Le rite selon Confucius par Alexis Lavis (17/04/2019)

Dans cette autre brillante conférence, prononcée au cours d'un colloque franco-japonais à la Fondation Sasakawa, Alexis Lavis (auteur de La Conscience à l'épreuve de l'éveil, une lecture et traduction du Bodhicaryavatara de Shantideva) évoque l'expérience de la forme en particulier à travers l'idée confucéenne du rite non comme forme vide ou comme simple ornement, mais comme art ou médiation poétique qui, à qui sait mettre son "moi" en retrait, ouvre un espace d'habitation laisse apparaître un monde. La spiritualité, dit le sinologue, a hélas trop tendance à nous faire planer. C'est que, pour notre conférencier, l'homme se doit de rester à sa juste place, "au milieu", à un niveau intermédiaire "ni trop haut, ni trop bas". Or le rite, pour Confucius, joue précisément ce rôle de mise en forme nécessaire à l'occupation de cet espace :

« Celui qui ignore les rites, écrit le philosophe chinois dans Le Livre des rites ici cité par Alexis Lavis, ne sait ni où il doit mettre les mains et les pieds ni où il doit appliquer les yeux ou les oreilles ni quand ni comment il doit avancer, se retirer ou saluer. Quand les rites font défaut, les différents âges sont confondus, les trois classes de la parenté ne se comprennent plus, les maisons des femmes et des hommes se brouillent. Les maisons et les bâtiments n’ont plus de dimensions, les mesures ne signifient plus rien, les mets sont sans rapport aux saisons, la musique n’a plus de caractère, les moyens de transport n’ont plus de rapport à leur usage propre, et alors les esprits quittent le monde et la douleur est insensée. »

Il s'agit bien d'une folie, d'une dé-raison, qui est aussi une forme de déréliction, tant il est vrai que, toujours selon Confucius cité par Lavis :

« L’offrande rituelle faite au ciel et à la terre dans la campagne et celle adressée aux esprits du lieu sont un acte d’amour envers le monde ; les offrandes faites en automne et en été dans le temple des ancêtre sont un acte d’amour envers les parents défunts dont les tablettes commémoratives sont disposées comme il convient, au nord et au sud ; les cérémonies du tir à l’arc et des fêtes du canton sont le témoignage de l’amour qui règne entre les habitants d’un même lieu – les repas et les présents rituels offerts au visiteur sont encore et toujours des actes d’amour. »

 

Gasshô.

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