« You're alone in the pack
You're feeling like you wanna go home
You're feeling life's finished, but you keep on going
The reason is there
You won't find it till you've been and gone cos you're living a hoax!
Someones got you sussed!
Dull your brain, or seek inspiration
You feel illusion, and then you finally say transfer
Transform a machine, to play with your head
So you can stand back and watch, or take part and learn
If you don't know the game, then you're still part of it
Because out on the streets it's strange
To see the show
Knowing full well that you're on the range
Dodge the bullets ! or carry the gun, the choice is yours
Look at the controller
A Nazi with a social degree
A middle-class hero
A rapist with your eyes on me
Increase your masturbation, three cheers for the nuns you fuck
You'd wipe out spastics if you had the chance, but Jesus wouldn't like it
No »
Killing Joke, « Pssyche »
Vendredi 26 et samedi 27 septembre, Killing Joke retrouvait son line up originel pour deux concerts au Trabendo, l’un – très punk, m’a confié Sébastien W. – consacré aux deux premiers albums, et l’autre, auquel j’ai donc assisté, placé sous le signe de Pandemonium, leur fameux album indus qui me les avait fait découvrir en 1994 ou 1995. Je crois que je n’étais pas retourné au Trabendo depuis la courte – mais non moins mémorable – prestation de Godflesh en novembre 2001, en première partie d’un Devin Townsend que j’avais d’ailleurs fui dès les premières mesures, goûtant assez peu son métal tendance heavy.
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Prévoyant une forte agitation dans la fosse, Sébastien et moi nous postons contre une rambarde, en surplomb, sur le côté gauche de la scène. Idéalement placés, nous n’en bougerons pas. J’ignore où est Stéphane – nous nous retrouverons plus tard. La foule se rassemble tranquillement. Tandis que je prépare mes filtres auditifs, qui me permettront de jouir sans entrave de la musique, aussi barbare soit-elle, sans pour autant devenir sourd, Sébastien serre une main émue à Geordie Walker, le flegmatique guitariste du groupe.
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C’est Treponem Pal qui assure la première partie. Marco Neves concentre l’attention des spectateurs, mais, ô surprise, je crois reconnaître à la batterie l’immense Ted Parsons, batteur historique des Swans, que j’avais déjà vu deux fois auparavant, d’abord avec Godflesh au Trabendo, puis avec Jesu en 2006 au Point éphémère. Son jeu est monstrueux – une vraie machine. C’est Parsons qui a récemment découvert le corps sans vie de Paul Raven – bassiste de Killing Joke, Prong, Godflesh, Treponem et Ministry –, auquel Marco Neves, comme une heure plus tard Jaz Coleman, rend hommage ce soir. Les Treponems jouent un set très correct, dominé par leur excellent « Pushing you too far », tiré, comme trois autres titres, de leur album Excess & overdrive sorti en 1993. Du travail bien fait donc, mais un peu trop prévisible : rien de commun avec le groove supersonique que Jaz Coleman et sa troupe d’élite s’apprêtent à faire déferler sur la salle…
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À l’entracte, j’observe un jeune roadie qui décapsule avec aisance une demi-douzaine de bouteilles de bière sur le rebord métallique d’une malle. Un autre dépose sur scène les deux Gibson de Geordie Walker. La fosse se remplit.
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Je le sens bien, ce concert.
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Enfin les musiciens entrent en scène. Revêtu d’un habit de travail gris et, sous sa tignasse noire, arborant une peinture guerrière, Jaz Coleman paraît en forme. Youth, le bassiste, a l’air à son aise lui aussi. Et Geordie, clope au bec et litron de rouge à la main, donne quant à lui l’impression d’être complètement dans le cosmos, mais ça ne l’empêchera pas de déclencher ses riffs inimitables sans faiblir, avec une efficacité inouïe. D’ailleurs, quand « The Hum » démarre, sauvage, férocement indus – le titre date pourtant de 1982 –, j’entre immédiatement en transe, agité de soubresauts qui, en d’autres lieux, pourraient me conduire à l’HP. « Change », « Love like blood », « Eighties » font de moi leur pantin cosmique, mais « Pssyche » me transforme littéralement en machine de guerre épileptique – mes poings déments martèlent la rambarde au rythme tachycardiaque imposé par Ferguson, dont la puissance n’a rien à envier à celle de Ted Parsons. Je retrouve ce soir la folie furieuse des tout meilleurs concerts, ceux qui vous happent, qui vous entraînent dans leurs enfers électriques. Godflesh, Godspeed You Black Emperor !, Zorn, Laswell, Frith & Lombardo, Jesu... Toujours dans des petites salles. Sauf The Cure, il y a une dizaine d’années au Zénith (incroyable « One hundred years », qui vous achève plus sûrement qu’aucun char d’assaut). Et Killing Joke est monstrueux ce soir. Toutes leurs périodes, post-punk, new wave, indus – fondues en déflagration rituelle. Sans répit les assauts s’enchaînent, nous dévastent, jusqu’au « Wardance » final qui nous atomise et nous laisse pantelants, avec, aux lèvres, le fameux sourire qui tue.
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Plus tard, revenus au calme relatif d’une brasserie des environs – Stéphane et Sébastien sont aux anges –, nous croisons Jaz Coleman et sa bande. Pendant que nous descendons quelques pintes de bière danoise, notre héros de la soirée, presque gêné d’être reconnu, sirote un Coca Light.
Jaz Coleman : Vocal
Geordie Walker : Guitar
Youth : Bass
Paul Ferguson : Drums
Reza Udhin : Keyboard