y croire. Il m'est dificile de démontrer, car tout cela fut ressenti, sans garantie mathématico-déductive évidemment. Bref, c'est splendide, joli, noir et blanc, contraste, tarkovskien. J'ai éprouvé un vide, que cela tournait à vide. Mais je m'en serait sans doute tenu au bénéfice du doute, si la bête, le cuistre n'était pas venu lui-même dissiper mes intérogations, dans un question réponse (c'était au St André des Arts, il y a quelques années) tout à fait insupportable, où les bobos dégoûtants s'en donnaient à coeur joie et surtout, où l'attitude de Bela est apparue au grand jour : d'une prétention incommensurable et d'un discours cinématographique de suiveur particulièrement faisandé. Mais peut-être n'était-ce pas son jour...
Mille excuses pour les fotes, j'ai tapoté trop vite. C'est mal. Pardon.
J.-C., vous confondez visiblement l'oeuvre, sa réception, et l'intention du réalisateur... Les questions des spectateurs, que ce soit au ciné-club de l'Arlequin, de l'Entrepôt ou même des écoles de cinéma, sont le plus souvent assommantes, et les réalisateurs ne brillent pas toujours par leurs talents d'orateurs... Dans les interviews, Sokourov m'agace souvent, parfois Cronenberg me déçoit, généralement Argento m'ennuie... et pourtant leurs films sont admirables, inépuisables : écouter le réalisateur, en un sens, revient à réduire son oeuvre au point de vue d'un seul spectateur. C'est pourquoi, la plupart du temps, je ne regarde jamais les "compléments" des DVD, making of divers, interviews, et je n'écoute que rarement les commentaires des réalisateurs. Ceux-ci sont fort utiles, pour comprendre un film se fait, du point de vue technique (sachez par ailleurs que les techniciens, font rarement les meilleurs critiques), mais en termes esthétiques, ils sont de peu d'importance.
Enfin, je ne vois pas du tout l'approche "concrète" que vous prêtez à Yann Boromus, qui s'amuse visiblement beaucoup à écrire ses articles, mais qui oublie au passage de construire un discours cohérent. Pour le dossier Spielberg, j'avais initialement prévu de donner à Joseph une version remaniée de mon billet consacré à La Guerre des mondes. C'était peine perdue : ce texte, tout à fait acceptable dans le cadre du blog, n'était pas suffisament sérieux, et surtout rigoureux, pour mériter d'être publié en revue. J'ai donc décidé de ne pas l'envoyer à Joseph... Eh bien, voyez-vous, j'ai l'impression très nette, que d'autres, dont Yann Boromus, n'ont pas eu les mêmes scrupules...
Je ne confond pas, mais vous avez raison de soulever la question et je suis d'accord avec vous sur ce point. Je ne confond pas, dans la mesure ou la petite séance puante n'a fait que confirmer ce que je ressentais intimement à la vision du film et de lui seul, sans vouloir l'admettre.
Sur la question des interview et autres bonus dividi, je signe à 100% ce que vous dites.
Quand à Yann Boromus, je pense qu'il n'a ni complexe ni scrupule à avoir, puisque sa démarche - qui ne consiste en effet pas tant en un exposé prétentieux de considérations vaines et universitaires, qu'en une réflexion brute et intuitive - se focalise sur l'impression, sur la sensualité visuelle et sonore d'un film, sur la mise en scène, le cadre, l'échelle des plans, la stratifictation parfois, le mouvement etc. DU CONCRET (bordel), puisque la création est concrète et intuitive et sensible. Alors le discours, passez moi l'expression, mais on s'en beurre tout de même un petit peu la raie. Peut-être ne le voyez vous pas? Faites vous des films?
Bonsoir,
Sans vouloir envenimer le débat, juste dire que j'ai aimé chez Boromus sa façon très personnelle d'aborder le cinéma, son ton décalé et passionné, son côté un peu provoc et certaines trouvailles qui me font hurler de rire. Il écrit comme il pense, tel qu'il ressent les choses, loin de tout académisme, sans se poser d'autres questions que son ressenti et ses intuitions. J'ai lu, j'ai aimé, j'ai publié. C'est tout, simple et basique. Et, afin de conserver l'authenticité de la démarche, j'ai à peine rétravaillé ses textes afin que la forme ne l'emporte pas sur le fond... Il a toute sa place dans cette revue, du mois, tel que je la conçois : ouverte, écléctique, passionnée, décalée. Idem pour la plupart des autres contributeurs.
Assassinat en règle d'un bimestriel dix jours à peine après sa sortie, ce sur des critères sociologiques et 'ad hominem' parfaitement contestables... Y a-t-il là-dessous quelque intérêt personnel qui s'avance masqué? Projetez-vous de lancer vous-même votre propre revue? Ne pouvez-vous vous grandir que de conspuer vos coécrivains (car c'est bien d'écriture qu'il s'agit dans certains articles de gens qui ne sont pas du sérail que vous considérez comme vôtre et qui fourmillent d'énergie et d'intelligence), comme s'il n'y avait que votre seule façon (finalement assez traditionnelle) d'écrire, de penser, de sentir le cinéma?
J'ai acheté "la revue du cinéma" (un peu chère quand même, monsieur l'éditeur, si tu nous écoutes), l'ai aimée à des degrés divers (il y a toujours des nuances que l'on préfère dans un concert), et j'ose espérer que d'autres "revues de presse des revues" auront un sens un plus aiguisé du compte-rendu critique, et seront heureuses de voir qu'en marge d'une certaine critique traditionnelle qui passe son temps à s'auto-légitimer foisonne tout une écriture d'amoureux, de spectateurs, de faiseurs de cinéma, bref, de gens qui ne s'appelleraient sans doute pas eux-mêmes des artistes ni des écrivains (laissons ce goût du chic à ceux qui ne se payent que de titres), mais qui en ont l'ultime grâce rigoureuse, seul critère à mes yeux.
Oui, j'ai aimé "La revue" et qu'un article soit signé Marcel Duchmoll, amoureux, spectateur et faiseur de cinéma dont la plume exhale une insolente maîtrise de l'énergie dans l'analyse ou Y.Z, collaborateur régulier des 'Cahiers' et auteur d'une thèse intitulée 'Evanescence/naissance du temps dans l'oeuvre de Wong Kar Waï' me trouble autant que le destin de ma toute première crotte de nez.
Shakespeare savait, dit-on 'little Latin and less Greek'... Quel piètre CV comparé à celui de ses contemporains lettrés! Et, oui, l'énergie créatrice s'agite et se révèle en marge du sérail et, comme l'amour de la bohémienne, est un oiseau bien rebelle qui résiste à vos risibles tentatives d'empaillement.
J'attends avec gourmandise le numéro 2. Longue vie aux concepteurs pour cet opus, perfectible bien sûr, mais pas si courant dans le paysage balisé de la presse française.
Jean-Christophe, enfin, que dites-vous ?!? Le discours, on s'en fout ? Alors tournez-vous vers Jean-Luc Godard, dont les "Histoire(s) du cinéma" étaient une forme cinématographique de critique, la seule qui saurait vous satisfaire ! Une revue n'est que discours, interprétation, critique : tout son intérêt, réside donc dans la restitution des films par les rédacteurs... Que X ait aimé ou pas tel film, je m'en contrebalance : seules m'importent les raisons de cette appréciation, à condition, évidemment, que celles-ci soient exposées selon des critères définis et observables, non sur une émotion par définition strictement subjective. Voilà ce qui devrait, en principe, distinguer une critique sérieuse, d'un compte-rendu de blogueur...
Chère Yalda, je ne remettrai certes pas en cause votre appréciation de la revue, qui vous appartient. J'ai eu tort, j'en ai conscience, de critiquer la revue sans en référer d'abord au rédacteur en chef. Cela dit, il ne s'agit pas d'un "assassinat en règle" mais bien de critiques (atténuées tout de même, je le rappelle encore, de félicitations adressées à plusieurs collaborateurs !) formulées sur un blog qui, s'il attire des visiteurs de plus en plus nombreux, ne saurait décider, vous en conviendrez, de la vie ou de la mort d'un livre, d'un film... ou d'une revue. Nul intérêt masqué, ma chère ! sinon l'envie, le besoin, de faire de cette revue quelque chose dont je sois fier, ce qui n'est pas vraiment le cas et je le regrette, avec ce premier numéro. Sur les attaques ad hominem, j'ai rapidement adressé mes excuses, sincères, à Joseph, et modifié mon texte en conséquence. Voilà ce qu'il en coûte, de se lâcher à deux heures du matin...
Cher Joseph, merci de votre intervention. Je sais que vous appréciez vos collaborateurs, et c'est heureux ! En ce qui me concerne, j'espère simplement que les articles de Yann Boromus - pour ne parler que de lui - feront un peu moins la part belle à l'esbrouffe et au bon mot (il me semble que sa prose n'est pas suffisamment brillante pour s'en contenter). Le ressenti, les intuitions : précisément ce qui occulte trop souvent, dans la presse comme sur le Net, l'analyse méticuleuse de l'oeuvre... En fait, à bien y réfléchir, ce n'est pas tant la coexistence de nos articles qui me gêne - voilà qui devrait vous réconforter -, qu'un déséquilibre flagrant en faveur d'une approche, disons potache, du cinéma (voir plus haut). Enfin, et vous l'écriviez vous-même dans votre éditorial, vous êtes bon public. Ce qui vous empêche, le moment venu, de foutre un coup de pied au cul de Boromus (ou au mien !) si nécessaire. Vous êtes trop gentil Joseph. Faites donc comme Jean-Paul Rouve dans Podium : soyez OFFENSIF !
Néanmoins, étant aujourd'hui d'une humeur radieuse (profitez-en : je redeviens Transhumain dans une minute trente), je vais conclure avec les mots de jean-Claude Dunyach, auteur de quelques unes des plus belles nouvelles de science-fiction qui soient : je vous poutoune.
Oui en effet. Je pense que la seule façon de parler, de rendre compte d'une oeuvre d'Art, c'est de faire une oeuvre d'Art. Alors Godard oui. Tout le reste est vain. Mais ce qui vous a semble-t-il échappé, c'est que Yann Boromus, au style échevelé et mal poli - peu polissé puisque complètement en dehors de la compétition des Kritiques, preneurs de poses sur la ligne de départ et étirant leur membre au maximum pour en donner bonne mesure - Yann B. donc fait oeuvre. Et ça, ce n'est pas du tout le même sport.
Le discours, dont je parle et dont je me fous, c'est précisemment celui qui se prend au sérieux, avec des airs de diva du dancing et perd son temps à tripotter du thématique et du psychanalitique au lieu de discuter de FORME. Ca y est, le gros mot est laché. Quoi qu'il en soit, Les textes de Y. Boromus sont en ce sens une vrai leçon, et d'humilité, et de pertinence, et de pudeur.
Je vous salue poliment, depuis l'autre rive.
Très honnêtement, Monsieur, si certaines fesses doivent être bottées, il me semble que ce sont plutôt les vôtres (et non celles des personnes que vous mettez en cause nommément pour des raisons qui ne sont pas intellectuelles mais liées au souci de prserver une position critique traditionnelle et dominante (c'est classique et compréhensible) et auprès desquelles vous ne vous êtes jamais excusé, non content de rajouter couche de mépris sur couche de mépris sans jamais argumenter). Mais je ne me proposerai pas pour cette tâche peu gratifiante.
Peut-être le ton péremptoire de ces critiques auto-légitimantes dont les vôtres sont l'illustration parfaite, de ces critiques dont l'érudition artificielle exhibe le vide qu'elle croit masquer, aura-t-il alors vécu?
'Potache' contre 'spécialiste'... Je n'en crois pas mes yeux!!
Dieu que c'est triste! Comme si on ne pouvait être l'un ET l'autre!
Ce qui ressort des articles 'potaches' de la revue, comme vous dites, c'est justement cette ambition de faire bouger les frontières, et de les faire bouger DANS l'écriture et EN écriture, que vos articles n'ont malheureusement pas, trop occupés qu'ils sont à sécuriser ces frontières entre les discours, qui les sclérosent et atrophient la matière même de l'écriture et du cinéma.
"Etre, c'est être tout", disait-il, cet écrivain que je ne nommerai pas pour mettre fin au name-dropping que vous prisez.
Rien qui soit de l'ordre du 'j'aime' ou 'j'aime pas' sans justification dans les critiques que vous incriminez, mais un souci d'inventer une pratique d'analyse subjective là où ne règne généralement qu'un discours vaguement métaphysique qui emprunte deux ou trois termes savants à l'analyse pour occulter complètement l'objet cinéma lui-même. Et, ce souci d'inventer une pratique d'analyse subjective n'est ni kantien, ni post-kantien, etc.
C'est juste intelligent. Et, de l'intelligence gratuite, modeste et innovante, à l'oeuvre dans le tremblement du discours et dont c'est le seul salut possible, et bien, ça fait du bien.
Yalda, vous ne comprenez rien à rien, c'est lassant. Plutôt que des miennes, fort délicates, occupez-vous de vos propres fesses qui, si vous persistez, risquent d'être maltraitées de façon peu amène - tremblement des chairs contre tremblement du discours. M'excuser auprès de qui, ma gourde ? Boromus ? Ah ! Que lui s'excuse de ses critiques indigentes, plutôt ! Cessez donc de caqueter à tort et à travers, et retournez vous pâmer devant la géniale prose de votre protégé.
Jean-Christophe, l'étude de la forme, oui, c'est justement ce qui manque aux critiques que vous appréciez. Mais pour vous, ce ne sont que des mots, une manière de vous faire valoir en société. Ah ! ma bonne dame ! la forme !... Lisez donc mon étude de Ténèbres, ou les analyses de Spider et eXistenZ par mon ami Sébastien (colonne de gauche). La forme, mon cher, n'est qu'une manière de montrer, de donner à entendre, d'agencer, pour produire du sens (esthétique, politique, philosophique...). C'est le travail du critique que de mettre à jour ces relations, cette "dialectique", même si le terme, pourtant adéquat, horripile Armand Chasle dans la revue. Ce qui nécessite, que vous le vouliez ou non, une certaine connaissance de la technique, mais aussi de la théorie. Méconnaître les travaux de Metz, Bazin, Deleuze, Mitry, n'empêche évidemment pas d'apprécier un film - pas plus que de n'y rien entendre en focale ou profondeur de champ -, mais compromet dangereusement les chances de réussite du critique. Je vous conseille, pour une meilleure compréhension du discours critique, la lecture de l'ouvrage "Qu'est-ce qu'un bon film ?" de Laurent Jullier, aux éditions La Dispute.
Relisez donc aussi le récent billet de Boromus sur "Le Soleil" de Sokourov, sur son site Matière focale : il ne cesse, comme dans la revue, de balancer des opinions gratuites sur le ton du bon sens populaire. J'y lis, par exemple : cette idiotie :
"Dans la représentation factice et encore une fois, trois fois hélas même, artisanale de "là-bas" comme disait la poétesse au destin glacé et même frappé, allez hop, un petit jeu de mot, ça ne fait de mal à personne. Pour ça, je conseille un film asiatique, n'importe lequel, de préférence chinois, ou un machin sri lankais."
Preuve éclatante que Boromus ne s'intéresse pas à la forme mais à son seul goût personnel. Quoi de plus différent en effet, entre un film de Hou Hsiao-hsien, un autre de Wong Kar-wai, et un troisième de M. Oshii ?... Qu'est-ce qu'un "machin" sri-lankais ? Un passage comme celui-ci (pris au hasard parmi des dizaines d'autres, dans le même article), alignement faussement truculant de calembours et interjections qui dispensent leur auteur de construire un discours rigoureux, aurait vite fait, dans une revue sérieuse, de discréditer son auteur pour longtemps.
Yalda,
Merci pour votre soutien.
Je souhaiterais m'entretenir avec vous en privé: vebret@gmail.com.