Virginie Ledoyen, dont je suis jadis tombé amoureux en visionnant La Cérémonie puis La Fille seule avant que sa carrière ne prenne un tour plus chaotique, traverse le dernier film de Benoît Jacquot, Les Adieux à la Reine, comme l'incarnation même de l'objet du désir, dans la peau de Gabrielle de Polignac. Nous ne la regardons pas avec les yeux brûlants de Marie-Antoinette (Diane Kruger, parfaite) mais avec ceux, envieux et jaloux, de la lectrice Sidonie Laborde. C'est d'ailleurs cette dernière (Léa Seydoux, incroyable de présence) qui nous trouble par sa jeunesse et sa sensualité. Polignac/Ledoyen et sa somptueuse robe verte ne sont qu'une icône, splendide et hautain symbole des forces dont le film est tissé, à la fois politiques (si Léa est le peuple d'en-bas, elle est l'aristocratie inaccessible mais au bord du gouffre) et désirantes (dernier maillon de la chaîne passionnelle formée avec Sidonie et Marie-Antoinette, la duchesse de Polignac ne semble, elle, rien tant désirer que son ambition et sa propre survie). Formidable moment de cinéma que cette inversion finale de la duchesse et de la servante, passage de témoin d'une muse à une autre et allégorie du basculement révolutionnaire.