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peinture

  • Amedeo Syndrome

     

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    L'ami Pierre Cormary évoquait l'an dernier la grande exposition Modigliani qu'accueillit en 2003 le Musée du Luxembourg. Ce fut également, pour mademoiselle N. et moi, une expérience esthétique inouïe. Les portraits de femmes surtout, et les nus, d'une incomparable sensualité, sont stupéfiants. Quoi de plus normal, contemplant la Fillette aux yeux bleus ou le Nu blond, que d'être aspiré par la toile, le temps d'une épiphanie ?

    Dans ces figures féminines, Pierre pense avoir reconnu des apparitions sacrées de Marie. Il n'y a, a priori, aucune raison qu'un mécréant de mon espèce y voie semblable métaphore. Et cependant, reconnaissons que les portraits du maître ne sont pas sans présenter de troublantes ressemblances avec les icônes orthodoxes (l'ovale du visage, la chevelure qui forme comme une première auréole, l'inclinaison de la tête...). Serions-nous alors les enfants de ces multiples vierges ?

    Les femmes chez Modigliani, et leur bistre chaleureux, ont en tout cas quelque chose de maternel, peut-être parce que leur visage ovale semble d'abord, via un cou ombilical (voyez ce portrait de Jeanne Hebuterne au chapeau, ci-dessus, où ce cordon s'étend encore avec le bras), prolonger l'arrondi des seins, des hanches ou des fesses : matrice aux yeux-miroirs en aplats qui suggèrent moins le vide que l'infini, les possibles du regard (d'une vie qui pour n'être pas née, est encore à venir).

     

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